Ghaza : La faim comme arme de guerre
Près de 20.000 Palestiniens ont été tués dans les bombardements et attaques israéliennes en 73 jours d’agression contre la Bande de Ghaza. Un chiffre qui est loin de refléter l’étendue du génocide et de l’épuration ethnique perpétrée par l’occupation sioniste à Ghaza. En sus du pilonnage permanent de toutes les zones de l’enclave, l’occupant n’hésite pas à affamer les populations pour les exterminer. Ainsi, l’ONG Human Rights Watch a dénoncé hier le recours par l’entité sioniste à la faim comme « arme de guerre » à Gaza en réduisant intentionnellement l’accès des habitants à l’eau et à la nourriture, ce qui représente un crime de guerre. Les forces d’occupation « bloquent délibérément l’acheminement de l’eau, de la nourriture et du carburant, tout en empêchant l’aide humanitaire, rasant les zones agricoles et privant la population civile d’objets indispensables à leur survie », a indiqué l’ONG dans un communiqué. Human Rights Watch a également mis en avant les déclarations faites par des responsables israéliens de haut rang, notamment le ministre de la Défense Yoav Gallant, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et le ministre de l’Énergie, Israel Katz, sur leur intention de « priver les civils à Gaza de nourriture, d’eau et de carburant », les qualifiant de « déclarations reflétant une politique exercée » par l’entité sioniste.
« Depuis plus de deux mois, Israël prive la population de Gaza de nourriture et d’eau, une politique stimulée ou approuvée par les hauts dirigeants d’Israël et reflétant l’intention d’affamer les civils », a fait savoir Omar Shakir, directeur de WHR dans la région, poursuivant: « Les dirigeants mondiaux devraient s’exprimer contre ce crime de guerre odieux, qui a des effets dévastateurs sur la population de Gaza. » Le HRW a également expliqué que le droit international humanitaire (ou les lois de la guerre) interdit d’affamer les civils comme méthode de guerre. Le statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) stipule qu’affamer les civils intentionnellement et les priver d’objets indispensables à leur survie sont un crime de guerre, selon la même source.
Bain de sang
Après plus de deux mois de bombardements et de combats violents, la majeure partie de la population de Ghaza a été déplacée et souffre de pénuries de carburant, de nourriture, d’eau et de médicaments. Et moins d’un tiers des hôpitaux de Ghaza fonctionnent partiellement, selon l’ONU, tandis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé dimanche l’impact des frappes sionistes sur les hôpitaux du territoire. Le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que l’agence était « consternée par la destruction effective » de l’hôpital Kamal-Adwan, où les forces d’occupation ont mené une opération de plusieurs jours. Les bombardements sionistes ont également réduit le service des urgences de l’hôpital Al-Shifa à « un bain de sang ».Pour le patron de l’OMS, « le système de santé de Ghaza était déjà à genoux, et la perte d’un autre hôpital, même fonctionnant au minimum, est un coup dur ». »Je ne serais pas surpris si des gens commençaient à mourir de faim, ou d’une combinaison de faim, maladie et faible immunité », a dénoncé Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).
Sur le terrain les pilonnages de l’occupation se poursuivent de manière continue. Pas moins d’une centaine de Palestiniens ont été tués en 24 heures, ont indiqué hier les médias. Le bilan global au 73e jour d’agression approche les 20.000 morts.
L’occupation s’en prend particulière aux professionnels des médias afin de tenter de dissimuler la réalité du massacre perpétré à Ghaza. Ainsi, pas moins de 96 journalistes ont été tués depuis l’agression à Ghaza. Le bureau des médias du gouvernement à Gaza a déclaré dans un communiqué publié lundi via Telegram que « le journaliste Abdullah Alwan a été tué dans un bombardement israélien sur Jabalia, au nord de Ghaza, portant le nombre de journalistes morts à 96 depuis le début de la guerre ». Plus tôt dans la journée, dans un communiqué publié par le bureau des médias du gouvernement de Gaza, il est indiqué que le journaliste Hanin al-Kashtan a été tué lorsque l’armée israélienne a bombardé la maison de sa famille dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. Un ciblage systématique dénoncé vivementL’agence wafa a indiqué qu’une frappe sioniste avait touché dimanche l’hôpital Nasser à Khan Yunis, principale ville du sud de Ghaza, faisant un martyr et sept blessés. Les forces sionistes ont pris d’assaut, le même jour, l’hôpital Al-Awda dans le nord de Ghaza et arrêté le personnel médical après plusieurs jours de siège et de bombardements.
En plus des bombardements continus des hôpitaux, les forces d’occupation ont enterré des personnes vives dans la cour de l’hôpital Kamal-Adwan, dans la ville de Beit Lahia (nord).
Nouvelles négociations pour une trêve
Dans ce contexte, l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’Homme a déclaré avoir recueilli des témoignages confirmant que des bulldozers des forces sionistes ont enterré des Palestiniens vivants dans la cour de l’hôpital Kamal-Adwan, réclamant ainsi l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur ces informations. La Palestine a, elle aussi, exigé une enquête sur ces atrocités. « Des informations et des témoignages de citoyens et d’équipes médicales et médiatiques indiquent que l’occupation a enterré des citoyens vivants dans la cour de l’hôpital (Kamal-Adwan), et que certains d’entre eux ont été vus vivants avant que l’occupation ne les assaille », a déclaré la ministre palestinienne de la Santé, Mai al-Kaila.
Notons que des médias ont annoncé hier le début d’un nouveau cycle de négociations sous l’égide du Qatar pour un nouvel accord d’échange de prisonniers entre la résistance palestinienne et l’occupation. Selon les mêmes sources une réunion américano-israélo-qatarie a été dans la capitale polonaise, Varsovie, pour discuter des »grandes ligne » d’un nouvel accord d’échange de prisonniers. Notons que le mouvement de résistance palestinienne Hamas a déclaré samedi exige un retrait total des forces d’occupation à Ghaza pour des négociations dans ce sens.
Il faut dire que le cabinet Netanyahu est sous pression. Une pression exercée par les Israéliens et particulièrement les familles des otages, après que l’implication des forces israéliennes dans la mort de nombre d’entre-eux. Il fait face aux échecs des forces israéliennes sur le terrain. Pression régionale aussi, avec un soutien à la résistance palestinienne qui s’organise dans la région depuis le Sud du Liban, mais aussi en Mer rouge, où les Houthis du Yémen bloque le passage de tout navire israélien ou destiné à approvisionner l’entité sioniste. Chose qui a incité plusieurs compagnies maritimes à détourner leurs navires vers le Cap de Bonne espérance.
Lyes Saïdi