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Sahara occidental : Un tournant historique vers l’autodétermination

Le combat du peuple sahraoui pour son autodétermination et son indépendance connaît un tournant décisif. La récente décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), rendue le 4 octobre dernier, marque une victoire juridique sans précédent pour la cause sahraouie, tout en portant un coup sévère à la politique d’occupation marocaine. Dans un arrêt historique, la CJUE a annulé deux accords commerciaux entre l’Union européenne et le Maroc dans les secteurs de la pêche et de l’agriculture, au motif qu’ils incluaient illégalement le territoire du Sahara occidental. Cette décision, qualifiée de « définitive » par le Centre d’études et de documentation franco-sahraoui Ahmed-Baba-Miske, réaffirme le statut distinct du Sahara occidental et l’absence de souveraineté marocaine sur ce territoire. Le président sahraoui, Brahim Ghali, a salué cette décision comme « une grande victoire pour le peuple sahraoui et pour le droit, la justice et la légalité ». Il a souligné que cet arrêt « vient appuyer les vérités concernant le Sahara occidental », rappelant que « le Maroc n’a aucune souveraineté sur ce territoire et qu’il s’agit là de deux pays séparés et distincts ».

Cette victoire juridique s’inscrit dans une longue tradition de décisions favorables à la cause sahraouie. Le président Ghali a rappelé que déjà en 1975, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye avait rejeté « de manière catégorique toute souveraineté du Royaume marocain sur le Sahara occidental », confirmant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Les implications de cette décision sont multiples. Sur le plan politique, elle réaffirme le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et remet en question la légitimité des accords passés sans le consentement du Front Polisario, reconnu comme le représentant unique et légitime du peuple sahraoui. Elle fragilise également les positions diplomatiques de pays comme l’Espagne et la France, qui ont récemment apporté leur soutien au plan marocain de pseudo-autonomie.

Sur le plan économique, les conséquences sont tout aussi importantes. Le Maroc devrait perdre environ 50 millions d’euros par an dans le seul secteur de la pêche. L’annulation des accords commerciaux avec l’UE aura un impact significatif sur l’économie de l’occupation, basée principalement sur l’exploitation des ressources naturelles sahraouies dans les domaines de la pêche, de l’agriculture et de l’extraction du phosphate. La réaction du Maroc à cette décision a été vive, allant jusqu’à remettre en question l’intégrité et la compétence des juges européens. Le président Ghali a dénoncé cette attitude, rappelant qu’il existe « une justice intègre et non soumise aux procédés corrompus systématiques du Maroc, ni au chantage et à l’espionnage ».

Un soutien croissant à la cause sahraouie

Cette victoire juridique intervient alors que le soutien international à la cause sahraouie ne cesse de croître. Lors du récent Forum international de la jeunesse pour la solidarité avec le Sahara occidental à Bilbao, des représentants de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine ont réaffirmé leur soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Sinzka Alvi Lundy, représentant du Zimbabwe, a souligné l’importance de ce forum pour « éduquer et responsabiliser les jeunes sur leurs droits », mais aussi pour « créer un réseau où ils peuvent partager leurs expériences et leurs stratégies de plaidoyer ». La représentante palestinienne, Meriem Salem, a quant à elle mis en lumière les similitudes entre les luttes sahraouie et palestinienne, toutes deux confrontées à des murs de séparation et d’occupation. Le soutien international s’étend également à l’Amérique latine. Simon Rordriguez, un jeune étudiant colombien, a rappelé la décision historique du président Gustavo Petro de rétablir les relations diplomatiques avec la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en août 2022, marquant un tournant dans la reconnaissance internationale de l’État sahraoui. Face à ces avancées, le président Ghali a appelé l’Union européenne à se conformer « pleinement et strictement » à la décision de sa juridiction. Il a exhorté le Conseil européen et la Commission européenne à « corriger l’erreur grave consistant à signer des accords illégaux avec l’État marocain occupant et expansionniste qui pille les ressources d’un peuple sans défense et opprimé dans un territoire en attente de décolonisation ». Le président sahraoui a rappelé que tous les accords et transactions impliquant les territoires, l’espace aérien ou les eaux territoriales du Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui « ne sont rien d’autre que des vols par excellence en violation du droit international et du droit international humanitaire ».

L. S.

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