Corridor pour le transport d’hydrogène vert vers l’Europe : Les études sont en cours
Les opportunités d’exportation sur le marché naissant de l’hydrogène vert à l’avenir se dessinent déjà pour l’Algérie. La question a été au cœur de la 5e journée algéro-allemande de l’énergie. Les travaux de la rencontre ont d’ailleurs permis la signature d’un accord de 12 millions de dollars pour le développement des ENR et de l’hydrogène vert, mais aussi d’évoquer l’opportunité que représente le projet du South H2 corridor qui doit permettre le transport d’hydrogène vert d’Algérie vers l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche. La 5e journée algéro-allemande de l’énergie qui se tient chaque année depuis 2018 dans le cadre du partenariat énergétique algéro-allemand s’est soldé hier par la signature d’un accord de coopération technique dans le domaine du développement des énergies renouvelables. A cours de cette rencontre qui se tient, en droite ligne de la dernière session du dialogue énergétique Algérie-UE qui a misé sur le développement d’un programme de coopération dans les énergies propres, le ministère de l’Energie et des mines et la société allemande pour la coopération internationale (GIZ) ont signé, un contrat d’exécution de la coopération technique dans le cadre du projet commun « TaqatHy », portant sur le développement de la coopération dans le domaine des énergies renouvelables et l’hydrogène vert. Le contrat portant sur ce projet est doté d’une enveloppe financière de 12 millions de dollars. Cette rencontre a également été marquée par un débat approfondi sur le développement du partenariat dans le domaine de l’hydrogène vert notamment dans le cadre du projet « SoutH2 Corridor ». Dans ce contexte, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a estimé dans son discours qu’il s’agit d’un « projet ambitieux qui nécessite des études techniques et économiques approfondies ». M. Arkab a assuré que « les études en question sont en train d’être menées avec les entreprises concernées par cet important projet » notamment les sociétés SNAM (Italie), Gasconnect-Austria (Autriche), Trans Austria Gasleitung GmbH (Autriche) et Bayernets GmbH (Allemagne). Le projet « SoutH2 Corridor » constitue une « vraie dorsale de transport de l’hydrogène de l’Algérie vers l’Allemagne, via la Tunisie, l’Italie et l’Autriche, visant à fournir un hydrogène renouvelable en utilisant les gazoducs existants », a-t-on souligné lors de cette Journée.
L’objectif visé est celui de transporter près de 4 millions de tonnes d’hydrogène vert par an à travers des gazoducs reconvertis pour le transport d’hydrogène, explique-t-on. Selon le directeur des énergies renouvelables au groupe Sonatrach, Billel Kalache, ce projet est actuellement au stade d’études qui visent à évaluer la faisabilité de transporter de l’hydrogène vers les territoires européens, et son intérêt économique, avant de passer à l’étape des études de réalisation des projets. De son côté, Miloud Medjelled, président du comité chargé de la stratégie nationale de l’hydrogène vert au niveau du ministère de l’Energie et des mines, a appelé à une coopération « stratégique » avec les partenaires allemands, assurant qu’elle est « essentielle » pour atteindre les objectifs ambitieux fixés dans la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène, adoptée par le gouvernement. La mise en œuvre de cette stratégie représente, a-t-il ajouté, une opportunité « majeure » pour l’Algérie et permettra de développer une filière « prometteuse », de renforcer l’indépendance énergétique et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
L’importance de ce corridor, qui a reçu le statut de « projet important et stratégique » pour l’Union européenne, a été également évoquée par Ellen von Zitzewitz, responsable du partenariat énergétique bilatéral avec la région MENA au niveau du ministère fédéral allemand de l’Economie et de la Protection du climat. Cette intervenante a fait savoir que l’objectif tracé par l’Allemagne est celui d’aller vers une production de 80% d’énergies sur la base du renouvelable, dont une grande part sera réservée à l’hydrogène vert. Intervenant par visio-conférence, le directeur exécutif décarbonisation chez la SNAM (société italienne de transport de gaz) Piero Ercoli, a assuré que l’Algérie dispose d’un potentiel « important » en matière d’hydrogène et peut devenir un pôle de production de l’hydrogène renouvelable avec la maîtrise des coûts. M. Ercoli a mis en avant les capacités importantes en matière de transport qui peuvent être dimensionnées pour une montée en puissance en fonction du marché et des volumes de la demande européenne, assurant que des tests ont déjà été démontrés sur ce marché énergétique.
Sabrina Aziouez