El Mordjane interdite d’importation en France : Un blocage et des questions
L’interdiction récente des produits de la marque El Mordjane en France et dans plusieurs pays européens met en lumière les obstacles croissants auxquels font face les exportateurs algériens sur le marché européen. El Mordjane, reconnue pour ses produits de pâtisserie et notamment sa pâte à tartiner, avait réussi à conquérir une clientèle internationale grâce à la qualité et l’authenticité de ses produits. Son expansion rapide et le succès qu’elle a rencontré en France témoignait non seulement de l’attrait croissant pour les produits naturels, mais aussi de la reconnaissance de l’expertise algérienne dans ce domaine. Cependant, ce succès a été brutalement interrompu par une décision administrative européenne, mettant en évidence les défis auxquels sont confrontés les exportateurs algériens.
L’interdiction, basée sur l’article 20, paragraphe 3 du règlement de l’UE n° 2020/2292, a été vivement critiquée par l’Association de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement qui soulève des questions sur l’équité des pratiques commerciales et la transparence des processus de contrôle au sein de l’UE. Les exportateurs algériens, déjà confrontés à des barrières tarifaires et non tarifaires, voient dans cette décision un nouvel obstacle à leur développement sur le marché européen. L’Apoce dénonce dans ce sens un protectionnisme déguisé de la part de l’UE.
Le cas d’El Mordjane n’est pas isolé. De nombreux exportateurs algériens font face à des difficultés similaires lorsqu’ils tentent de pénétrer le marché européen. Les normes strictes de l’UE sont autant de barrières protectionnistes déguisées qui faussent les règles du jeu du marché libre tant prônée lorsqu’il le flux des marchandises va dans le sens inverse.
L’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, entré en vigueur en 2005, était censé faciliter les échanges commerciaux. Cependant, de nombreux exportateurs algériens estiment que cet accord n’a pas tenu ses promesses. Ils font valoir que les avantages sont largement en faveur des entreprises européennes, tandis que les exportateurs algériens continuent de faire face à des obstacles significatifs.
Malgré ces défis, l’histoire d’El Mordjane et d’autres entreprises algériennes similaires témoigne du potentiel considérable des produits algériens sur le marché mondial. La qualité et l’authenticité des produits algériens sont de plus en plus reconnues et appréciées par les consommateurs européens. L’incident El Mordjane a suscité un débat sur la nécessité d’une approche plus proactive dans les relations commerciales avec l’UE. Il met en évidence l’urgence d’une renégociation de l’Accord d’association pour garantir un accès plus équitable au marché européen pour les produits algériens.
En fin de compte, l’affaire El Mordjane sert de catalyseur pour une réflexion plus large sur la stratégie d’exportation de l’Algérie et sur la nécessité d’un soutien accru aux entreprises algériennes cherchant à s’imposer sur le marché international.
Samir Benisid