Réunion de l’Opep+ : Des négociations difficiles
Les ministres des pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés signataires de la Déclaration de coopération se réunissent aujourd’hui en virtuel, dans l’objectif de fixer les quotas pour 2024. Et alors que l’alliance ambitionne de sortir de cette réunion avec un réduction importante de l’offre pour redresser les marchés, les négociations qui se sont prolongées cette semaine demeurent difficile, notamment avec les producteurs Ouest-africains.
Deux sources de l’alliance ont indiqué hier à l’agence de presse britannique Reuters que l’Opep+ continue de tenir des discussions sur la politique pétrolière de 2024, et aucun report de la réunion prévue aujourd’hui n’est actuellement prévue. « Les négociations sont en cours, mais aucune prolongation n’est prévue », a déclaré l’une des sources.
Des sources de l’Opep+ ont déclaré que cela était dû à un désaccord sur les quotas de production pour les producteurs africains, bien que des sources aient depuis indiqué que le groupe s’était rapproché d’un compromis sur ce point.
L’Opep+ fait face à un important défi. Face à un marché très volatil dans un contexte géopolitique incertain et des prévisions économiques toutes aussi incertaines qui alimentent les mouvements spéculatifs des cours, l’alliance cherchera aujourd’hui à arracher un accord sur la production de pétrole qui permettra de stabiliser les cours. Plusieurs sources de l’Opep+ ont indiqué, cette semaine à l’agence de presse britannique Reuters, que la réunion des ministres de l’Opep+ devra entériner une nouvelle baisse de la production pour rétablir l’équilibre et contrer la tendance baissière des prix lesquels ont perdu plus de 20% depuis septembre. Les analystes marché misent une coupe supplémentaire d’au moins un million de baril/jour pour agir sur les marchés.
Il faut dire que grâce aux accords passés, ainsi les baisses volontaires décidées par certains membres de l’Opep, les fondamentaux ont été maintenus dans un certain équilibre. Le 2 octobre 2022, l’Opep+ s’est accordée sur une baisse globale se 2 millions barils/jour, tandis qu’au mois d’avril plusieurs membres de l’alliance ont annoncé une coupe volontaire de 1,16 million barils/jour, dont 500.000 barils/jour pour l’Arabie saoudite. Ryad a ensuite porté sa coupe volontaire à 1 million de barils/jour. La Russie s’est jointe à l’effort en annonçant une réduction de ses exportations de 300.000 barils/jour. Des coupes qui sont maintenues jusqu’à la fin de l’année. L’Arabie saoudite, la Russie et d’autres membres de l’OPEP+ ont déjà promis des réductions totales de la production pétrolière d’environ 5 millions de barils par jour (bpj), soit environ 5% de la demande mondiale. Cependant, Ryad semble vouloir aujourd’hui un partage du fardeau. Or, les négociations sont aujourd’hui difficiles, d’autant plus qu’il s’agit de fixer les quotas pour 2024, et à partir desquelles les réductions de la production sont calculées. Deux producteurs Ouest-Africains, le Nigeria et l’Angola affichent leur mécontentement par rapport à cela. Le désaccord remonte en réalité à la réunion de juin. Les Émirats arabes unis ont été autorisés à augmenter leur quota de production en 2024, en raison des efforts déployés pour augmenter leurs capacités de production. A contrario, certains producteurs ouest-africain qui n’arrivent pas à respecter leurs engagements en raison de faibles capacités de production justifient les quotas attribués. Or, les quotas pour 2024 ne collent pas aux objectifs de production qu’ils affichent pour l’année prochaine. Le fait est que les producteurs cherchent à élever leurs quotas pour réduire l’impact des coupes sur la production. C’est ce qui motive des négociations, qui sont souvent difficiles au sein de l’Opep+. En tout état de cause, le marché reste suspendu à la décision de l’alliance aujourd’hui. Hier ver 11H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en janvier, prenait 1,16% à 82,63 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, gagnait 1,30% à 77,40 dollars. Les cours poursuivaient leur hausse « en raison d’une combinaison de signes indiquant que la Fed (réserve fédérale américaine ndlr) a fini de relever les taux d’intérêt et que l’Arabie saoudite continue de faire pression pour des réductions plus importantes lors de la réunion de l’OPEP+ » (l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés) jeudi, expliquent les analystes de DNB.
Samira Ghrib