Vague d’autodafé du Coran : Le Danemark regrette des actes intolérables
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf a reçu un appel téléphonique de son homologue du Royaume du Danemark, Lars Lokke Rasmussen pour discuter de la préparation de la 20e session de la Conférence ministérielle des pays africains et pays nordiques devant se tenir à Alger du 16 au 18 octobre 2023, sous le thème « Renforcement du dialogue sur la base des valeurs communes ». L’occasion d’ailleurs d’évoquer la vague d’autodafé du Coran au Danemark et en Suède.
Le ministre danois des affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, a exprimé, hier, dans un appel téléphonique à son homologue algérien, Ahmed Attaf, « ses regrets et excuses pour la vague criminelle d’autodafé du Coran ». C’est ce qu’a annoncé, hier, dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. Ahmed Attaf a eu un entretien téléphonique avec son homologue du Royaume du Danemark, Lars Lokke Rasmussen, à travers lequel ce dernier a tenu à présenter les « regrets et excuses » du royaume du Danemark à propos de la vague criminelle d’autodafé du Saint Coran devant les ambassades de pays musulmans, y compris l’ambassade d’Algérie à Copenhague. Lars Lokke Rasmussen qui a « qualifié ces actes d’intolérables et d’inacceptables » a estimé que ces actes « étaient intrinsèquement contraires aux traditions d’accueil, d’ouverture et de tolérance qui sont solidement ancrées dans la société danoise ». Le même communiqué ajoute que le ministre danois a informé Attaf que « le gouvernement de son pays finalise aujourd’hui le texte de loi devant mettre fin à ces pratiques inqualifiables ». « Le Parlement sera saisi de ce projet de loi dès la reprise de sa session dans quatre semaines » a assuré Lars Lokke Rasmussen. Pour rappel, l’Algérie avait convoqué, le 24 juillet passé, les représentants diplomatiques du Danemark et de la Suède afin de protester contre des profanations du Coran à Copenhague et Stockholm et a fermement condamné « ces actes immoraux et inciviques qui visent tout ce qui est sacré pour les musulmans partout dans le monde ». A rappeler que les 21et 24 juillet passé des membres d’un groupe d’extrémistes ont brûlé un exemplaire du Coran devant les ambassades irakienne, iranienne, égyptienne et turque à Copenhague. Les mêmes actes avaient été perpétrés également en Suède. Les deux pays avaient alors invoqué la liberté d’expression minimisant ces attaques contre l’Islam et les musulmans du monde.
Plusieurs manifestations ont été enregistrées à travers plusieurs pays musulmans pour protester contre le laisser faire des deux pays. Le Danemark qui compte un peu plus de 260.000 musulmans ne souhaite pas « fâcher » les pays musulmans s’est vu contraint de réfléchir à un moyen d’intervention tout en respectant la liberté d’expression consacrée par la constitution et promet de « mettre fin » à ces pratiques. Ces actes avaient suscité de vives réactions de nombreux pays musulmans et la question a d’ailleurs été à l’ordre du jour de la réunion d’urgence de l’Organisation de la coopération islamique tenue en début du mois de juillet passé. La Suède qui avait jusque-là observé une posture indulgente face à ces actes a fini par condamner ces profanations après les tensions diplomatiques mais persiste cependant à avancer l’argument du « droit constitutionnel à la liberté d’expression ». Ce n’est qu’en début du mois d’aout qu’une réaction s’est fait connaître de la part du premier ministre suédois Ulf Kristersson qui a annoncé l’intention de son pays d’intensifier ses contrôles aux frontières intérieures. « Les personnes avec un lien très faible à la Suède ne devraient pas pouvoir se rendre en Suède pour commettre des délits ou agir contre les intérêts » de ce pays en matière de sécurité, a déclaré Ulf Kristersson lors d’une conférence de presse. Un faux fuyant qui ne risque pas d’atténuer des actes perpétrés contre la reglion musulmane sous couvert de liberté d’expression. Lors d’une réunion de l’OCI, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger s’est interrogé sur l’essence de la liberté d’opinion et d’expression qui « doit être exaltée, elle qui est détournée pour provoquer les sentiments des autres, attenter à leurs croyances et valeurs, et profaner ce qui leur est le plus sacré », et sur « cette liberté d’opinion et d’expression qu’on nous demande de respecter sans réserve aucune, alors qu’elle sert de prétexte pour raviver la haine et nourrir le racisme, la discrimination et la marginalisation, et pour propager des messages de confrontation et de conflit ». Attaf s’est, en outre, interrogé sur « cette liberté d’opinion et d’expression à laquelle on nous impose de s’attacher, alors qu’elle divise au lieu de rassembler, et attise la haine et l’animosité au lieu de servir les valeurs du vivre-ensemble, de tolérance et d’entente entre les peuples et les nations ».
Notons dans ce contexte que l’Algérie abritera du 16 au 18 octobre 2023, la 20ème session de la Conférence ministérielle des pays africains et pays nordiques sous le thème « Renforcement du dialogue sur la base des valeurs commune ».
Lyes Saïdi