Les récoltes céréalières soumises au contrôle de qualité
Les directions des services agricoles ont entamé les opérations de contrôle et d’évaluation de la qualité des récoltes céréalières touchées par les aléas climatiques, soit la sécheresse et les précipitations qui ont affecté plusieurs wilayas du pays aux mois de mai et de juin derniers.
L’opération qui est déjà en cours cible lesdites récoltes qui ont été placées dans des entrepôts de stockage spécifiques, avant de subir un contrôle de qualité immédiat par les techniciens locaux. Le ministère de l’Agriculture a également mis en place une commission nationale chargée d’effectuer des analyses différées des récoltes en question. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre de la stratégie nationale d’amélioration de la qualité de la production céréalière algérienne par la création de critères de conformité aux normes permettant un approvisionnement fiable des industriels nationaux. « Seule une qualité irréprochable des céréales est un moyen fondamental afin d’ancrer l’approvisionnement local des transformateurs », a expliqué un des contrôleurs chargés de l’opération. Un ancrage à même de contribuer à la réalisation des objectifs de réduction de la dépendance aux céréales importées. Il s’agit également d’ancrer de nouvelles pratiques en matière de céréaliculture au sein des producteurs appelés à cultiver des variétés conseillées par les transformateurs, mais aussi le respect d’un certain parcours technique. Les céréaliculteurs devront ainsi garantir une bonne qualité de la production par la maîtrise de la fertilisation azotée, mais aussi assurer désherbage irréprochable pour réduire le taux d’impuretés causé par les graines de mauvaises herbes. « L’organisme de collecte a sa part dans la politique de la qualité en assurant la traçabilité des lots depuis le champ jusqu’au moulin du transformateur », a fait savoir notre interlocuteur. Cela nécessite des procédures de prises d’échantillons sur les livraisons de grains à l’entrée des silos avec des analyses immédiates et différées, des barèmes d’agréage adaptés ainsi qu’une disponibilité en cellules de stockage permettant un ballottement correct », ajoute-il. Pour ce qui est du transformateur, sa participation à une politique de qualité intervient dans la définition d’un cahier des charges. En l’absence actuelle d’organisation des céréaliers et de politique qualité de la part des organismes de collecte, il revient aux transformateurs de jouer le rôle de chef d’orchestre. Actuellement, certains ont monté des réseaux d’agriculteurs qui sont suivis techniquement. Il leur est ainsi proposé un choix variétal particulier, de même qu’une protection phytosanitaire de la culture. Il s’agit aussi de l’introduction de nouvelles techniques pour réduire la dépendance à l’agriculture pluviale en matière de céréaliculture, et encourager le recours à l’irrigation. Puisque les experts en la matière, s’accordent sur le fait que le drame de l’agriculture algérienne est de devoir semer la presque totalité des cultures à l’automne, c’est-à-dire au début de la période des pluies. Il est difficilement imaginable de semer des cultures de printemps comme en Europe sauf en recourant à l’irrigation. Par conséquent, l’automne est caractérisé par une pointe de travail liée au labour, aux opérations de préparation du lit de semences puis au semis proprement dit. En matière de grandes cultures, en Algérie, tout est joué en automne. C’est ce qui justifie selon eux le recours à la technique du semis direct. Testé et développé depuis plus de 15 ans dans des pays voisins comme la Tunisie, le semis direct permet d’assurer une stabilisation des rendements céréaliers en année sèche.
Il faut dire que l’Algérie entend porter sa production de blé à 9 millions de tonnes de blé à l’horizon 2025. Un objectif qui s’appuie sur l’élargissement des surfaces destinées à la céréaliculture, notamment par le biais de l’agriculture saharienne, mais aussi l’augmentation des rendements via le recours à l’irrigation et aux fertilisants, avec pour finalité parvenir à garantir une certaine autosuffisance à cette échéance.
Sofia Chahine