Escalade des tensions au Yémen : Les pétroliers se détournent de la mer Rouge
C’est l’escalade en mer Rouge. Les Houthis du Yémen ont une attaqué hier un navire grec qui a fait escale dans un port de l’entité sioniste confirmant leur ferme intention de maintenir le ciblage des navires israéliens et ceux qui approvisionnement Israël, tant que l’agression contre Ghaza ne s’arrêtera pas. Ils menacent également les navires US et britanniques, alors que l’alliance anglo-américaine multiplie les attaques contre le Yémen. Les tensions menacent le transport maritime dans cette route commerciale stratégique entre la Méditerranée et l’océan indien. Après les compagnies de fret maritime se sont les pétroliers qui se détournent désormais du canal du Suez, ce qui ne sera pas sans conséquences sur les marchés énergétiques.
Après Qatar Energy, c’est au tour de l’Anglo-Néerlandais Shell de détourner ses navires de la mer Rouge. Selon le Wall Street Journal, Shell ne fera plus passer ses navires via la mer Rouge, jusqu’à nouvel ordre, en raison des tensions qui menacent le transport maritime dans la région.
Selon le quotidien économique américain, le groupe a pris cette décision la semaine dernière, compte tenu de ces menaces pour ses équipages et du risque de marée noire dans la région par laquelle transite 12% du commerce mondial. Lundi, Reuters qui citait une source de haut niveau annonçait que QatarEnergy avait suspendu le transit de ses méthaniers par la mer Rouge. Il en est de même pour le britannique BP et le Danois Maersk qui emboitent ainsi le pas aux grands transporteurs maritimes, lesquels détournent les navires vers le Cap de Bonne Espérance. Une situation qui a déjà sur le commerce mondial en induisant une hausse record des coûts du fret qui sont passés du simple au double. Elle aura assurément un impact sur les marchés énergétiques, même si les principales places de cotation du pétrole et surtout du gaz restent pour l’heure peu sensibles à la situation en mer Rouge. Cela risque de changer rapidement cependant. Présent au Forum économique mondial de Davos, le Premier ministre Qatari Mohammed ben Abdulrahmane Al-Thani a estimé que l’escalade dans la mer Rouge aura un impact sur le transport de gaz naturel liquéfié (GNL). « Il existe des itinéraires alternatifs, mais ces itinéraires (…) sont moins efficaces que l’itinéraire actuel » via la mer Rouge, a souligné le Premier ministre Qatari, alors que le Qatar est aux côtés de la Russie et des USA l’un des principaux exportateurs de GNL à faire transiter ses cargaisons par le Canal de Suez.
Les marchés pétroliers réagissent et remontent à chaque évolution ou attaques en mer Rouge. Hier, les cours ont inscrit une légère hausse à la suite de l’attaque d’un navire grec dans la région. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, montait de 0,45%, à 78,50 dollars vers 10H00 GMT. Le WTI américain, pour livraison en février, grappillait 0,01%, à 72,69 dollars.
« Toutefois, en l’absence de réelles perturbations de l’approvisionnement en pétrole », les analystes de DNB estiment que « la prime de risque restera modérée malgré l’escalade des tensions géopolitiques ». « En l’absence de conséquences réelles et palpables sur l’offre pétrolière, les prix devraient évoluer dans la fourchette actuelle de 72 à 82 dollars », affirme Tamas Varga, de PVM Energy. Côté gaz naturel, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, évoluait en petite baisse de 0,8%, à 29,675 euros le mégawattheure (MWh), peu après avoir touché 29,210 euros, un plus bas depuis août 2023. Même en pleine saison de chauffage, « la demande continue d’être faible et (…) l’offre reste élevée », soulignent les analystes de DNB.
Cependant, les experts avertissaient au début de la crise en mer Rouge que la persistance des tensions et les risques d’une régionalisation du conflit avec l’implication de l’Iran grand producteur de pétrole et de gaz pourrait changer la donne. Le fait est que la situation n’est pas à l’apaisement. Le conflit en mer Rouge est lié à l’agression sioniste contre Ghaza et il persistera tant que l’occupation israélienne poursuivra ses attaques et maintiendra son siège sur l’enclave palestinienne. Les Houthis du Yémen l’ont démontré et réaffirmé hier en ciblant un navire qui appartient à une flotte qui a fait escale en Israël. De son côté, l’armée américaine a conduit hier une nouvelle frappe au Yémen.Ces frappes interviennent après celles qui ont été menées la semaine dernière par les Américains et les Britanniques.
Le Groupe yéménite a pour sa part estimé hier que les États-Unis de mettent la pression sur les compagnies maritimes, ce qui a entraîné la suspension de l’activité de ces dernières en mer Rouge, en entretenant l’escalade par leurs attaques contre le Yémen. « Un certain nombre de compagnies maritimes ont annoncé la suspension de leurs travaux sous prétexte de risques élevés en mer Rouge, c’est le résultat de la pression et de l’intimidation américaines », Mohammed Abdel Salam, sur la plateforme « X ».
Samira Ghrib