La protection du patrimoine culturel : Une priorité nationale
Dans un effort continu pour préserver son riche héritage historique et culturel, l’Algérie renforce ses mesures de protection des biens culturels. Une récente opération menée par les forces de sécurité à Batna illustre l’engagement des autorités dans cette lutte contre le trafic illicite d’objets archéologiques.
Les éléments de la Sûreté de daïra de N’gaous, dans la wilaya de Batna, ont effectué lundi une saisie importante d’objets archéologiques et de pièces de monnaie anciennes. Cette opération, fruit d’une enquête minutieuse, a permis de récupérer un véritable trésor patrimonial. Il s’agit plus exactement de 12 pièces de monnaie de la période islamique, 15 grandes pièces de monnaie de l’antique période romaine, un poignard en cuivre avec sa gaine, appartenant au patrimoine culturel local, un masque en bois, et de deux statues, l’une représentant une femme pharaonique, l’autre un éléphant entre deux lions. La saisie compte aussi des appareils de détection de métaux et deux flacons contenant des solutions d’analyse de métaux précieux.
Cette saisie témoigne de la diversité et de la richesse du patrimoine algérien, couvrant plusieurs périodes historiques importantes. Elle met également en lumière les méthodes sophistiquées utilisées par les trafiquants, comme l’utilisation de détecteurs de métaux et de produits chimiques pour l’analyse des objets.
La récupération de ces objets s’inscrit dans une stratégie plus large de protection du patrimoine culturel algérien. Soraya Mouloudji, ministre de la Culture et des Arts, a souligné au mois de mai dernier l’importance de cette mission. « Notre patrimoine culturel est une partie intégrante de notre identité et de notre histoire. La responsabilité de sa protection est un devoir national par excellence et un grand défi pour l’État algérien », a indiqué la ministre à l’ouverture d’un atelier de formation dédié à la lutte contre le trafic de biens culturels.
Cette volonté politique se traduit par des actions concrètes. En effet, au mois de mai dernier, cette session de formation sur la protection du patrimoine culturel national a été organisée à Alger. Cette initiative, fruit d’une collaboration entre le ministère de la Culture et des Arts et le secteur de la Justice, visait à renforcer les compétences des cadres du corps judiciaire dans ce domaine. La ministre a insisté alors sur l’importance de la collaboration entre les autorités judiciaires, les institutions culturelles et la société civile pour relever les défis liés à la protection du patrimoine. Il faut dire que cette démarche a abouti à des fruits tangibles/ Au cours des quatre dernières années, les services du ministère, en coordination avec les partenaires sécuritaires, ont suivi 123 dossiers, enregistré 96 affaires devant la Justice, et récupéré 31 507 biens culturels mobiliers. Rien que pour le premier trimestre de 2024, 8 affaires ont conduit à la restitution de 1 262 biens culturels.
La protection du patrimoine culturel en Algérie va au-delà de la simple préservation d’objets anciens. Comme l’a souligné Mouloudji, ces biens sont « le titre de notre identité, de notre authenticité, de notre mémoire et de notre civilisation ». Cette vision s’aligne sur les instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui vise à renforcer la protection, la récupération, la préservation et la valorisation des biens culturels.
Malgré ces efforts, le trafic illicite de biens culturels reste un défi majeur. Les méthodes utilisées par les trafiquants évoluent constamment, nécessitant une adaptation continue des stratégies de protection. La saisie à Batna montre que même dans des régions éloignées des grands centres urbains, le patrimoine culturel reste vulnérable. Le ministère de la Culture et des Arts prévoit ainsi d’organiser davantage de sessions spécialisées et de formations techniques intensives, notamment pour les équipes de lutte contre les atteintes au patrimoine culturel. Aussi, des campagnes d’information visant à sensibiliser le grand public à l’importance du patrimoine culturel et aux conséquences du trafic illicite sont en cours de planification. Enfin, L’Algérie cherche à renforcer sa collaboration avec d’autres pays et organisations internationales pour lutter contre le trafic transfrontalier de biens culturels.
La protection du patrimoine culturel en Algérie est plus qu’une simple mission de préservation ; c’est un engagement envers l’histoire, l’identité et l’avenir du pays. Chaque objet récupéré, comme ceux saisis à Batna, représente un fragment précieux de la mémoire collective algérienne. En continuant à investir dans cette protection, l’Algérie ne préserve pas seulement son passé, mais construit aussi les fondations culturelles de son futur.
Mohamed Seghir