Soudan: L’appel de la CPI
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a appelé lundi la communauté internationale à ne pas ignorer ce qui se passe au Darfour, au Soudan. S’exprimant devant le Conseil de sécurité, Khan a déclaré que « depuis le précédent briefing il y a six mois, la situation n’a fait qu’empirer ». Le procureur s’est dit « particulièrement préoccupé par les violations contre les enfants, ainsi que par la violence sexiste généralisée, y compris le viol ». Le procureur de la CPI a noté que « son bureau, sur la base des résultats de la collecte de preuves, se prépare actuellement à traiter des documents concernant des mandats d’arrêt ». Selon le procureur, ce qui se passe aujourd’hui fait écho à la tragédie survenue au Darfour en 2003. « Rappelons-nous qu’à l’époque, à la suite des combats et des atrocités, environ 300 000 personnes sont mortes et des millions ont été forcées de fuir leurs foyers », a-t-il rappelé . Selon lui, « le manque d’attention de la communauté internationale à ce qui se passe au Darfour pourrait conduire à une augmentation de l’ampleur des crimes commis ». « Le sentiment d’impunité parmi les personnes impliquées dans les événements d’El Geneina, ou plus récemment d’El Fasher, est motivé par une conviction profondément enracinée selon laquelle le monde ne nous regarde pas », a ajouté le procureur. « Nous devons leur montrer par nos actions que ce n’est pas le cas », a-t-il conclu. De son côté, l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a appelé à la cessation immédiate des combats et à l’expansion de l’aide alimentaire et monétaire vitale, ainsi que de l’aide agricole d’urgence, pour réduire la propagation de la famine au Soudan. Via un communiqué, le directeur général de la FAO, Qu Dongyu, a déclaré : « Nous sommes témoins d’horribles conditions de famine dans certaines parties du Nord-Darfour et d’un risque croissant de famine dans d’autres zones touchées par le conflit, en particulier au Darfour, au Sud-Kordofan, à Khartoum et à Gezira ». « Nous avons besoin d’une action urgente et coordonnée pour éviter une catastrophe encore plus grande. La famine peut être stoppée, mais une cessation immédiate des hostilités est une première étape nécessaire. La paix est une condition fondamentale de la sécurité alimentaire, et le droit à l’alimentation l’est également. C’est un droit humain fondamental », a-t-il ajouté. Depuis la mi-avril 2023, l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide mènent une guerre qui a fait environ 18 800 morts et environ 10 millions de déplacés et de réfugiés, selon les Nations unies.
R.I.