Médiation algérienne dans la crise au Niger : Un règlement en quatre axes
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a mis en avant hier les grands axes et objectifs qui président à la vision de l’Algérie dans la résolution de la crise au Niger. Une vision qui s’appuie sur le retour à la légitimité constitutionnel dans ce pays et au respect du cadre juridique africain lié aux changements anticonstitutionnels de gouvernements, à la préservation des acquis démocratiques dans ce pays, et surtout éviter au Niger et à toute la région les répercussions du recours à la force, et les dangers des interventions étrangères qui risquent d’embraser la situation.
Dans une déclaration à la presse à l’issue des entretiens qu’il a eu samedi avec le président ghanéen Nana Akufo-Addo, dans le cadre de la médiation algérienne dans la crise au Niger, le chef de la diplomatie algérienne a d’abord souligné toute l’importance de s’appuyer sur le règlement politique et pacifique de la crise au Niger. Attaf a ainsi indiqué avoir informé le président ghanéen « des initiatives prises par son frère, M. Abdelmadjid Tebboune, pour renforcer la position et le rôle de la voie politique dans la résolution de cette crise », car cette voie « demeure, à nos yeux, la seule permettant d’atteindre les objectifs autour desquels s’unissent tous les peuples et Etats de l’Union africaine, et soutenus par la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ». Ces objectifs « clairement définis par le Président Tebboune, consistent en le respect total et strict du cadre juridique africain lié aux changements anticonstitutionnels de gouvernements, l’accent étant mis sur le profond attachement de l’Algérie au principe d’interdiction et de rejet de ces changements », a-t-il ajouté, rappelant que « notre pays a joué un grand rôle dans la cristallisation de cet objectif et sa consécration sur la scène continentale, et ce à l’occasion du Sommet de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) tenu à Alger en 1999 », a-t-il ajouté. Riche de ce capital, l’Algérie est naturellement « le garant principal et moral de ce principe central des relations africaines », a soutenu M. Attaf. Parmi ces objectifs, figurent également « le retour à l’ordre constitutionnel au Niger, et la réhabilitation totale de la gouvernance démocratique dans ce pays frère », a-t-il ajouté. Il s’agit également, poursuit M. Attaf, de « préserver les acquis réalisés par le Niger au cours de la décennie écoulée aussi bien sur le plan de la concrétisation du modèle démocratique que sur le plan de la lutte contre le terrorisme et le soutien de la stabilité dans le pays de manière directe et dans la région de manière indirecte ». Le quatrième et dernier objectif vise, a-t-il expliqué, à « éviter au Niger et à toute la région les répercussions du recours à la force, et les dangers des interventions étrangères qui risquent d’embraser la situation dans ce pays et dans la région toute entière ».
Convergences
Il faut dire que dans le cadre de cette médiation, le ministre des Affaires étrangères s’est rendu mercredi au Nigéria qui préside actuellement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et sur lequel s’appuie l’essentiel de la force d’attente que l’organisation sous régional a déployé dans la perspective d’une intervention militaire directe pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger. Il s’est ensuite rendu au Bénin avant de clôturer sa tournée par le Ghana. De son côté, le Secrétaire général du MAE, Lounes Magramane s’est rendu au Niger dans le cadre de cette médiation. L’Algérie offre ainsi ses bons offices pour trouver une solution à cette crise et rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, en évitant tout recours aux armes et à une intervention aux conséquences qui seront assurément désastreuses aussi bien pour le Niger, l’ensemble de la région du Sahel, ainsi que pour la Cédéao.
D’ailleurs, Ahmed Attaf a souligné que les entretiens qu’il a eus avec les différents dirigeants lors de sa tournée ont permis de mettre en avant une convergence des vues. Il a qualifié les entretiens qu’il a eus, samedi à Accra, avec le président ghanéen, de « très fructueux », affirmant qu’ils ont fait ressortir « une totale convergence » de vues entre l’Algérie et le Ghana et entre les présidents des deux pays, M. Abdelmadjid Tebboune et son homologue Nana Akufo-Addo. « Ils ont souligné l’attachement permanent et commun des deux parties au renforcement de la sécurité et de la stabilité au mieux des aspirations de nos peuples dans la région », a déclaré M. Attaf .
Au terme des différentes rencontres avec les chefs de la diplomatie et président, M. Attaf a affirmé que la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger est un « objectif commun » de l’Algérie avec ces pays qui, « sont actuellement dans le temps de la recherche d’une solution politique » à la crise nigérienne. « Nous sommes, au sein de la CEDEAO, comme en Algérie, sur une même ligne de travail, celle de coordonner au maximum nos efforts pour aboutir à la réalisation d’un objectif commun qui est la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger », a déclaré à la presse M. Attaf, soulignant que pour l’Algérie, le recours à la force « a toujours été un élément de complication et non pas un élément de solution ». Au Nigeria, première halte du ministre des Affaires étrangères, les discussions ont convenu particulièrement de l’impératif de coordonner les efforts déployés par les deux pays, notamment les initiatives lancées par M. Abdelmadjid Tebboune et son homologue nigérian, M. Bola Ahmed Tinubu, en sa qualité de président en exercice de la CEDEAO, et ce en vue de « renforcer l’élan international et régional et d’encourager l’adhésion de tous autour du processus politique et pacifique pour le règlement de la crise au Niger ». « Pour ce faire, nous avons affirmé que l’Algérie et le Nigeria (…) n’ont d’autres choix que d’œuvrer ensemble afin d’éviter l’aggravation de la situation au Niger, dans la région et dans l’ensemble du continent africain », a soutenu M. Attaf, exprimant le « rejet catégorique de toute violation de la démocratie et de l’ordre constitutionnel au Niger ». « La préservation de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité des Nigériens, exige de consentir davantage d’efforts et de sacrifices de manière individuelle et collective », a souligné M. Attaf, assurant que « tous les efforts nécessaires seront déployés pour faire prévaloir la solution pacifique et politique à la crise au Niger ». M. Attaf a, en outre, indiqué que le président Tebboune, « qui croit fermement que la voie est toujours ouverte pour atteindre ce noble objectif, a élaboré une vision claire pour résoudre cette crise et plaidé pour son contenu, ses principes et ses mécanismes ». A Cotonou, le ministre des Affaires étrangères béninois, Olushegun Adjadi Bakari, a souligné « la convergence des points de vue entre l’Algérie et la CEDEAO et donc par ricochet entre l’Algérie et le Bénin », à propos de la crise nigérienne. Il a dit partager « cet attachement à la conquête du pouvoir par les urnes et non pas par les armes », avant d’ajouter dans le même contexte: « Nous partageons aussi le fait qu’on ne peut pas laisser prospérer dans la région des régimes militaires non constitutionnels ».
Lyes Saïdi
L’Italie soutient la médiation algérienne
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ahmed Attaf, a reçu, vendredi, un appel téléphonique de son homologue italien, M. Antonio Tajani, qui a affirmé que le Gouvernement italien « soutient » et « salue hautement » l’initiative du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à faire prévaloir la logique de la solution politique à la crise au Niger, indique un communiqué du ministère. M.Tajani a précisé que le gouvernement de son pays « soutient et salue hautement l’initiative qu’a prise le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, en dépêchant des émissaires au Niger et aux pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en vue de réunir les conditions nécessaires pour faire prévaloir la logique de la solution politique à la crise au Niger », note la même source. Dans le même contexte, M. Tajani a indiqué que « l’Italie partage pleinement l’inquiétude de l’Algérie quant aux répercussions du recours à la force », affichant « la disposition de son pays à soutenir les efforts et les démarches de l’Algérie, visant à apaiser la situation et à œuvrer au retour à l’ordre constitutionnel au Niger par des voies pacifiques », a conclu le communiqué.