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Guelma : Des tonnes de tomates industrielles menacées

Les difficultés logistiques, dont le transport, occasionnent des pertes considérables aux professionnels de la filière de la tomate industrielle à Guelma.

Des tonnes de tomates récoltées au titre de la saison 2023/2024 font face à de grandes difficultés, en raison de la lenteur de la livraison des récoltes aux unités de transformation à Guelma. Cette wilaya, qui dispose de milliers d’hectares consacrés à cette filière stratégique à laquelle les pouvoirs publics accordent des avantages particuliers, est encore otage des contraintes logistiques. Si le problème d’irrigation a quelque peu été atténué, celui du transport demeure récurrent. En effet, le processus de livraison des récoltes aux usines de transformation est synonyme d’attente pour les agriculteurs de cette filière à valeur ajoutée. Ces derniers, comme chaque année, perdent des tonnes de leurs récoltes. Car, convient-il de noter, la tomate est un produit vulnérable et son exposition entassée dans les camions, des heures voire même des jours, provoque une détérioration rapide. C’est le constat dans ce cas de figure où d’interminables files de gros camions, de semi-remorques, de camionnettes et de remorques chargés de tomates fraîches encombrent les RN 80 et 21, ralentissant le processus de livraison aux unités de transformation d’El Fedjoudj, Bouati Mahmoud et Belkheir, relevant du secteur privé.

Ils sont des dizaines de véhicules en stationnement sur le bas-côté des chaussées et qui, sous un soleil de plomb, progressent au ralenti afin de pouvoir livrer leurs chargements de tomate industrielle. Ces longues files d’attente renseignent sur le problème de l’optimisation de la chaîne logistique de cette filière agroalimentaire. Une filière qui fait face au défaut de modélisation, d’optimisation de la production, du stockage et de la distribution, comme c’est le cas des tonnes de tomate industrielle vouées à la détérioration (pourrissement). Surtout que les agriculteurs, n’ayant pas de choix, sont obligés d’attendre 2 à 3 jours et parfois plus, avant de pouvoir décharger les cargaisons aux conserveries. Une situation qui, nous dit-on, accélère la détérioration des récoltes sous l’effet de la chaleur. D’où la contrainte de s’en débarrasser car elles ne peuvent être vendues en tant que produit transformable. D’ailleurs, sur les lieux, les odeurs nauséabondes et les écoulements sur la chaussée renseignent sur le volume des récoltes devant être jetées.

Ce constat regrettable alimente la frustration des producteurs. Certains d’entre eux que nous avons interrogés non loin de l’unité de transformation de Bouati ont exprimé de la colère. Les uns ont fait état des dépenses de location de camions et de leurs chauffeurs pour le transport de leurs récoltes, les autres ont soulevé la lenteur des unités de transformation dans la réception des récoltes. Entre les uns et les autres, il y a ceux qui appréhendent les pertes financières occasionnées par la détérioration de tonnes de tomates. Nos interlocuteurs ont déploré la répétition chaque année de ce même scénario et ce, en dépit, ont-ils estimé, des moyens humains et matériels déployés par les transformateurs. Car, ont souligné nos interlocuteurs, bien que la chaîne de transformation au sein des unités batte son plein pour accélérer la réception des récoltes, la cadence de la réception demeure insuffisante pour ne pas dire trop faible, nous dit-on.

Une situation qui a suscité la colère des professionnels de la filière de la tomate industrielle dans la wilaya de Guelma. Ces récurrentes difficultés logistiques, dont le transport et la lenteur de la réception des récoltes par les unités de transformation dépassées, risquent, faute d’alternatives, de compromettre la pérennité de la filière pour bon nombre de producteurs de tomate industrielle. Ces derniers n’ont pas caché leur intention de s’orienter vers la céréaliculture.

Sofia Chahine

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