La révolte des campus
Un vaste mouvement de solidarité avec la Palestine se propage depuis plusieurs jours dans les grandes universités américaines européennes. Un mouvement qui traduit un changement et une prise de conscience quant à la faillite morale de la gestion de la question palestinienne par la communauté internationale, et plus encore en Occident. Des manifestations pacifiques qui ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre, notamment aux Etats-Unis.
Plus de 300 personnes ont été arrêtées dans les universités new-yorkaises, et les forces anti-émeutes ont été déployées dans l’université de Californie UCLA. Une répression qui n’empêche pas le mouvement de prendre de l’ampleur. Le maire de la ville de New York, Eric Adams a déclaré qu’environ 300 personnes ont été interpellées suite à l’intervention policière dans l’Université de Columbia et au City College de New York mardi soir. Selon le département de police de New York (NYPD), il y a eu 282 arrestations, dont 173 au City College et 119 à l’Université de Columbia. Des agents du NYPD sont entrés mardi soir dans le Hamilton Hall de l’Université de Columbia, où protestaient des manifestants propalestiniens. Le bâtiment a été vidé des protestataires environ deux heures après le début de l’intervention. A Los Angeles, des heurts ont éclaté hier à l’aube, en marge d’un rassemblement pro-palestinien sur le campus de l’université de Californie (UCLA). Selon la chaîne CNN les heurts opposaient des manifestants pro-palestiniens et pro-sionistes. Le Los Angeles Times, a indiqué que peu avant minuit, des contre-manifestants (pro-sionstes) ont tenté d’abattre les barricades entourant le campement installé en solidarité avec la Palestine situé sur le campus. Après minuit, certains ont tenté d’investir les lieux. La police anti-émeute a été déployée et a utilisé du gaz lacrymogène. L’intervention de la police de Los Angeles sur le campus de l’université californienne est une première. L’université Brown, dans le nord-est des Etats-Unis, a annoncé le démantèlement d’un campement pro-palestinien en échange de la promesse que le conseil d’administration se prononcerait sur d’éventuels ‘’désinvestissements de sociétés qui rendent possible le génocide à Gaza et en profitent.’’ Il faut dire que les manifestations estudiantines de solidarité avec la Palestine se sont étendues à plusieurs grandes universités des États-Unis, dont l’université de New-York, l’université de Yale, le Massachusetts Institute of Technology et l’université de la Caroline du Nord. Malgré la répression le mouvement continue de prendre de l’ampleur. A Chicago, plus de 150 personnes ont participé à l’installation du campement sur le campus de l’Université DePaul, situé à Lincoln Park à Chicago. Au Canada, un campement de solidarité avec la Palestine a été installé dans l’université d’Ottawa mardi soir. Les étudiants demandent à l’Université d’Ottawa de se dissocier de la Banque Scotia, qui a retenu l’attention récemment en raison de ses investissements dans une entreprise d’armement israélienne. Ils demandent également à l’Université d’Ottawa de se désengager à soutenir financièrement des sociétés qui facilitent l’occupation de Ghaza. En France, malgré les blocages et l’interdiction de ces manifestations au sein des universités comme ce fut le cas à sciences-Po Paris et la Sorbonne, les étudiants affichent leur détermination à maintenir la mobilisation. Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante a indiqué mard sur franceinfo que les manifestations vont se poursuivre jeudi 2 mai dans les Sciences Po partout en France. Des blocages sont prévus dans les Instituts d’études politiques (IEP) de Saint-Etienne, Rennes, Strasbourg et Menton précise le même média. « On est vraiment très loin d’une minorité agissante », a affirmé Éléonore Schmitt, en réponse aux propos de Gabriel Attal la semaine dernière qui dénonçait « le spectacle navrant » d’une « minorité dangereuse » pour qualifier les blocages de Sciences Po Paris, rapporte le média français. Pour le moment, l’Union étudiante considère que la réponse gouvernementale n’est pas suffisante. Le syndicat réclame des actions notamment du ministère de l’Enseignement supérieur : « On demande que la ministre de l’Enseignement supérieur appelle à remettre en question certains partenariats avec des universités israéliennes », indique encore Franceinfo.
La cause palestinienne s’est également invitée dans les manifestations qui marquent le 1er mai, notamment en France. En plus des traditionnels drapeaux de la Confédération générale du travail (CGT), de nombreux drapeaux palestiniens sont brandis par les manifestants.
Le massacre se poursuit à Ghaza
A Ghaza, l’agression génocidaire sioniste se poursuit, alors que Rafah est plus que jamais menacée par une invasion terrestre des forces d’occupation. La Société du Croissant-Rouge a annoncé, hier, qu’un Palestinien a été tué et cinq autres blessés dans un bombardement israélien ayant visé une maison située dans le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Ghaza. La guerre génocidaire contre Ghaza a fait plus de 112 000 victimes (entre morts et blessés), pour la plupart des femmes et des enfants, et environ 10 000 disparus, dans un contexte de famine et de destruction généralisée, selon les données palestiniennes et des Nations unies. C’est dans ce contexte que l’occupant affiche sa détermination à mener une invasion terrestre contre Rafah, malgré l’opposition de la communauté internationale.
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a exprimé, mardi, son inquiétude quant à une éventuelle invasion qui » conduirait à une catastrophe humanitaire ». Et d’ajouter : « Nous exhortons toutes les parties à œuvrer à l’instauration d’un cessez-le-feu et d’une paix durable. » Il faut dire qu’en plus du fait qu’une telle invasion provoquerait un bain de sang dans cette zone où se sont réfugiés 1,5 million de Palestiniens, elle aggraverait la famine, Rafah étant le seul point de passage par lequel transite le peu d’aide humanitaire encore autorisée à entrer à Ghaza.
Lyes Saïdi