Culture

« From Ground Zero » aux Oscars: Le cinéma palestinien s’élève des ruines de Ghaza

Le long métrage « From Ground Zero » représentera officiellement la Palestine à la 97e édition des Oscars en 2025, dans la catégorie « Meilleur long métrage international ».

Dans un contexte géopolitique tendu et tragique, le cinéma palestinien fait preuve d’une résilience remarquable. Le jeudi 22 août 2024, le ministère palestinien de la Culture a annoncé une nouvelle qui résonne comme un cri de vie au milieu du chaos : le long métrage « From Ground Zero » représentera officiellement la Palestine à la 97e édition des Oscars en 2025, dans la catégorie « Meilleur long métrage international ». Cette œuvre collective, produite par le cinéaste palestinien chevronné Rashid Masharawi, est bien plus qu’un simple film. C’est un témoignage poignant, une mosaïque de 22 courts métrages réalisés par de jeunes cinéastes ghazaouis, parmi lesquels Nada’A Abu Hasna, Bashar Al-Belbessy, Mahdi Karira et Aws Al-Banna. Ensemble, ils ont choisi le septième art comme medium pour dénoncer et documenter les événements tragiques qui ont secoué la bande de Ghaza depuis octobre 2023. « From Ground Zero » est né dans des conditions extrêmes, sous les bombes et avec des moyens extrêmement limités. Pourtant, c’est précisément cette adversité qui donne au film sa force brute et son authenticité bouleversante. Chaque segment du film capture des tranches de vie, des expériences personnelles, des histoires que le monde ne devait pas ignorer.

Le ministre palestinien de la Culture, Imad Hamdan, a souligné l’importance symbolique de cette nomination : « Elle confirme le rôle crucial du cinéma palestinien, même dans les circonstances les plus difficiles et les plus injustes. Ces réalisateurs ont réussi à raconter leurs histoires et à documenter leurs expériences humaines dans les conditions les plus dures imaginables. » L’initiative de ce projet revient à Rashid Masharawi, figure emblématique du cinéma palestinien. Face à la guerre génocidaire lancée par l’occupation sioniste en octobre 2023, il a lancé un appel à la communauté cinématographique de Ghaza. La réponse a été immédiate et généreuse. Des cinéastes, des particuliers, des institutions régionales et internationales se sont mobilisés pour soutenir le projet. Huit mois plus tard, « From Ground Zero » voyait le jour, témoignage cinématographique des souffrances endurées par la population civile de Ghaza. Le film a déjà commencé son parcours international. Son avant-première mondiale s’est tenue en juillet 2024 lors du 5e Festival international du film d’Amman en Jordanie. Il est également programmé pour le 49e Festival international du film de Toronto en septembre prochain. Parallèlement, des projections sont en cours dans dix villes palestiniennes, permettant aux populations locales de voir leur réalité reflétée sur grand écran. Ce qui frappe dans « From Ground Zero », c’est sa capacité à transcender le simple reportage pour atteindre une dimension artistique et humaine profonde. Chaque court métrage est une fenêtre ouverte sur l’intimité des Ghazaouis, leurs peurs, leurs espoirs, leur quotidien bouleversé. Les jeunes réalisateurs ont su capter des moments de vie qui, mis bout à bout, composent un tableau saisissant de la résilience humaine face à l’horreur de l’occupation et du génocide. La nomination aux Oscars est un moment historique pour le cinéma palestinien. Elle offre une plateforme internationale à des voix souvent marginalisées et permet de porter l’attention du monde sur une situation humanitaire critique. Mais au-delà de cet aspect politique, « From Ground Zero » est avant tout une œuvre d’art collective, née de l’urgence et de la nécessité de témoigner.

Le cinéma, ici, joue pleinement son rôle de mémoire collective. Il capture l’histoire en train de se faire, préserve des récits qui auraient pu être oubliés ou effacés. C’est un acte de résistance culturelle, une affirmation que même dans les conditions les plus extrêmes, l’art et la créativité peuvent fleurir. La route vers les Oscars sera longue et incertaine pour « From Ground Zero ». Mais quelle que soit l’issue de la compétition, le film a déjà accompli quelque chose de remarquable : il a donné une voix et un visage à ceux qui trop souvent ne sont que des statistiques dans les journaux télévisés. Il a transformé la douleur en art, l’impuissance en créativité. Alors que le film continue son parcours à travers festivals et salles de cinéma, il porte avec lui l’espoir que l’art puisse, sinon changer le monde, du moins ouvrir les yeux et les cœurs. « From Ground Zero » n’est pas seulement un film sur Ghaza, c’est un hymne universel à la résilience humaine.

Mohamed Seghir

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