Flambée des prix, spéculation et pratiques illicites: L’État serre la vis
Face à la hausse inquiétante des prix des produits de première nécessité, les autorités prennent des mesures drastiques pour réguler le marché et protéger le pouvoir d’achat des citoyens. Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a, lors du dernier Conseil des ministres, pointé du doigt les perturbations actuelles sur les marchés et la hausse excessive des prix de certains produits alimentaires de large consommation et exigé des mesures pour y remédier.
Kamel Boukheddache, directeur de la coopération et des enquêtes spécifiques au ministère du Commerce, a détaillé les actions entreprises pour remédier à cette situation préoccupante. « Nous mettons en œuvre toutes les mesures nécessaires pour assurer l’approvisionnement du marché et suivre l’évolution des prix », a-t-il déclaré hier lors d’une intervention à la matinale la Radio algérienne. M. Boukheddache a affirmé que le ministère est « prêt à agir sur plusieurs axes et leviers pour réguler les marchés, conformément aux instructions du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, en appliquant notamment le dispositif de plafonnement de prix ». Le président de la République a ordonné lors de la réunion du Conseil des ministre, dimanche, de procéder à une révision radicale de la règlementation régissant la commercialisation du produit national pour le citoyen, à travers l’élaboration d’une loi consacrant un système de plafonnement des prix, via des décrets, lorsqu’il s’agit de prix déraisonnables des produits de saison », a indiqué un communiqué du Conseil des ministres. Il a également ordonné au Gouvernement et aux instances de contrôle, y compris les organes de sécurité, de « faire preuve d’une extrême vigilance, d’intensifier et de porter, au plus haut point, le contrôle, en plaçant les produits agro-alimentaires et les médicaments au cœur des priorités ».
Le ministère du Commerce, en collaboration avec celui de l’Agriculture, a intensifié ses efforts pour mettre fin aux dysfonctionnements constatés. Parmi les mesures prises, on note le plafonnement des prix et la limitation des marges bénéficiaires sur certains produits de base tels que le café, les viandes importées, les légumes secs et la pomme de terre.
Ces actions s’inscrivent dans le cadre de l’article 5 de l’ordonnance 03/03 sur la concurrence, qui permet de prendre des mesures exceptionnelles en cas de perturbation sensible du marché. « On peut agir sur plusieurs axes, conformément aux instructions du président de la République », a souligné M. Boukheddache. « Si nous constatons un dysfonctionnement et une perturbation sur les produits agricoles, les pouvoirs publics peuvent prendre la décision de plafonner les marges bénéficiaires, et ce, par voie réglementaire », a-t-il. « Les textes réglementaires régissant les prix de ces produits sont entrés en vigueur et nos agents sont en train de veiller à l’application stricte des dispositions de ces textes », a-t-il rassuré, en soulignant que « des enquêtes sont menées systématiquement quand des cas de flambée des prix de certains produits sont constatés ». Pour mieux cibler ces interventions, une étude de l’ONS datant de 2011 sur les besoins de la population est en cours d’actualisation. Cette mise à jour permettra de définir avec précision les quantités réelles de produits alimentaires de large consommation nécessaires et d’assurer un approvisionnement régulier à des prix acceptables.
Haro sur l’e-commerce informel
Le gouvernement s’attaque également au commerce électronique informel, source de nombreuses arnaques pour les consommateurs. Une commission multisectorielle a été mise en place pour réviser la loi 18/05 de 2018 régissant cette activité. L’objectif est de combler le vide juridique existant et de renforcer la protection du e-consommateur. M. Boukheddache a mis en garde les consommateurs contre les achats sur des plateformes non officielles, notamment sur les réseaux sociaux. Il a rappelé que le ministère mène des campagnes de sensibilisation contre ces activités frauduleuses. Ces mesures témoignent de la volonté du gouvernement de reprendre le contrôle sur un marché en proie à la spéculation et aux pratiques illicites. Le défi reste de taille, concilier la stabilisation des prix avec la préservation du tissu économique local, tout en luttant contre les réseaux informels qui perturbent le marché.
Sabrina Aziouez