Appel à la réforme des subventions et des tarifs de l’eau
Rapport du FMI sur l’impact du changement climatique sur l’Algérie
Le Fonds monétaire international a recommandé à l’Algérie d’entreprendre une réforme fiscale et budgétaire devant permettre au pays de faire face aux risques induits par le changement climatique et s’inscrire plus profondément dans le processus de transition énergétique. Il recommande ainsi de prendre en compte les priorités climatiques et environnementales dans la préparation du budget public et dans la passation des marchés publics afin d’encourager les agents économiques à s’inscrire dans l’agenda environnemental, de même qu’il a appelé à une réforme des subventions énergétiques et de la tarification de l’eau afin d’encourager la transition énergétique et une meilleure gestion des ressources hydriques.
Pays semi-aride, l’Algérie est particulièrement exposée au changement climatique. Une vulnérabilité que le Fonds monétaire internationale a mis en avant dans un rapport publié vendredi et lequel souligne l’impact des risques posés par le changement climatique sur les équilibres budgétaires, mais aussi sur la croissance notamment dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie. Une vulnérabilité qui impose des réformes devant permettre à l’Algérie de s’adapter au changement climatique et mieux entreprendre sa transition énergétique. Des réformes qui incluent, en plus de l’adaptation du cadre de gestion des risques majeurs à ce nouveau contexte, une profonde réforme des politiques budgétaires et fiscales. Dans ce contexte, le FMI a mis en avant, dans son rapport de 32 pages une série de recommandations pour « renforcer sa résilience face à l’impact du changement climatique et atteindre ses objectifs climatiques ». La première de ces réformes est sans doute sur laquelle insiste le Fonds depuis plusieurs années. Elle concerne les subventions énergétiques. Une réforme que le FMI juge nécessaire pour permettre d’un côté de renforcer la résilience budgétaire, dans la mesure où ces subventions représentent 10,7% du PIB rappelle le Fonds lequel souligne que cette réforme encouragerait la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables. L’institution de Bretton Woods appelle aussi à des mesures sectorielles telles que des taxes et des subventions ciblées pour l’énergie renouvelable, des incitations financières pour les entreprises qui adoptent des pratiques respectueuses de l’environnement, et des politiques visant à promouvoir l’efficacité énergétique dans les industries à forte intensité énergétique. Elle recommande également des réformes pour renforcer la gestion des finances publiques, y compris l’amélioration de la transparence et de la responsabilité dans la gestion des fonds publics, la promotion de l’efficacité des dépenses et la réduction des gaspillages, ainsi que le développement d’une planification budgétaire à moyen terme pour intégrer les considérations climatiques dans les décisions budgétaires. Le FMI conseille ainsi d’intégrer les priorités climatiques dans la préparation du budget, ainsi que dans le processus de passation des marchés publics pour contribuer à réduire l’impact environnemental du secteur public et encourager ses fournisseurs à contribuer aux efforts d’atténuation et d’adaptation. Le Fonds souligne aussi la nécessité de prendre des mesures fiscales pour améliorer la gestion du secteur de l’eau et réduire le gaspillage de cette ressource qui risque de se raréfier dans un contexte de changement climatique. Pour le FMI, il est crucial d’améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau afin de rééquilibrer l’offre et la demande et de renforcer la résilience face au changement climatique. Il recommande ainsi une tarification adéquate de l’eau, une réforme de la gouvernance d’entreprise pourraient améliorer l’efficacité des coûts de ces services publics et leur performance financière, renforçant leur capacité à assurer la durabilité de l’approvisionnement et à répondre à l’aggravation de la pénurie d’eau tout en minimisant la charge pour le budget. Il recommande aussi des réformes réglementaires et un suivi et un contrôle plus important de la consommation, notamment dans les secteurs intensifs en eau tels que l’agriculture et encourager l’allocation des ressources en eau selon les utilisations les plus productives.
Une perte de croissance de 0,3%
Le FMI a souligné dans son rapport que le changement climatique devrait probablement aggraver les conditions climatiques, alors que Les températures moyennes devraient continuer à augmenter plus rapidement que dans le reste du monde. Le document souligne aussi que le niveau moyen de précipitations devrait diminuer, tandis que l’aggravation de la pénurie d’eau est susceptible d’être l’une des conséquences les plus critiques du changement climatique en Algérie. Le Fonds avertit aussi contre la fréquence et l’intensité des évènements météorologiques extrêmes comme les inondations et les incendies de forêt qui pourraient augmenter dans la partie du bassin méditerranéen où se trouve l’Algérie. Pour le FMI, le changement climatique projeté et l’augmentation des chocs climatiques pourraient entraîner de lourdes pertes économiques et de bien-être social en Algérie. « Les changements dans les conditions météorologiques ont réduit la croissance économique en Algérie de 0,3 % en moyenne entre 1979 et 2019. L’impact du changement climatique sur la croissance économique risque de devenir plus sévère dans la décennie à venir », avertissent les auteurs du rapport. Celui-ci souligne que l’impact du changement climatique pourrait se traduire par des perturbations dans certains secteurs comme l’agriculture et le secteur de l’énergie, par des contraintes à la croissance potentielle, sur les résultats des politiques sociales, notamment en matière de santé, de sécurité alimentaire, de gestion de l’eau et d’aménagement du territoire. Il risque aussi, selon le FMI d’impacter le budget à travers l’augmentation des dépenses pour prendre en charge l’impact du changement climatique de part l’effet des événement climatiques extrêmes sur les infrastructures et la population, mais aussi pour garantir la sécurité alimentaire, la santé et la lutte contre le chômage.
Le FMI avertit aussi contre l’impact du changement climatique sur le bilan des banques et entreprises publiques alors que le secteur public prend en charge plusieurs activités telles que la fourniture d’électricité et d’eau ou l’achat et l’importation de céréales et de légumineuses. Il souligne aussi la nécessité de réformes profondes dans le sens de la diversification hors-hydrocarbures et de la transition énergétique dans un contexte de décarbonation qui pourrait entrainer une volatilité des prix des combustibles fossiles, mais pourrait affecter à long terme la compétitivité à l’export.
Sabrina Aziouez