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Maroc : Augmentation préoccupante de l’insécurité alimentaire

Le Maroc fait face à une augmentation préoccupante de l’insécurité alimentaire, comme le révèle le dernier rapport de l’Indice mondial de la faim (GHI) pour 2024. Ce document, publié conjointement par « Concern Worldwide » et « Welthungerhilfe », place le royaume chérifien au 48e rang mondial, une position qui témoigne de graves problèmes de faim et le situe loin derrière ses voisins maghrébins, l’Algérie et la Tunisie.

Avec un score GHI de 9,2, en hausse par rapport au 8,7 enregistré en 2016, le Maroc affiche des indicateurs alarmants : un taux de sous-alimentation de 6,9%, le plus élevé au Maghreb, un taux d’émaciation infantile de 14%, un retard de croissance infantile de 2,3% et un taux de mortalité des moins de cinq ans de 1,7%. Ces chiffres révèlent une détérioration notable de la situation alimentaire dans le pays, particulièrement en ce qui concerne la sous-alimentation. Cette insécurité alimentaire s’inscrit dans un contexte plus large d’augmentation de la pauvreté. Selon les données du Haut-Commissariat au Plan, le taux de pauvreté au Maroc a atteint 33,7% en 2022, une hausse significative par rapport aux années précédentes. Dans l’ensemble, le rapport gouvernemental montre que le nombre des ménages pauvres au niveau national est passé de 623 000 en 2019 à 1,42 million en 2022.

 La répartition géographique de cette pauvreté est inégale, avec trois régions concentrant environ 52% de la population vivant dans la pauvreté absolue : la région Fès-Meknès (28,3% des pauvres du pays), suivie par la région Béni Mellal-Kénitra (12,3%) et la région Marrakech-Safi (11,1%). Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette détérioration de la sécurité alimentaire au Maroc. Les politiques agricoles, notamment le « Plan vert » du gouvernement, initialement conçu pour relancer le secteur agricole, font l’objet de critiques. Certains observateurs estiment qu’il a favorisé les exportations au détriment de la consommation locale. L’augmentation des prix alimentaires pose également un défi majeur, de nombreux ménages marocains faisant face à des difficultés croissantes pour nourrir leur famille. Les inégalités régionales persistent, comme le montre la concentration de la pauvreté dans certaines zones du pays. Enfin, l’impact des politiques économiques adoptées par le gouvernement d’Aziz Akhanouch a exacerbé les difficultés économiques des plus vulnérables. Cette situation suscite de vives réactions sur les réseaux sociaux au Maroc, où de nombreux citoyens expriment leur mécontentement face à la hausse du coût de la vie et aux difficultés croissantes pour accéder à une alimentation suffisante et de qualité.

Le rapport de l’Indice mondial de la faim (GHI) pour 2024 classe le Maroc au 48e rang, ce qui la place parmi les Etats confrontés à de graves problèmes de faim. Pour rappel, un rapport de la FAO publié l’été dernier a révélé que les difficultés économiques du Maroc post-Covid ont eu des conséquences « désastreuses » pour les Marocains à revenus moyens et faibles, avec une disponibilité alimentaire en baisse, touchant plus de 2 millions de personnes.

Les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) révèlent certaines tendances inquiétantes au cours des dernières années qui ont un impact grave sur la vie quotidienne des Marocains à revenus moyens.

La hausse du coût des biens de consommation et de l’alimentation n’a pas seulement réduit le revenu disponible des Marocains, mais a aussi entraîné une hausse de la sous-alimentation chez les plus défavorisés, une situation qui a touché 1,3 million de personnes au cours de la période 2017-2019. Ces statistiques ont commencé à évoluer dans la mauvaise direction lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé en 2020. L’année suivante, le nombre de personnes sous-alimentées est passé à 1,5 million. Celle d’après, il est passé à 1,9 million, puis à 2,4 millions. Aujourd’hui, il est passé à 2,6 millions.

Lyes Saïdi

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