Projet sioniste de déportation des Palestiniens de Ghaza : L’Algérie convoque une réunion du Conseil de sécurité
L’Algérie a porté le projet du groupe des pays arabes à l’ONU et a obtenu une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU concernant les risques de déportation des Palestiniens de Ghaza vers d’autres pays. Un projet de déportation que plusieurs ministres du gouvernement Netanyahu ont mis en avant à plusieurs reprises comme faisant intégrante du plan sioniste « Day after ».
L’Algérie a fait de la question palestinienne l’une des priorités de son mandat en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations et qu’elle rejoint le 1er janvier en cours pour une période de deux ans. L’Algérie, qui affiche un soutien constant à la cause palestinienne, vient de mener une première action dans ce cadre. En effet, l’Algérie, en coordination avec le groupe des pays arabes à l’ONU, obtenu une réunion du Conseil de sécurité sur les risques de déportations des Palestiniens de Ghaza. Une réunion qui doit se tenir demain vendredi. L’information a été annoncée par la chaîne de télévision Qatarie Al Jazeera, avant d’être confirmée par des sources diplomatiques ayant requis l’anonymat. Ces sources ont affirmé à deux confrères que « l’Algérie qui a été aussi sollicité e par le délégué palestinien à l’ONU, a porté ce projet et a obtenu la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité vendredi 12 janvier ».
Il faut dire que les Palestiniens de Ghaza sont exposés à un risque réel de déportation vers d’autres pays. Bien que la déportation soit un crime contre l’humanité, l’option n’est rejetée que du bout des lèvres par les alliés occidentaux d’Israël.
L’expulsion des Palestiniens et leur déportation fait partie intégrante du projet sioniste de réoccupation de Ghaza, objectif réel de l’agression israélienne menée contre l’enclave depuis le 7 octobre dernier et qui a fait plus de 23.000 morts. L’occupation cible volontairement les habitations, les refuges, les écoles et les structures de soins pour forcer la population à fuir les bombardements. Les Ghazaouis ont d’abord été poussés du Nord vers le Sud de l’enclave, avant que l’occupation ne pilonne le centre et le sud de Ghaza et masser la population à l’extrême sud de l’enclave à Rafah à la frontière avec le Sinaï. Rafah est à son tour prise pour cible par les bombardements de l’aviation israélienne. Au début de l’agression, l’entité sioniste avait tenté de pousser les Palestiniens vers le désert du Sinaï en Égypte. Face au refus ferme de l’Égypte et de la Jordanie de tout déplacement de la population, le gouvernement Netanyahu a avancé plusieurs options. La presse israélienne indiqué que Netanyahu et ses ministres ont promu un projet d’ « immigration volontaire » des Palestiniens, soit une déportation forcée de la population ghazaouie, d’abord vers des pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Une proposition refusée par les alliés d’Israël. Les médias israéliens ont fait état, la semaine dernière, de « discussions entre les autorités israéliennes et trois pays africains, dont le Congo, pour concrétiser le projet ». Le projet est d’ailleurs assumé par le gouvernement d’extrême droite de l’entité sioniste. Lundi 1er janvier, Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale, avait appelé à «encourager » la population de Gaza à « émigrer ». Avant lui, son collègue des Finances Bezalel Smotrich avait fait une déclaration similaire. « Le monde doit soutenir la migration humaine, (de la population de Gaza, ndlr), car c’est la seule solution que je connaisse », avait déclaré, de son côté, la ministre du Renseignement, Gila Gamliel, le deux janvier dernier. Cette dernière a affirmé que « 60 % des terres agricoles de Gaza deviendront des zones tampons de sécurité après la guerre ».
Hier, le président palestinien Mahmoud Abbas, le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont mis en garde lors du sommet d’Aqqaba contre les projets israéliens de déportation des Palestiniens et de réoccupation de la Bande de Ghaza.
Ils ont, également, souligné leur « opposition à tout projet israélien visant à déplacer les Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ainsi que la nécessité de les condamner au niveau international ». Les trois dirigeants ont, par la même occasion, mis en garde contre « les tentatives de réoccuper des parties de Gaza ou d’y établir des zones de sécurité », soulignant « la nécessité de permettre à la population de Ghaza de revenir chez elle ».
Par ailleurs Mahmoud Abbas, a évoqué la question hier avec le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, et a rejeté toute velléité de déplacement des Palestiniens. Le président palestinien a mis en garde contre les mesures de l’entité sioniste visant à déplacer les Palestiniens de leurs terres. « La bande de Ghaza fait partie intégrante de l’Etat palestinien », a-t-il souligné. Dès le début de l’agression israélienne, Mahmoud Abbas a averti contre une nouvelle Nakba.
Notons que le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué hier que plus de 500.000 personnes n’auront plus de maison à Ghaza. « Beaucoup d’autres ne pourront pas y retourner immédiatement, en raison de l’ampleur des dégâts subis par les infrastructures environnantes, ainsi que du risque posé par les restes explosifs de guerre », a précisé le bureau dans son dernier rapport de situation. Selon un décompte effectué le 7 janvier, la branche humanitaire de l’ONU note que 69.000 logements ont été détruits ou rendus inhabitables dans la bande de Ghaza. Plus de 290.000 logements ont été endommagés, a détaillé l’OCHA.De plus, 90% des bâtiments scolaires de Ghaza sont utilisés comme abris pour les personnes déplacées et ont subi des dégâts plus ou moins importants. Parmi eux, 135 écoles ont subi des dommages mineurs, 126 des dommages modérés, 99 des dommages importants et 12 ont été entièrement détruites.
Lyes Saïdi