Quid d’une économie émergente
Le ministre des Finances, Laâziz Faid, a souligné hier au cours d’une conférence de presse les bonnes performances réalisées par l’économie algérienne en 2023 assurant que tous les indicateurs sont au vert. Une évolution positive sur laquelle il est prévu de capitaliser pour faire progresser le PIB à 400 milliards de dollars à terme et faire de l’Algérie une économie émergente, assure le premier argentier du pays. Il a, à ce propos, mis en avant les axes majeurs de la feuille de route mise en place pour encourager l’investissement hors-hydrocarbures à l’image de la baisse prochain des taux d’intérêts par les banques et la modernisation secteur bancaire et financier.
Au cours de la conférence organisée pour rendre compte des conclusions des Réunions de printemps 2024 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, auxquelles il avait pris part la semaine dernière à Washington, le ministre des Finances que la dynamique d’investissement et les indicateurs économiques positifs de l’Algérie lui permettront d’atteindre, voire de dépasser, les 400 milliards USD de PIB dans quelques années, alors que son PIB actuel était de 32.000 milliards DA. Le ministre a rappelé que l’économie algérienne « dispose de grands atouts », qui seront, a-t-il dit, mis à profit pour appuyer le décollage économique. Le ministre a dans ce contexte souligné l’appui des institutions de Bretton Woods au train des réformes engagées en Algérie dans la cadre de la diversification de sn économie.
Il ainsi soulignél’importance qu’accorde l’Etat à la diversification des sources d’investissement, qu’il s’agisse de financements bancaires ou de ceux provenant du Trésor public. Faid a indiqué que l’Algérie a connu ces derniers temps « un afflux important d’investissements étrangers », soulignant la signature de nombreuses conventions de partenariat conclues avec plusieurs pays et sociétés internationales, permettant d’augmenter le volume des investissements étrangers. Le ministre a attribué l’augmentation des montants d’investissement à la politique menée par le gouvernement en matière de financement de l’économie, que ce soit par le biais des ressources internes, telles que les banques ou le Trésor public, ou par le recours à l’endettement interne, sans recourir à l’endettement externe qui s’élève actuellement à 924 millions de dollars. Le ministre a estimé que ces moyens de financement ont permis d’améliorer les performances de l’économie nationale et d’améliorer les indicateurs économiques, reconnus par les institutions financières et monétaires internationales qui ont souligné dans leurs rapports récents l’amélioration de l’économie algérienne et ses perspectives positives.
Faid a précisé que les crédits alloués à l’investissement connaîtront une « hausse qualitative » à l’avenir, notamment grâce à l’application des lois sur l’investissement et sur le foncier économique et industriel soulignant que le volume des investissements enregistrés auprès de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) devrait dépasser 6.000 milliards de dinars algériens d’ici à la fin 2024, y compris les investissements étrangers.
Baisse prochaine des taux d’intérêt
Aussi, pour encourager cette dynamique, le premier argentier du pays annonce que des mesures seront prises pour booster encore les investissements. Il annoncera ainsi que « les banques abaisseront les taux d’intérêt de manière significative dans les prochains jours, ce qui contribuera au financement de l’économie nationale et stimulera l’investissement ». Cette baisse des taux d’intérêt « fera reculer l’inflation », parallèlement à « la réduction du coût d’investissement », a-t-il dit. Il a dans ce sens mis en avant la contribution des institutions financières nationales, notamment les banques, au financement de l’activité économique soulignant que que 10.750 milliards DA de crédits bancaires à l’économie avaient été accordés par les banques. Il a également indiqué que le Fond national d’investissement avait contribué, entre 2023 et 2024, à hauteur de 500 milliards DA au financement de projets ferroviaires et miniers, notamment le projet de mine de Gara Djebilet et le projet de phosphate intégré. Le premier argentier du pays a dans ce sens mis le programme de réforme en cours dans le secteur bancaire.
Les efforts des autorités publiques se concentrent, actuellement, dans le volet financier sur la diversification des sources de financement de l’économie, de l’investissement et de l’épargne, ainsi que sur le développement de l’inclusion financière, le lancement de la finance islamique et l’activation du marché financier (la bourse), ce qui a eu un impact positif sur le développement et la croissance économique, a poursuivi M. Faid. A ce propos, le ministre a affirmé que la Banque de développement local (BDL) sera introduite à la Bourse d’Alger à partir de la prochaine rentrée sociale, via une ouverture partielle du capital de cette institution bancaire publique, après le « succès éclatant » de l’introduction des actions de la banque du Crédit populaire d’Algérie (CPA) le mois dernier.
Banque des BRICS ; le processus avance
Sur un autre registre, et concernant sa rencontre avec la présidente de la Banque des BRICS en marge des réunions du FMI et de la BM, le premier argentier du pays a fait savoir que le processus d’adhésion de l’Algérie à la Nouvelle Banque de développement (NBD) des « BRICS », en est à sa phase finale, et il avance conformément au calendrier convenu. Selon les explications du ministre, les détails relatifs au taux de participation de l’Algérie au capital de cette institution financière multilatérale sont en cours d’examen, conformément aux orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, relevant qu’il sera « annoncé prochainement l’adhésion de l’Algérie à la NBD ».
Le ministre de Finances a souligné au cours de son intervention les indicateurs économiques positifs en 2023. Il a ainsi indiqué que « l’économie algérienne a réalisé une croissance de 4,1% en 2023 », ce qui « correspond presque aux prévisions du FMI ». Une croissance qui résulte de la performance robuste de plusieurs secteurs économiques nationaux, ajoute-il. Faïd a également souligné que le solde de la balance des paiements avait affiché un excédent de 6,53 milliards USD en 2023 et que les réserves de change avaient progressé de 61 milliards USD en 2022 à 69 milliards USD en 2023, soit l’équivalent de 16 mois d’importations de marchandises. Les exportations, quant à elles, ont reculé à 49 milliards USD en 2023, contre 56 milliards USD en 2022, sous l’effet de la baisse des prix du pétrole sur les marchés internationaux, a ajouté le ministre, faisant état d’une dette publique globale quasi stable ne dépassant pas 48% du PIB en 2023, alors que le dette externe est marginale. S’agissant de l’inflation, le ministre des Finances a fait savoir qu’elle avait enregistré un ralentissement du fait de la baisse des prix des produits frais, soulignant que les pouvoirs publics s’employaient à stabiliser l’indicateur de l’inflation.
Sabrina Aziouez