Rapport de conjoncture la Banque d’Algérie : Les indicateurs sont au vert
La Banque d’Algérie a mis en avant dans sa note de conjoncture des tendances monétaires et financières pour les neuf premiers mois de l’année 2023, la solidité des indicateurs malgré un recul sensible des cours des hydrocarbures. Des indicateurs qui reflètent une hausse des recettes budgétaires ordinaires, une croissance des crédits à l’économie, une solidité du solde extérieur qui demeure positif et une hausse des réserves de changes, au moment au la dette extérieure et moyen et long termes reste stable.
La Banque d’Algérie note dans son rapport une hausse de 12,27 % des recettes budgétaires entre septembre 2022 et septembre 2023. Une augmentation « remarquable » principalement engendrée par l’augmentation des recettes des hydrocarbures de 567,92 milliards de dinars, souligne la BA. « A fin septembre 2023, les recettes des hydrocarbures continuent leur tendance à la hausse suite à la bonne performance de ce secteur au cours de cette période » note le rapport qui souligne cependant que « le rythme annuel d’augmentation de la fiscalité pétrolière a ralenti atteignant un taux de 14,96 % contre 39,4 % à la fin du premier semestre 2023 ».De leur côté, « les recettes hors hydrocarbures ont augmenté de 9,05 % à fin septembre 2023, constituant ainsi 44,20% des recettes budgétaires totales. « Toutefois, elles ne financent que 45,56 % des dépenses totales, contre 53,72 % à la fin septembre 2022 et ne couvrent les dépenses courantes qu’à hauteur de 54,93 % contre 67,71 % à fin septembre 2022 », souligne la BA.
Le rapport met également en avant une hausse de 28,57%, des dépenses budgétaires, particulièrement due à la progression des dépenses courantes, « engendrée à près de 60 % par l’augmentation des dépenses de transferts qui se sont accrues de 1 005,86 milliards de dinars entre septembre 2022 et septembre 2023 ».Quoi qu’il en soit, à fin septembre 2023, le solde budgétaire a enregistré un excédent de 233,98 milliards de dinars contre un excédent de 1 065,30 milliards de dinars une année auparavant. Idem pour le compte courant du Trésor public qui enregistre un solde global créditeur, au 30 septembre 2023, de 690,775 milliards de dinars contre un solde de 1 074,85 milliards de dinars au 30 septembre 2022. Par ailleurs, le compte abritant le Fond de Régulation des Recettes (FRR), affiche un solde de 2 268,29 milliards de dinars à la fin des neuf premiers mois de l’année 2023.
Les indicateurs financiers externes affichent aussi de la solidité, souligne le document. Ains, à la fin des neuf premiers mois de 2023, l’excédent du solde global de la balance des paiements reste positif, même s’il a reculé à 6,6 milliards de dollars contre 11,9 milliards de dollars à la même période en 2022.
Hausse des réserves de change
A la fin des neuf premiers mois de 2023, le solde de la balance commerciale a diminué tout en restant excédentaire, affichant un surplus de 9,9 milliards de dollars, par rapport à 19,1 milliards de dollars à la fin septembre 2022. « Cette baisse est attribuable à la diminution des exportations de biens qui ont atteint 41,3 milliards de dollars à fin septembre 2023 contre 47,9 milliards de dollars à fin septembre 2022 et une augmentation des importations de biens qui sont passées de 28,9 milliards de dollars à fin septembre 2022 à 31,3 milliards de dollars à fin septembre 2023 », note la BA. Celle-ci explique que suite au recul des cours mondiaux du pétrole, les exportations d’hydrocarbures ont baissé pour atteindre 37,4 milliards de dollars à fin septembre 2023 contre 43,4 milliards de dollars à fin septembre 2022, soulignant que le prix moyen du pétrole a atteint 83,1 dollars le baril pour les premiers neuf mois 2023 contre 108,5 dollars le baril pour les neuf premiers mois de l’année 2022.
Les exportations hors hydrocarbures ont également légèrement reculé et ont atteint 3,8 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois 2023 contre 4,5 milliards de dollars durant la même période de l’année écoulée.Le rapport précise que « les exportations de demi-produits, qui représentent 79,5 % des exportations de biens hors hydrocarbures, ont baissé de 771 millions de dollars, passant de 3,8 milliards de dollars à fin septembre 2022 à 3,1 milliards de dollars à la même période en 2023 ». le document explique « cette tendance est directement liée à la baisse importante des prix internationaux du gaz naturel, qui représente près de 80 % du coût de fabrication de fertilisants (principal produit de ce groupe), ce qui a fortement impacté leurs prix sur les marchés mondiaux ».
« Cependant, et avec une des parts respectives de 7,3 % et de 5,8 % des exportations de biens hors hydrocarbures, les exportations de biens alimentaires (essentiellement le sucre) ainsi que celles de l’électricité ont augmenté de 45 millions et de 142 millions de dollars entre fin septembre 2022 et fin septembre 2023 », souligne toutefois la BA. Parallèlement, les importations de biens ont enregistré une hausse 2,5 milliards de dollars passant de 28,9 milliards de dollars à fin septembre 2022 à 31,3 milliards de dollars à fin septembre 2023. La note de conjoncture a également constaté que le déficit du poste « services hors revenus des facteurs » s’est légèrement creusé, passant de 3,1 milliards de dollars à fin septembre 2022 à 3,3 milliards de dollars à fin septembre 2023, résultat d’une augmentation des importations de services plus rapide que celle des exportations de services. Avec un solde extérieur positif, les réserves officielles de change ont progressé. Celles-ci (or monétaire non inclus) s’élèvent à 67,981 milliards équivalent dollars US à fin septembre 2023, dont 1,788 milliard équivalent dollars US de swap or/devises, contre 52,763 milliards équivalent dollars US à fin septembre 2022 et 60,994 milliards équivalent dollars US à fin décembre 2022. Soit une augmentation de près de 7 milliards équivalent dollars en neufs mois. La BA a également noté que le taux de change effectif réel (TCER) a connu une appréciation de 3,3 % entre le mois de septembre 2022 et le mois de septembre 2023 suite à l’appréciation du taux de change effectif nominal et l’augmentation des prix relatifs.
Hausse des crédits à l’économie
La Banque d’Algérie a également noté une progression de la masse monétaire alimentée par les dépôts de la Sonatrach. Ainsi, à fin septembre 2023, la masse monétaire a enregistré un accroissement de 6,11% par rapport
à son niveau de décembre 2022, s’établissant ainsi à 24.368,2 milliards DA.
Hors secteur des hydrocarbures, la masse monétaire a enregistré une hausse de 6,32% par rapport à son niveau de fin décembre 2022, en contexte de hausse des dépôts de l’entreprise nationale des hydrocarbures qui sont passés de 1.861,02 milliards DA à fin 2022 à 1.930,47 milliards DA à fin septembre 2023.En glissement annuel, la masse monétaire, hors dépôts de l’entreprise nationale des hydrocarbures, s’est accrue de 10,72%, selon la même source. Cet accroissement de la masse monétaire a, cependant été accompagné d’une progression de la monnaie circulation fiduciaire hors banques, qui s’est accrue de 8,6% par rapport à fin décembre 2022, atteignant ainsi 8.026,19 milliards DA à fin septembre 2023.
Le point positif est que l’évolution de la situation monétaire a bénéficié aux banques et donc sur l’évolution des crédits à l’économie. Ainsi, le montant des crédits accordés à l’économie a atteint 10.703,64 milliards de dinars (DA) à fin septembre 2023, soit une hausse de 5,82% par rapport à décembre 2022. Les banques publiques dominent toujours le marché du crédit. En effet, les stocks des crédits octroyés à l’économie sont réparties entre celui accordé par les banques publiques avec 9.124,94 milliards DA à fin septembre 2023 (+ 5,44% par rapport à fin 2022), et le stock des crédits octroyés par les banques privées, qui s’est élevé à 1.575,71 milliards DA (+8,04 %), selon la note de la BA. L’analyse de la structure des crédits par secteur juridique montre que le stock des crédits accordés au secteur public représente 42,54% du total du stock des crédits accordés à fin septembre 2023 contre 43,01% à fin 2022, alors que le stock des crédits accordés au secteur privé représente 57,46%, dont 11,08% accordés aux ménages, contre 56,99% à fin décembre 2022, dont 10,83% aux ménages.Concernant les crédits nets à l’Etat, ils sont estimés dans la note de la BA à un total de 13.110,26 milliards DA, à fin septembre 2023, contre 13.042,42 milliards DA à fin 2022, soit une légère hausse de 0,52%.
Légère baisse de l’inflation
Enfin, la Banque d’Algérie note une légère baisse de l’inflation mais si le taux en glissement annuel reste élevé. Ainsi, au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, l’inflation au niveau national en moyenne annuelle a atteint 9,55 % en septembre 2023 contre 9,71 % au même mois de l’année précédente. Cette légère baisse est principalement attribuée au ralentissement de la hausse des prix des groupes « Alimentation – Boissons non alcoolisées » et « Divers », passant respectivement de 13,58 % et 12,67 % en septembre de l’année 2022 à 13,28 % et 8,46 % au même mois de l’année 2023.En glissement annuel, l’indice national des prix à la consommation a enregistré une augmentation de 8,84 % en septembre 2022 à 10,32 % en septembre 2023. Cette hausse est principalement imputable à des augmentations dans les prix des groupes « Alimentations – Boissons non alcoolisées » et « Santé – Hygiène Corporelle ».
Sabrina Aziouez