Situation au Niger : L’Algérie lance un appel à la raison
Les va-t’en guerre semblent plus que jamais déterminés à plonger l’ensemble de la région du Sahel dans le chaos. Malgré l’opposition de l’Union africaine et de nombreux pays, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest est attachée à l’intervention militaire. Dans ce contexte, l’Algérie a de nouveau adressé un avertissement quant aux conséquences d’une telle intervention et lance un appel à la raison.
Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a souligné hier les dangers qu’une intervention militaire au Niger représentent pour la stabilité et la sécurité dans le Sahel. L’Algérie « regrette profondément » que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée au Niger, à un moment où l’intervention militaire dans ce pays se précise, a indiqué hier le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger dans un communiqué. « A un moment où l’intervention militaire au Niger se précise, l’Algérie regrette profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l’ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin », précise le ministère dans son communiqué. L’Algérie « demeure, en effet, animée d’une forte conviction que cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n’ont pas été empruntées et que toutes ces possibilités n’ont pas été épuisées », ajoute la même source. Le ministère souligne que « l’histoire de notre région enseigne abondamment que les interventions militaires ont été porteuses d’un surcroît de problèmes que de solutions et qu’elles ont été des facteurs supplémentaires d’affrontements et de déchirements plutôt que des sources de stabilité et de sécurité ». « Avant que l’irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l’engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison qui toutes commandent de redonner résolument la plus haute priorité à l’option politique négociée à la crise constitutionnelle actuelle épargnant ainsi au Niger frère et à l’ensemble de la région des lendemains lourds de menaces et de périls dont notamment un regain de vigueur et d’agressivité du terrorisme et des autres formes de criminalité qui affectent gravement la région », conclut le communiqué. Il est utile de noter le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au pouvoir à Niamey et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) campent sur leurs positions sur le moyen de régler la crise qui a suivi la prise du pouvoir à Niamey par la garde présidentielle le 26 juillet dernier. Les pays ouest-africains ont annoncé, vendredi dernier au soir, être prêts à engager une intervention armée pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. C’est dans ce contexte qu’une délégation ouest-africaine est arrivée samedi à Niamey. Vendredi, le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’organisation régionale, Abdel-Fatau Musah avait annoncé que cette mission avait pour objectif de « continuer à suivre la voie pacifique pour rétablir l’ordre constitutionnel ». « Nous sommes prêts à intervenir dès que l’ordre sera donné. Le jour de l’intervention a aussi été fixé », a déclaré Musah, à l’issue d’une réunion de deux jours des chefs d’état-major ouest-africains à Accra. Une autre initiative diplomatique a eu lieu vendredi: le Premier ministre nommé par le CNSP, Ali Mahaman Lamine Zeine, s’est entretenu avec une délégation de l’ONU conduite par Leonardo Santos Simão, le représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Selon des médias, des milliers de volontaires se sont rassemblés, vendredi matin, aux abords du stade Seyni Kountché, dans le centre-ville de la capitale, répondant à un appel de plusieurs organisations pour se faire inscrire sur des listes en tant qu’auxiliaires civils potentiellement mobilisables en soutien des forces armées.
Lyes Saïdi