Finance et IA : Quelles opportunités et quels risques ?
Une conférence a été organisée hier à Alger par Algérie poste afin d’explorer « le potentiel transformateur de l’intelligence artificielle » dans le secteur financier.
L’avènement de l’intelligence artificielle générative annonce une transformation profonde du rapport de l’Homme à la machine, mais aussi dans les modes de production de fonctionnement de l’économie. Si ce potentiel de transformation est déjà palpable dans les industries liées aux arts, aux divertissements, à la production de contenu et aux médias, il risque de l’être tout autant dans divers secteurs comme la santé, l’éducation, l’industrie et la finance, pour ne citer que ces secteurs. La capacité de l’IA à prendre en charge des tâches qui ne pouvaient être assurées jusque-là que par l’homme, mais aussi son potentiel d’extension des capacités des différents algorithmes d’identification, d’inventaire, d’analyse des données et d’évaluation des risques, est annonciatrice d’avancées majeures, mais aussi de risques non négligeables. C’est dans ce contexte, qu’Algérie poste a organisée hier une conférence sur le thème « Finance intelligente : naviguer le futur avec l’IA ». Cette qui s’est déroulée en présence du ministre de la Poste et des Télécommunications, Karim Bibi Triki, et qui a vu la participation d’experts et acteurs du secteur financier, avait pour objectif de mettre en lumière les opportunités et les défis liés à l’intégration de l’IA dans le paysage financier algérien. L’occasion pour le premier responsable du secteur des TIC de relever, lors de son allocution d’ouverture, que le secteur des services financiers « connaît des transformations rapides grâce aux progrès technologiques, dont l’IA, qui joue un rôle important en offrant des solutions et des applications innovantes renforçant l’efficacité des performances, améliorant l’expérience client et renforçant la sécurité des transactions financières ». Il a précisé que cette conférence « s’inscrit dans le cadre de la volonté de l’institution d’adopter les dernières technologies, telles que l’intelligence artificielle, et de s’ouvrir à son environnement, comme les universités, les centres de recherche et les startups, afin d’encourager l’innovation et d’améliorer ses performances ».
Il a souligné à cet effet, que Algérie Poste est « engagée dans une démarche de modernisation de sa gestion et de ses services afin d’offrir un service public à la hauteur des attentes des citoyens et de tous lesacteurs ». De son côté, le directeur général d’Algérie Poste, Louai Zaidi, a indiqué que cet évènement constitue une « étape cruciale » et un « tournant décisif » dans le parcours de l’entreprise en sa qualité d’établissement public, « pionnier dans l’industrie financière intelligente et qui vise à partager son expérience en la matière et de bénéficier des propositions et approches pour améliorer l’usage financier et numérique de ses clients ». Pour sa part, l’expert en IA, Mourad Bouache, a mis en avant l’impact de l’utilisation de l’IA dans les analyses financières, soutenant que cette technologie permet, entre autres, de « prévoir les tendances du marché avec une précision déconcertante et générer des scénarios financiers complexes en quelques secondes ». De son côté, Mohamed Benaoumeur Senouci, spécialiste dans le domaines de l’IA, a fait observer que cette technologie « permet d’automatiser des tâches manuelles chronophages, libérant ainsi les employés pour se concentrer sur des activités à forte valeur ajoutée ». L’adoption de l’intelligence artificielle n’est pas sans risques, ont fait savoir d’autres intervenants, mettant en garde notamment contre les cybermenaces, la criminalité financière et les risques liés aux deepfakes (contenus IA multimédias hyperréalistes, souvent trompeurs), appelant à mettre en place des « mesures de sécurité robustes pour protéger les systèmes financiers et préserver la confiance des utilisateurs ». En marge de la conférence, un protocole d’accord a été signé entre Algérie Poste et l’Ecole nationale supérieure d’intelligence artificielle visant à développer une « approche collaborative » solide et bénéfique, avec notamment l’intérêt commun de faire valoir l’expertise de chacune des deux parties afin d’enrichir les solutions et services technologiques innovants proposés sur le marché algérien.
Sabrina Aziouez