Tunisie : Kaïs Saïed réélu à plus de 89% des voix
Les urnes ont livré leur verdict dimanche en Tunisie : le président sortant Kaïs Saïed remporte une victoire écrasante avec 89,2% des suffrages, selon les sondages de sortie des urnes réalisés par l’institut Sigma Conseil.
Les chiffres sont éloquents : Kaïs Saïed distance largement ses concurrents dès le premier tour, rendant inutile l’organisation d’un second tour. Son plus proche rival, l’industriel libéral Ayachi Zammel, 47 ans, n’obtient que 6,9% des voix, tandis que le député de la gauche panarabe Zouhair Maghzaoui complète le podium avec 3,9% des suffrages. Cependant, cette victoire massive est ternie par une abstention record. Seuls 27,7% des électeurs se sont rendus aux urnes, une chute vertigineuse par rapport aux 45% de participation enregistrés il y a cinq ans. Le président de l’autorité électorale Isie, Farouk Bouasker néanmoins qualifié ce taux de « respectable ». Les données démographiques du vote révèlent un soutien particulièrement fort chez les jeunes électeurs. Selon Hassen Zargouni, directeur de Sigma Conseil, 87,3% des électeurs de moins de 35 ans ont accordé leur confiance à Kaïs Saïed. Cette statistique suggère que le président sortant conserve un capital de popularité significatif auprès de la jeunesse tunisienne, crucial pour son mandat à venir.
Le soutien populaire à Saïed semble largement motivé par son image de pourfendeur de la corruption. « Saïed est le premier président qui a combattu les politiciens corrompus et les hommes d’affaires influents », témoigne Salem Lahmar, un vendeur de fruits, illustrant le sentiment d’une partie de la population qui voit en lui un rempart contre les dérives du système. Cette réélection massive dans un contexte de faible participation place Kaïs Saïed face à des défis considérables. Avec seulement 2,46 millions de votants sur plus de 9 millions d’électeurs inscrits, le président devra travailler à rassembler une nation visiblement divisée sur son projet politique. Dans un contexte régional complexe et face à des défis économiques persistants, la Tunisie de Kaïs Saïed devra démontrer que cette réélection marque le début d’une nouvelle phase constructive pour la démocratie tunisienne, et non un simple statu quo politique.
Lyes Saïdi
