La Slovénie fait subir un nouveau camouflet diplomatique au Maroc
Le royaume chérifien vient d’essuyer un cinglant désaveu sur la scène internationale concernant la question du Sahara occidental.
Après l’épisode humiliant du sommet de la TICAD au Japon, c’est au tour de la Slovénie de démentir catégoriquement les allégations marocaines quant à un prétendu changement de position sur ce dossier épineux.En effet, la vice-Première ministre et ministre des Affaires étrangères slovène, Mme Tanja Fajon, vient de réaffirmer sans ambiguïté la position « ferme et constante » de son pays en faveur du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, conformément aux résolutions de l’ONU. Cette déclaration officielle vient balayer d’un revers de main les affirmations mensongères diffusées il y a quelques mois par Rabat, selon lesquelles Ljubljana aurait rallié le camp des soutiens à la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Un démenti cinglant qui expose au grand jour la stratégie de désinformation orchestrée par le Makhzen. En mars dernier, à l’occasion d’une visite de Mme Fajon à Rabat, une véritable avalanche médiatique avait été déclenchée par le royaume pour proclamer urbi et orbi un supposé revirement slovène sur ce dossier. Les médias officiels et officieux marocains s’étaient empressés de relayer à grand renfort de dépêches triomphantes cette « victoire diplomatique » du régime. Las pour Rabat, ce château de cartes s’est effondré en l’espace de quelques mois. Non content de réaffirmer sa position de principe, Ljubljana a tenu à graver dans le marbre sa position lors de la visite du du ministre de Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf. Un communiqué conjoint, publié sur les sites officiels des deux ministères, vient ainsi rappeler noir sur blanc le soutien « permanent et continu » de la Slovénie au droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même.
Ce camouflet diplomatique illustre une nouvelle fois les limites de la stratégie marocaine basée sur la désinformation et les pressions tous azimuts. En tentant de forcer la main à un pays européen attaché de longue date au principe d’autodétermination, le Makhzen a manifestement péché par excès de confiance. La Slovénie, dont l’indépendance même est le fruit de ce principe fondamental du droit international, n’était clairement pas le bon client pour ce genre de manœuvres. Cet épisode met en lumière la fragilité des soi-disant victoires diplomatiques dont se targue régulièrement Rabat. Derrière la façade des communiqués triomphalistes et l’activisme tous azimuts de sa machine de propagande, le royaume peine en réalité à élargir significativement le cercle de ses soutiens sur la question sahraouie. Le bluff marocain sur un prétendu ralliement massif à son « plan d’autonomie » ne résiste décidément pas à l’épreuve des faits.
Ce nouveau revers intervient dans un contexte déjà difficile pour la diplomatie chérifienne. L’échec retentissant essuyé lors du sommet Japon-Afrique (TICAD) à Tunis en août dernier a déjà largement écorné l’image du royaume. La présence du chef du Front Polisario à cette réunion de haut niveau, malgré les pressions de Rabat, avait alors été vécue comme une humiliation par le Makhzen. Au-delà de ces épisodes ponctuels, c’est bien la stratégie globale du Maroc sur le dossier sahraoui qui semble dans l’impasse. Malgré ses efforts pour imposer le fait accompli de l’occupation, le royaume se heurte à la résistance du droit international et des principes fondamentaux de l’ONU. La communauté internationale, à l’image de la Slovénie, continue très majoritairement de considérer le Sahara occidental comme un territoire non-autonome en attente de décolonisation. Face à cette situation, Rabat semble de plus en plus tenté par la fuite en avant. Multipliant les gesticulations diplomatiques et les annonces spectaculaires, le régime cherche à masquer son isolement croissant sur la scène internationale. Mais cette stratégie du fait accompli et du passage en force se heurte régulièrement à la réalité du terrain diplomatique, comme l’illustre ce nouveau camouflet slovène.
À l’heure où le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à examiner une nouvelle fois la question du Sahara occidental, ce désaveu de Ljubljana résonne comme un rappel salutaire. Il démontre que malgré les pressions et les manœuvres de Rabat, la communauté internationale reste attachée au droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination. Un principe que ni les gesticulations diplomatiques ni les campagnes de désinformation du Makhzen ne semblent en mesure d’ébranler.
Hocine Fadheli