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Sonatrach dans la cour des grands

Par Abderrahmane Mebtoul

Professeur des universités, expert international en management stratégique institutions internationales – docteur d’Etat 1974, ancien directeur général des études économiques et premier conseiller à la Cour des comptes 1980/1983- ancien directeur des études aux ministères de l’Industrie et de l’Energie et Président de la commission transition énergétique des 5+5+ Allemagne (2019/2021).

Cette présente contribution se penche sur les objectifs de la participation du Président-directeur général (P-DG) de Sonatrach à la Conférence mondiale sur l’énergie « Gastech » à Houston (Etats-Unis du 17 au 20 septembre 2024) au cours de laquelle il a rencontré les responsables des principales compagnies énergétiques mondiales. Il a été question de renforcer la coopération énergétique entre Sonatrach et d’importantes compagnies mondiales

L’Algérie n’est non un très grands pays pétrolier avec des réserves de 12 milliards de barils de pétrole, mais il joue un rôle actif au sein de l’OPEP+. C’est par contre un grand pays gazier avec 2500 milliards de mètres cubes de réserves de gaz conventionnel ( source conseil des ministres repris par l’APS 2021 ) sans compter 19800 milliards de mètres cubes gazeux de réserves de gaz de schiste détenant ainsi le 3e réservoir gazier mondial. L’Algérie s’est classée au 7ème rang mondial en matière de volumes exportés en gaz naturel en 2023, avec un total de 52 milliards de m3 selon l’Union internationale du gaz (IGU). Elle est devenue le deuxième fournisseur en gaz en de l’Europe après la Norvège, ses parts de marché passant de 12% en 2020 à 19% en 2023. Sonatrach ambitionne d’atteindre des exportations globales d’environ 100 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2028/2030. Cela suppose un investissement important, afin de réaliser une production globale de 200 milliards de mètres cubes gazeux dont 80 milliards de mètres cubes gazeux pour la consommation intérieure qui en 2023 approche les exportations du fait de la politique des subventions, et devant injecter 20% dans les puits pour éviter leur épuisement. C’est une importante compagnie pétrolière. Selon le magazine britannique « The Economist », entre 2022 et 2023, la Sonatrach a été classée parmi les quinze plus grandes compagnies pétrolières au monde et en douzième position en termes de production de pétrole et de gaz. Le magazine « Jeune Afrique », dans son édition 15 Mars 2023 a souligne la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, est classée première entreprise en Afrique dominant le classement des entreprises africaines avec un chiffre d’affaires de 77,325 milliards de dollars et un résultat net de 11,847 milliards, contribuant ainsi à plus de 10 % du chiffre d’affaires total des 500 entreprises répertoriées, qui s’élève à 760 milliards de dollars. Une position que la Sonatrach maintient depuis plusieurs années. Au niveau national, pour l’année 2023, il ressort que les recettes en hydrocarbures ont atteint près de 50 milliards de dollars, contre 60 milliards de dollars en 2022, une baisse de 16% procurant avec les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures près de 98% des recettes en devises du pays.

Qu’en est-il de la coopération économique USA/Algérie ?

Selon les chiffres de la Cnuced, l’Algérie figure dans le top 20 africain des pays les plus attractifs en matière d’investissements directs étrangers (IDE) ayant réalisé des flux d’IDE d’un montant de 1,21 milliard de dollars en 2023, contre en 2022, 255 millions de dollars et 870 millions de dollars en 2021. Dans son rapport de 2021, le FMI a estimé que les échanges commerciaux-importation et exportation entre l’Algérie et les États-Unis représentaient 6,2 milliards de dollars du stock cumulé d’investissements directs étrangers de l’Algérie, soit près de 28 % de tous les investissements directs étrangers étant le premier investisseur inclus les hydrocarbures, l’Italie 10% , la France 10% , l’Espagne 7% et le Royaume Uni 6%, encore que récemment des pays du Golfe dont le Qatar sont en train d’investir. Dans le domaine énergétique, les compagnies américaines sont reconnues comme les plus importantes du monde, étant entendu que l’Algérie défend avant tout ses propres intérêts mais a besoin de technologies de pointe qui sont en perpétuelle évolution et du savoir faire et ce, malgré les efforts importants de Sonatrach dans la formation des ressources humaines. L’ Algérie a toujours entretenu depuis l’ère du défunt président Houari Boumediene, 1965/1979 à ce jour une étroite collaboration avec les Etats-Unis d’Amérique dans le domaine énergétique. Le 22 janvier 2024 le président du Conseil d’administration du Conseil d’affaires algéro-américain (USABC), accompagné de 26 entreprises), a fait part, des intérêt à investir dans plusieurs secteurs en Algérie, notamment les énergies renouvelables, l’agriculture, l’industrie et la technologie, particulièrement après avoir pris connaissance du climat des affaires en Algérie, surtout en termes des facilitations et des avantages fiscaux contenus dans la nouvelle loi sur les investissements notamment son volet fiscal. Dans le domaine énergétique, titre d’exemple le 19 juillet 2022, l’ambassade US à travers le partenariat Sonatrach /Occidental Total Energies et ENI, avait annoncé le un accord de partage de production de 4 milliards de dollars portant sur un projet de production et de développement qui produira un milliard de barils de pétrole à partir du bassin de Berkine dans la wilaya de Ouargla. Cet investissement crucial permettra l’utilisation de la technologie d’acquisition 3D haute densité pour la première fois en Algérie et comprend le forage de 100 nouveaux puits de pétrole et la conversion de plus de 40 puits existants, avec l’utilisation de la technologie sismique 3D qui se traduira par de meilleurs taux de récupération et établira une nouvelle norme pour la récupération du pétrole en éliminant le besoin de forer plusieurs puits d’exploration et en minimisant l’impact de l’exploration et de la production sur l’environnement. Cet accord prévoit la mise en place des opérations sûres et efficaces qui exploitent la puissance de la technologie de stockage du CO2 à grande échelle pour piloter des programmes de récupération du pétrole (EOR) avec des mesures concrètes pour réduire les émissions. Récemment courant 2023/2024, nous avons assisté à plusieurs visites en Algérie de compagnies américaines , telles qu’Exxon Mobil, Chevron, Hecate Energy, ARC Energy, NESR, REASOL, Philippe Group Mining, et d’autres qui ont examinés les opportunités d’investissement en particulier dans le domaine de l’exploration, du développement et de l’exploitation des hydrocarbures, ainsi que dans les domaines de la pétrochimie, de la numérisation, des solutions technologiques, de la réduction des émissions et de la diminution de l’empreinte carbone visant à établir des partenariats mutuellement bénéfiques avec les entreprises algériennes en transférant des connaissances et en fournissant une formation, en particulier dans le domaine de la recherche et de l’exploration y compris les terres rares». Un intérêt suscité par la nouvelle loi sur les hydrocarbures et les incitations qu’elle introduit. Le Service Commercial de l’Ambassade des Etats-Unis à Alger a mis en évidence la présence et les capacités de la société américaine Flowserve en Algérie qui a investi pour construire le tout premier testeur de joints à gaz sec en Afrique, qui sera opérationnel en 2024, cet investissement visant à renforcer ses liens avec des partenaires algériens clés comme Sonatrach,permettant aux clients de recevoir une assistance locale, plutôt que d’envoyer des réparations à l’étranger, ce qui leur fait gagner du temps et de l’argent

Partenariat gagnant- gagnant

C’est pour accroitre ses recettes dans le cadre d’un partenariat gagnant- gagnant qu’entrent les perspectives de la dynamisation de la coopération dans le domaine énergétique USA/Algérie et des contacts du P-DG de Sonatrach ,lors de sa participation à la Conférence mondiale sur l’énergie « Gastech » à Houston dont je fais un bref résumé : avec deux grandes compagnies mondiales dont le président de la compagnie américaine Chevron international exploration and production, avec lequel ont été examinés les possibilités de renforcement de la coopération dans le domaine de l’exploration et de la production, a indiqué un communiqué du groupe Sonatrach et d’étendre leur partenariat dans le secteur énergétique et d’étendre le partenariat suite au mémorandum d’entente signé à Alger le 13 juin 2024, pour le développement des ressources en hydrocarbures dans des zones d’intérêt commun et avec Exxon-Mobil où une délégation de haut niveau conduite par le vice-président pour l’exploration et les nouvelles opportunités,, où la compagnie s’est engagée à intégrer les meilleures pratiques en matière de protection de l’environnement et de réduction de son empreinte carbone dans l’ensemble de ses opérations, où a été mis en relief les vastes potentialités de l’Algérie dans le domaine des énergies renouvelables, ainsi que les perspectives prometteuses du développement de l’énergie solaire et éolienne dans les Hauts Plateaux et le Sud du pays, ainsi que le programme visant à promouvoir l’hydrogène vert à moyen terme, tout cela rentrant dans le cadre du mémorandum d’entente signé à Alger en mai 2024. Il y a eu d’autres rencontres – avec le Directeur général de l’activité amont de la compagnie ENI, les discussions ayant porté essentiellement sur la coopération et les perspectives de développement des activités et du partenariat entre les deux groupes concernant les contrats liant les deux parties et relatifs à plusieurs champs tels qu’In Salah, In Amenas et Berkine, – avec le Président-directeur général de la compagnie Honeywell spécialisée dans les services pétroliers et les solutions technologiques innovantes pour les systèmes de surveillance automatisée dans l’industrie énergétique et les moyens de développer le partenariat existant dans le cadre du protocole d’entente signé en 2022, portant sur le développement et la modernisation des installations de Sonatrach en identifiant les technologies les plus efficaces pour réduire l’empreinte carbone, – avec le Directeur général de l’entreprise japonaise « Yokogawa », spécialisée dans la production d’appareils de mesure et de contrôle, les technologies de l’information, la cybersécurité et l’automatisme, – avec le P-DG de la compagnie norvégienne « ICA-Finance », spécialisée dans la mise en place des technologies de détection des émissions de gaz et de méthane LDAR (Leak detection and repair). ICA- cette société réalisant et finançant les projets de détection des émissions de gaz , en récupérant son financement à travers les revenus générés par le Crédit-carbone., -avec la délégation de la société américaine Baker Hughes conduite par son PDG avec lequel ce dernier a abordé le partenariat bilatéral à travers leurs deux filiales ALGESCO et APAC », ayant convenu de réaménager l’atelier de réparation des machines et des turbines de la filiale ALGESCO à Boufarik dans la wilaya de Blida et le bilan de l’état d’avancement de la fabrication des compresseurs à turbines destinés à la réalisation de la station Boosting III, Etape 2 à Hassi R’mel, – avec la délégation de la compagnie allemande « Uniper », laquelle a affiché son intérêt d’être approvisionnée en gaz naturel par Sonatrach, outre sa volonté d’établir un partenariat commun dans le domaine des énergies renouvelables, – avec la société allemande « Linde Gas » spécialisée dans la fabrication de l’hélium et des gaz industriels, avec la société américaine « Solar Turbines », spécialisée dans la fabrication des turbines et avec le président de la société japonaise « JGC » spécialisée dans la réalisation de grands projets énergétique selon le modèle EPC (Engineering, Procurement & Construction), et qui a réalisé, dans le cadre de ses contrats avec Sonatrach, plusieurs projets importants dont le projet « Boosting III », Etape 1 à Hassi R’mel. En parallèle, deux réunions ont été tenues , l’une avec le directeur général la société mauritanienne des hydrocarbures (SMH), lors de laquelle le P-DG de Sonatrach a fait part de relancer le mémorandum d’entente signé en 2023, étant convenu une prochaine rencontre entre les deux parties et l’autre avec une délégation libyenne conduite par le ministre libyen du Pétrole et du Gaz, ayant porté sur la coopération dans le cadre du mémorandum d’entente signé entre Sonatrach et la compagnie pétrolière nationale de la Libye (NOC), auquel un avenant avait été introduit en début d’année 2024, pour la reprise de l’activité du groupe algérien au titre de ses engagements contractuels et le développement des gisements pétroliers et gaziers découverts en partenariat en Libye, pour ce dernier cas, tout dépendra de la stabilisation politique.

En conclusion, bien qu’il faille ne pas confondre lettre d’intention qui n’engage nullement le partenaire et contrat définitif , selon nos informations auprès des organisateurs, ces différentes rencontres ont été très fructueuses et très prochainement l’impact de cette visite verra la concrétisation de certains contrats définitifs avec d’importantes sociétés énergétiques mondiales, notamment américaines et Sonatrach qui est elle-même une grande firme internationale. Cela permettra d’accroître la production de Sonatrach ainsi que le lancement de projets rentrant dans le cadre de la transition énergétique. Reconnu comme acteur stratégique et fiable , la stratégie de l’Algérie via Sonatrach est de développer les filières énergétiques à l’amont et à l’aval des hydrocarbures traditionnels et de contribuer au développement des énergies renouvelables, et donc à la relance économique 2028/2028.

ademmebttoul@gmail.com

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