Vieille ville de Miliana : Un trésor culturel et historique inestimable à préserver
S’étendant sur une superficie de près de 80 hectares et classée secteur sauvegardé, la vieille ville de Miliana dans la wilaya d’Ain Defla abrite un patrimoine culturel, historique et naturel d’une richesse inestimable dont la mise en valeur s’impose d’urgence afin de préserver ce trésor des affres du temps.
Perchée à flanc de montagne, à près de 720 mètres d’altitude sur le versant sud du mont Zaccar, Miliana recèle des vestiges qui témoignent des siècles d’histoire qu’elle a traversés. Parmi ces joyaux, figurent la muraille romaine défensive, le complexe religieux et culturel Sidi Ahmed Ben Youcef, des maisons à patios et à fontaines, des bains ottomans, des placettes publiques, des fontaines, Dar El Emir Abdelkader et la manufacture d’armes. Pour Abbes Benyoucef, archéologue et ancien responsable de la manufacture d’armes, la création du secteur sauvegardé de la vieille ville de Miliana était une nécessité absolue. « Elle remplit toutes les conditions pour ce faire », a-t-il déclaré à l’APS en marge de la clôture du mois du patrimoine (18 avril-18 mai). « La ville possède un passé prestigieux qui remonte à l’Antiquité », a-t-il souligné. « Elle recèle un patrimoine culturel matériel et immatériel inestimable et s’enorgueillit de traditions séculaires, fruits d’un métissage culturel aux influences andalouses, ottomanes et autres. » M. Benyoucef a également mis en avant « ses traditions culinaires, ses habits et sa musique andalouse, ainsi que son cachet architectural particulier ». C’est grâce à cette richesse patrimoniale que le secteur sauvegardé a été créé, avec pour objectif de préserver cet héritage culturel et d’enrayer sa dégradation. Farid Yekhlef, chef de service du patrimoine culturel à la direction de la culture et des arts d’Ain Defla, a indiqué que le secteur sauvegardé a été créé dans le but de préserver le patrimoine de la vieille ville de Miliana. Il a ajouté que les opérations de protection « seront mises en œuvre de manière effective une fois le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé élaboré ». Cette démarche inclusive impliquera l’ensemble des secteurs et acteurs de la société civile. S’agissant de la préservation de ce patrimoine, M. Benyoucef estime que la société civile « doit jouer un rôle important en s’organisant ». Il a noté que certaines associations locales sont déjà actives sur le terrain, à l’instar de l’association « Ez-ziria », qui œuvre depuis une vingtaine d’années à la préservation de la musique andalouse, un élément immatériel du patrimoine culturel. La ville de Miliana compte également plusieurs autres associations, telles que « La M’nara », « La perle du Zaccar » et « Les amis de Miliana Arts et culture », qui mènent un travail « remarquable » dans le domaine de la protection du patrimoine. M. Benyoucef a insisté sur la nécessité pour ces associations, « parties prenantes » dans l’opération de sauvegarde, de « s’organiser au niveau des quartiers et de sensibiliser les habitants sur l’importance et la valeur de la ville et de son patrimoine ». Il a également plaidé pour l’organisation d’événements culturels et touristiques au sein de la ville de Miliana afin de la rendre attractive et de lui redonner vie. « Elle a beaucoup d’atouts pour attirer les visiteurs », a-t-il estimé. Ainsi, dans le cadre de la protection du patrimoine de la ville, des travaux d’urgence de réhabilitation du siège du Califat de l’Emir Abdelkader et de la muraille défensive romaine de la ville de Miliana ont été lancés le mois de mars dernier par les autorités locales. En outre, des fouilles de sauvetage ont été lancées pour la première fois sur le site archéologique « Oppidum Novum », situé à la cité Beni Naghlane de la commune de Aïn Defla, et ce à l’occasion du mois du patrimoine.
APS