Commission algéro-française histoire et mémoire : L’Algérie récupérera deux millions de documents historiques
La commission d’historiens algériens et français chargée de traiter la question mémorielle a tenu sa première réunion mercredi dernier à Constantine. Une réunion qui a permis de parvenir sur un certain nombre de recommandations à soumettre au président de la République, Abdelmadjid Tebboune et à son homologue français Emmanuel Macron, et qui prévoient, entre autres, la restitution à Algérie d’une part importante de documents historiques couvrant notamment la période du 19e siècle et de biens culturels pillés durant la colonisation.
En effet dans un communiqué, cité hier par la Radio algérienne, la Commission algérienne pour l’histoire et la mémoire, composante de l’instance algéro-française, a annoncé avoir conclu un accord avec ses partenaires pour récupérer de nombreux documents d’archives et de biens pillés. Il s’agit plus précisément de deux millions de documents d’archives numérotés, principalement liés à la période coloniale, ainsi que plusieurs biens pillés, en plus de 29 rouleaux et 13 registres, soit environ cinq mètres linéaires d’archives restantes de la période ottomane. Le communiqué en question estime que cet accord constitue une étape importante auquel est parvenue la commission mémoire et histoire, à l’issue de la réunion tenue le 22 novembre à Constantine, et qua cours de laquelle les dossiers liés aux archives, la bibliographie, la chronologie et les biens volés ont été discutés. Le document signé par le coordinateur de la partie algérienne de la commission en question, le Dr Mohamed Lahcène Zeghidi, précise aussi qu’un accord avait été conclu pour continuer à élaborer une bibliographie commune pour la recherche et les sources imprimées et manuscrites du XIXe siècle, afin de publier, numériser et traduire les documents les plus importants en arabe et en français, et de travailler à récupérer ce qui peut être récupéré. La commission s’est également accordée sur la réalisation d’une chronologie des crimes coloniaux au XIXe siècle, ainsi que la récupération de toutes les biens symbolisant la souveraineté de l’État algérien, en particulier les objets ayant appartenu au fondateur de l’État algérien moderne l’Émir Abdelkader et ceux des dirigeants de la résistance, ainsi que des crânes restde ce qui reste des cranes de résistants algériens retenus au musée de l’Homme à Paris. Il s’agit aussi de la poursuite de l’identification, le recensement des tombes des prisonniers et des détenus algériens et l’établissement d’une liste nominative. L’accord prévoit également un volet lié à la coopération académique. Les deux parties ont ainsi de mettre en œuvre un programme d’échange et de coopération scientifique comprenant des missions d’étudiants et de chercheurs algériens en France, ainsi que des missions françaises en Algérie pour consulter les archives, en plus de lever les obstacles administratifs français aux chercheurs algériens et d’organiser des événements scientifiques communs pendant l’année universitaire 2024-2025. Elles également convenu de la mise en place d’un portail électronique commun portant sur la période coloniale de 1830 à 1962. Un portail qui compte, dans une première étape sur la période liée au 19e siècle. Les deux parties ont également convenu de poursuivre les rencontres régulières.
Notons que la commission algéro-française histoire et mémoire a été mise en place dans le cadre de la Déclaration d’Alger signée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron, à l’issue de la visite de ce dernier en Algérie en août 2022. Selon les termes de la Déclaration d’Alger, cette commission est chargée d’« assurer une prise en charge intelligente et courageuse des problématiques liées à la mémoire dans l’objectif d’appréhender l’avenir commun avec sérénité́ et de répondre aux aspirations légitimes des jeunesses des deux pays ». Elle a aussi pour « vocation à aborder toutes les questions, y compris celles concernant l’ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires ».
Hocine Fadheli