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Soudan : Menace d’ »insécurité alimentaire catastrophique » pour 5 millions de personnes

Près de 5 millions de personnes pourraient plonger dans une « insécurité alimentaire catastrophique » dans les prochains mois au Soudan en guerre, selon un document de l’ONU, qui réclame un meilleur accès humanitaire et un cessez-le-feu.

« Sans aide humanitaire urgente et un accès aux produits de base », près de 5 millions de Soudanais, déjà en situation d’urgence alimentaire (phase 4 de l’échelle IPC qui en compte 5), « pourraient glisser dans une insécurité alimentaire catastrophique dans certaines parties du pays dans les prochains mois », écrit le chef du Bureau des opérations humanitaires de l’ONU Martin Griffiths dans cette note envoyée au Conseil de sécurité. L’IPC est l’échelle de classification de l’insécurité alimentaire, sur laquelle se basent les agences de l’ONU. « Des populations classées en phase 4 dans le Darfour Ouest et le Centre Darfour vont probablement passer en phase IPC 5 », estime-t-il. Le dernier rapport IPC estimait à 4,9 millions le nombre de personnes en phase 4 (urgence) au Soudan, dont plus de 300.000 au Centre Darfour et plus de 400.000 au Darfour Ouest. Personne n’était alors classé en phase 5 de « famine ». Au total, près de 18 millions de Soudanais font face à une insécurité alimentaire grave (phase 3 et plus), un chiffre « record » en période de récoltes et 10 millions de plus qu’à la même période l’an dernier. Les femmes, les enfants et les déplacés sont « particulièrement menacés », met en garde Martin Griffiths, notant que près de 730.000 enfants, dont 240.000 au Darfour, devraient souffrir de malnutrition aiguë.

Notons que l’ONU a réclamé vendredi un « accès sans entrave » pour les humanitaires au Soudan. Il y a suffisamment de stocks humanitaires à Port-Soudan mais l’accès à la population pose problème, a expliqué Jill Lawler, du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), de retour de la région de Khartoum. « Nous avons besoin que les parties au conflit permettent un accès humanitaire rapide, durable et sans entrave » afin de permettre aux organisations de circuler à travers les lignes de front et de traverser les frontières des pays voisins, a-t-elle dit, s’exprimant en visioconférence depuis New York. « C’est vraiment l’accès humanitaire, l’obtention d’un accès sans entrave à ces populations qui est crucial. C’est vraiment essentiel », a-t-elle insisté.Début mars, le Programme alimentaire mondial (PAM) a tiré déjà la sonnette d’alarme: le conflit « pourrait créer la plus grande crise de la faim au monde » dans un pays qui connaît déjà la plus importante crise de déplacement de population du globe. A travers le Soudan, 18 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë -dont cinq millions ont atteint le dernier palier avant la famine- et peuvent à peine être aidées par des humanitaires subissant entraves au déplacement et grave manque de financement, d’après le PAM. L’ONU a également appelé vendredi à un plus large soutien financier. « Nous avons vraiment besoin de ressources supplémentaires », a déclaré une porte-parole de l’ONU à Genève, Alessandra Vellucci, lors du même point de presse que l’Unicef. Les Nations unies ont besoin cette année de 2,7 milliards de dollars pour venir en aide à la population au Soudan, et cet appel est financé pour l’instant à hauteur d’environ 5%, a expliqué Mme Vellucci. Les combats ont fait des milliers de morts et huit millions de déplacés, selon l’ONU. « Il y a 20 ans, le Darfour a connu la plus importante crise de la faim au monde et le monde avait uni ses efforts pour répondre, mais aujourd’hui, les Soudanais sont oubliés », a récemment souligné la directrice du PAM Cindy McCain.

R.I.

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