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Sahara occidental : La grave dérive de Paris

La France a récemment annoncé son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. Une prise de position gravissime qui foule au pied les principes du droit international et du respect des droits de l’homme et qui reflète un retour au pratiques coloniales qui la disqualifie de tout processus de règlement du conflit au Sahara occidental.  

En effet, en soutenant le plan marocain, la France ignore les résolutions de l’ONU et le droit international qui considèrent le Sahara occidental comme un territoire non autonome en attente de décolonisation.

Hamma Salama, membre du Secrétariat national du Front Polisario, a déclaré que cette position constituait « une grave dérive qui contraste avec le rôle de la France au Conseil de sécurité des Nations Unies ». Il a souligné que cette décision « torpille les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies au Sahara occidental ». Dans une déclaration à l’APS, Hamma Salama, a précisé que cette dérive française « torpille les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies au Sahara occidental, Staffan de Mistura, et menace la paix et la sécurité internationales ». Selon le même responsable, cette position intervient « alors que s’accentuent les souffrances du peuple sahraoui en lutte depuis plus de 50 ans pour son droit à l’autodétermination et à l’indépendance, pourtant garanti par la légalité internationale ». Cela étant, cette décision n’entame en rien la volonté du peuple sahraoui, « qui reste déterminé à arracher son droit par la lutte armée, l’unité nationale et la résistance », a-t-il soutenu. De son côté, le membre du Bureau permanent du Secrétariat national du Front Polisario et ministre conseiller à la Présidence de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Bachir Mustapha Sayed, a estimé que cette dangereuse position hostile au peuple sahraoui « foule aux pieds la légalité internationale et cautionne l’occupation marocaine des territoires du Sahara occidental ». Selon lui, cette décision marque « la fin du mirage du dialogue et des négociations avec la partie marocaine » et appelle « le resserrement du rang sahraoui et la poursuite de la lutte jusqu’au recouvrement, par le peuple sahraoui, de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance ». Le représentant du Front Polisario en Suisse et auprès de l’ONU et des organisations internationales à Genève, Oubi Bouchraya Bachir, a, lui aussi, déploré cette dangereuse position du Gouvernement français, assurant toutefois qu’elle n’aura aucune incidence sur le statut juridique du territoire ni sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance.

La position française soulève des doutes quant à sa capacité à jouer un rôle constructif dans le règlement du conflit. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la France est censée agir en conformité avec les décisions de cet organe et la légalité internationale. Dans ce contexte l’Algérie a dénoncé jeudi la position française soulignant que cette décision « ne sert absolument pas l’objectif de la paix au Sahara occidental » et qu’elle « aide à prolonger une impasse ». « Le Gouvernement algérien a pris connaissance avec un grand regret et une profonde désapprobation de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du gouvernement français apportant un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d’autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine », a indiqué le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger dans un communiqué. Le ministère des Affaires étrangères souligne que « les puissances coloniales, anciennes et nouvelles, savent se reconnaître, se comprendre et se tendre des mains secourables ». Selon le MAE, « la décision française relève manifestement d’un calcul politique douteux, d’un a priori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte et rien ne justifie ». Pour le MAE, « bien plus et alors même que la communauté internationale est convaincue depuis longtemps que la question du Sahara Occidental relève indubitablement d’un processus de décolonisation à parachever, cette même décision française vient en pervertir et fausser les données en donnant une caution à un fait colonial et en apportant un soutien injustifiable à une souveraineté contestée et contestable du Maroc sur le territoire du Sahara Occidental ». « Enfin, et alors que la conjoncture actuelle connaît une mobilisation des bonnes volontés au sein des Nations Unies à l’effet de donner un nouveau souffle à la recherche d’un règlement au conflit du Sahara Occidental, la même décision française vient s’inscrire à contre-courant de ces efforts dont elle contrarie et entrave le déploiement dans l’intérêt supérieur de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région », a-t-il déploré. Le Gouvernement algérien retient de la décision française qu' »elle ne sert absolument pas l’objectif de la paix au Sahara Occidental, qu’elle aide à prolonger une impasse et qu’elle justifie et aide à consolider le fait accompli colonial dans ce territoire », a-t-il soutenu. « Le Gouvernement algérien tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française et dont le Gouvernement français assume seul la pleine et entière responsabilité », a conclu le communiqué.

Samir Benisid

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