Sahara occidental : Une légitimité inébranlable
Malgré toutes le manoeuvres et tentatives du Maroc d’imposer ses plans colonialistes au Sahara occidental, la communauté internationale continue de réaffirmer statut juridique de ce dernier comme une question de décolonisation. Cette position a été une fois de plus consolidée lors de la 79e session de haut niveau de la 4e commission de l’Assemblée générale des Nations Unies, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation. La commission a adopté une décision sans vote, réaffirmant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies et à la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés. Cette décision souligne la responsabilité continue des Nations Unies envers le peuple du Sahara occidental et exhorte le comité spécial, dit comité des 24, à poursuivre l’examen de la situation de ce territoire à décoloniser. Le représentant du Front Polisario auprès des Nations Unies, Sidi Mohammed Ammar, a qualifié cette résolution de « réponse forte et claire aux tentatives de l’État occupant marocain visant à altérer la nature juridique de la question sahraouie ». Il a souligné que cette position réaffirmée contrecarre les tentatives du Maroc pour propager sa « propagande coloniale » et faire valoir ses « allégations fallacieuses ». Cette reconnaissance internationale du statut du Sahara occidental comme territoire à décoloniser est renforcée par des décisions juridiques récentes. Notamment, la Cour de justice de l’Union européenne a rendu début octobre un verdict qui soutient le statut international du Sahara occidental en tant que territoire distinct du Maroc.
Face à ces développements, le Front Polisario maintient une position intransigeante. Il rejette catégoriquement toute proposition ou initiative qui ne garantirait pas pleinement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, tout en respectant l’intégrité territoriale du Sahara occidental. Ce rejet a été souligné dans le communiqué ayant sanctionné les travaux de la réunion du bureau permanent du Secrétariat national du Front Polisario, présidée par Brahim Ghali, président de la République sahraouie et Secrétaire général du Front Polisario concernant le briefing présenté, mercredi lors d’une séance à huis-clos au Conseil de sécurité, par l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental lequel a proposé une partition du territoire.
La partie sahraouie a « fait part à l’envoyé personnel du Secrétaire général, lors d’une rencontre tenue le 3 octobre dernier, de son rejet ferme et catégorique de toute discussion sur une proposition ou initiative qui ne relève pas du cadre juridique du conflit du Sahara Occidental et qui ne cadre pas avec le mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) », a précisé le Front Polisario. Le Front Polisario a rappelé qu’après son invasion militaire au Sahara occidental le 31 octobre 1975, l’occupation marocaine a partagé le territoire du Sahara occidental avec la Mauritanie en 1976 (14 avril), violant de manière flagrante les principes du Droit international, le statut international et l’intégrité territoriale du Sahara occidental en tant que territoire à décoloniser. Le Front Polisario rappelle également le statut international du Sahara occidental « en tant que territoire à décoloniser, soutenu par un arsenal juridique, au niveau de l’ONU, de l’Union africaine (UA) et autres organisations internationales, la décision la plus récente étant le verdict rendu, début octobre, par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ».
Pillage des ressources naturelles
La question du pillage des ressources naturelles du Sahara occidental occupe également une place importante dans ce débat. Pour la première fois depuis des années, le rapport du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, fait référence à l’exploitation des ressources naturelles du territoire sans véritable consultation ni participation des communautés concernées. L’Observatoire international Western Sahara Resource Watch (WSRW) a salué cette inclusion, appelant à relier plus explicitement ce pillage à l’impossibilité actuelle pour le peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination. Sara Eyckmans de WSRW a déclaré : « Nous saluons l’inclusion dans le rapport 2024 du Secrétaire général de l’ONU d’une référence à la confiscation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental occupé, un élément essentiel de la stratégie du Maroc pour ancrer son occupation ». Le rapport de Guterres souligne que « des informations font état de l’exploitation des ressources naturelles au Sahara occidental sans véritable consultation ni participation des communautés concernées. Les investissements privilégient souvent des intérêts qui ne répondent pas aux besoins de la population locale sahraouie, exacerbent les disparités économiques et empêchent le développement équitable pour tous les Sahraouis ».
Le drame des prisonniers politiques
En outre, le rapport de Guterres met en lumière la situation préoccupante des prisonniers politiques sahraouis, notamment le groupe de Gdeim Izik. Le Secrétaire général a souligné que les membres de ce groupe, arrêtés en 2010, continuent d’être « dispersés et détenus dans des prisons en dehors du Sahara occidental, où ils purgent de longues peines d’emprisonnement ». Il rappelle que le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a affirmé que l’emprisonnement de 18 membres de ce groupe constituait « une détention arbitraire ».
La question sahraouie a été fortement présente lors des débats de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU. Plusieurs chefs d’État et de gouvernement ont exprimé le soutien clair de leurs pays au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, tout en appelant à la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental et à la fin du colonialisme dans cette dernière colonie d’Afrique.
De nombreux pays ont exprimé des positions similaires lors des séances de la 4e Commission, dont les travaux ont débuté le 3 octobre. Cette large reconnaissance internationale renforce la légitimité de la cause sahraouie et met en évidence l’isolement croissant de la position marocaine sur la scène internationale.
Chokri Hafed