A moins d’une semaine de l’Aïd El Adha: Le mouton toujours cher à Annaba
L’inflation et la dégradation du pouvoir d’achat du citoyen, ont eu raison de l’enthousiasme habituel des ménages impactés par la spirale infernale de la hausse des prix du mouton de l’Aïd El Adha.
À quelques jours de la célébration de l’Aïd El Adha, l’ambiance est toujours morose à Annaba, réputée, autrefois par la ferveur des préparatifs de cette fête religieuse qui est aussi l’occasion aux gens des petits métiers de travailler. Au constat relevé ici et là à Annaba, les valeurs ancestrales semblent s’estomper au fil des ans, et avec elles des traditions qui manquent cruellement au décor d’Annaba. Cette ville où, le temps des enfants qui exhibent leurs moutons semble révolu. Ce temps où, les chefs de familles cèdent aux caprices de leurs enfants en achetant le mouton du sacrifice dix à quinze jours à l’avance, afin de permettre à leurs progénitures de se vanter entre petits copains et voisins est également dépassé. Ces images ont disparu sous le poids du prix exorbitant du mouton de l’Aïd, au grand dam des familles qui ne savent plus où donner de la tête. Même les mesures prônées par les pouvoirs publics avec la mise en place de points de vente et le plafonnement des prix du mouton, la situation demeure insoutenable pour les ménages. Car, le citoyen lambda est appelé à satisfaire des besoins quotidiens, en plus des dépenses d’autres occasions, dont entre autres l’Aïd El Adha et son lot de dépenses. Ces dernières consistent en l’achat des vêtements de l’Aïd pour leurs enfants et la confection des gâteaux traditionnels, comme le veut la tradition. Or, cette année la ferveur des préparatifs de cette fête religieuse semble avoir été relégués aux calendes grecques. En effet, le mouton de l’Aïd a cédé, cette année, sa place au veau qui vient à la rescousse des ménages. Des centaines de ménages ont opté pour la ‘’ Nefqa’’. Cette pratique aussi ancestrale que traditionnelle relève du répertoire social des populations. Elle consiste en la cotisation de plusieurs personnes pour l’achat d’un veau, qui remplacera le mouton de l’aïd. À hauteur d’une cotisation de 2000 à 3000 DA, le cotisant a une part conséquente qui remplace le mouton de l’Aïd. Cette pratique autrefois dédiée à la »Zaket » , semble s’installer comme solution incontestée pour contrecarrer la flambée des prix du mouton de l’Aïd El Adha. De guerre lasse, des chefs de familles aux modestes revenus ont opté pour l’achat de quelques kg de viande et d’une fressure pour célébrer l’événement. D’autres ont délibérément préféré sacrifier cette fête religieuse en s’abstenant tout simplement. Au sein de cette ambiance morose, on déplore l’absence de cette ambiance conviviale qui a totalement disparu des mœurs des familles. Certaines personnes le regret des belles années où régnait une perceptible atmosphère de fête dans la ville mais, surtout de voir les enfants privés du mouton de l’Aïd. Si les potaches sont consignés cette année à s’en passer du bélier aux belles cornes, les débrouillards qui s’adonnent, pour l’occasion, aux petits métiers pour se faire de l’argent, ont fortement été affectés par la situation. En effet, les aiguiseurs de couteaux, de haches et vendeurs de foin, de charbon et autres outils utilisés dans le sacrifice du mouton, leur nombre à relativement disparu du décor de la ville. Hormis quelques- uns qui tentent de résister à l’usure de cet événement. Les uns vendent des gammes complètes de coutellerie et d’accessoires indispensables au sacrifice, d’autres proposent des sachets de congélation, brochettes, cure-dents… Entre les uns et les autres, il y a ceux qui ont carrément abandonné ces petits métiers. En conclusion, les vertus et les traditions ancestrales de ce rituel religieux s’estompent au fil des ans au point que l’Aïd-El-Adha, de l’avis de plus d’un « a perdu tout son sens d’antan »
Sofia Chahine