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Un soutien qui isole Paris

La récente décision de la France de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental isole Paris sur la scène internationale et suscite de vives critiques au sein même de la classe politique française. Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Stéphane Dujarric, a rapidement réagi en rappelant que « les efforts des Nations unies concernant la résolution du conflit au Sahara occidental se poursuivront conformément aux résolutions du Conseil de sécurité ». La résolution du conflit au Sahara occidental se fera « conformément aux résolutions du Conseil de sécurité », a tenu à  Stéphane Dujarric. Cette déclaration souligne que la position française n’a aucun impact sur le traitement de la question sahraoui par l’ONU, qui continue de considérer le Sahara occidental comme un territoire non autonome inscrit depuis 1963 sur la liste de la 4e commission des Nations unies dite « Des politiques spéciales et de décolonisation ».

Dans un camouflet diplomatique pour Paris, l’Union européenne a tenu à se démarquer de la position française. Une porte-parole des affaires étrangères de l’UE a déclaré que « la position commune de l’Union européenne sur cette question reste inchangée », rappelant que « l’UE maintient sa position commune de soutenir le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et son envoyé personnel pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, pour poursuivre le processus politique visant à parvenir à une solution politique juste, réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental ». Cette prise de distance de l’UE souligne l’isolement de la France sur cette question sensible. La décision française, prise alors que le gouvernement est démissionnaire et que le président Emmanuel Macron a décrété une « trêve politique » pendant les Jeux olympiques de Paris, reflète d’ailleurs comme un manque de sérieux diplomatique. Ce timing malheureux a renforcé les critiques sur la gestion de ce dossier sensible par la diplomatie française.

La classe politique française s’indigne

La classe politique française s’est largement indignée de cette décision, la qualifiant de « grave », de « trahison » ou encore d' »erreur historique ». Fabien Roussel, secrétaire général du Parti communiste français (PCF), a accusé Emmanuel Macron de trahir « la position historique et équilibrée de la France sur les droits du peuple sahraoui comme sur les résolutions de l’ONU ». Il a ajouté que cette décision « ouvre une crise diplomatique grave pour poursuivre le pillage de l’Afrique ». Marine Tondelier, cheffe des écologistes, a dénoncé une « erreur historique prise par un homme seul, à la tête d’un Etat sans gouvernement, ni majorité », soulignant que cette décision trahit « la position historique de la France basée sur le respect du droit international et du droit des peuples à l’autodétermination ».

Le sénateur Jérémy Bacchi a critiqué une décision qui « piétine les résolutions des Nations unies qui prévoient l’organisation d’un référendum d’autodétermination ». Il a également pointé du doigt les motivations économiques derrière cette prise de position, évoquant « l’accaparation des richesses naturelles du Sahara Occidental ». Le député de la France insoumise (LFI) Hadrien Clouet a quant à lui qualifié ce geste de « précipité » et « contre le droit international », regrettant l’absence de débat sur une décision aussi importante.

Sidi Mohamed Omar, représentant du Front Polisario à l’ONU et coordinateur avec la MINURSO, a fermement réagi en déclarant que « le présent et l’avenir du Sahara occidental seront déterminés par le peuple sahraoui et non pas par la France ou un quelconque autre pays ». Il a souligné que la position française « viole le droit international et va à l’encontre de ses responsabilités en tant que membre permanent au Conseil de sécurité ».

Le Front Polisario a condamné le soutien français à l’occupation marocaine, affirmant que la France s’était « disqualifiée des efforts internationaux visant à mettre fin à la colonisation du Sahara occidental » et ne devrait plus faire partie de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).

Samir Benisid

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