Le patrimoine célébré au Festival du film Amazigh : Entre tradition et modernité
La 18e édition du Festival national du film amazigh, qui se déroule à Tizi-Ouzou du 26 au 30 octobre en cours, met en lumière la richesse du patrimoine culturel amazigh à travers une sélection de films remarquables. Cette année, la programmation révèle une préoccupation particulière des cinéastes pour la préservation des traditions et des savoir-faire ancestraux, comme en témoignent notamment deux documentaires en compétition pour le prestigieux Prix de l’Olivier d’Or.
Le documentaire « Lathar n’Tjaddith » (La trace des ancêtres) de Rachid Bouider propose un voyage fascinant au cœur des métiers traditionnels de Kabylie. Tourné entre Tizi-Ouzou et Boumerdes, ce film de 58 minutes dresse un portrait saisissant des artisans qui perpétuent des techniques séculaires. Le réalisateur a choisi l’olivier comme fil conducteur de son récit, tissant habilement les liens entre différents corps de métiers : vanniers confectionnant les paniers pour la récolte des olives, forgerons façonnant les outils de taille, et maîtres des pressoirs traditionnels perpétuant l’art millénaire de l’extraction de l’huile d’olive. Ce documentaire soulève également des questions cruciales sur l’avenir de ces métiers traditionnels. Face au désintérêt des jeunes générations et aux défis de rentabilité, ces savoir-faire risquent de disparaître si une relève n’est pas assurée. La préservation de ce patrimoine vivant est ainsi un enjeu majeur. Dans la même veine, le documentaire « Azetta » de Djamel Bacha célèbre l’art du tissage traditionnel dans la région des Ath Hicham. Le film met en valeur le talent des femmes artisanes, véritables gardiennes d’un patrimoine textile exceptionnel. De la préparation méticuleuse de la laine aux techniques complexes de tissage des tapis et burnous, le réalisateur capture avec sensibilité chaque étape de ce processus artistique, soulignant l’importance de ce savoir-faire dans la culture amazighe.
Le festival ne se limite pas aux documentaires patrimoniaux. La fiction trouve également sa place avec des œuvres comme « Amech’hah » (Le radin) de Nabil Mouhoubi, une comédie de 97 minutes qui a conquis le public. Le film met en scène un vieil homme avare, interprété par le talentueux comédien de théâtre Khelifa Makhlouf, dans une histoire de mariage et de cupidité qui fait écho aux traditions et aux mutations de la société contemporaine. « Tuzyint » (La belle) de Lounes Amroune propose quant à lui une incursion dans l’univers fantastique amazigh. Ce long-métrage de 84 minutes revisite le folklore amazigh à travers l’histoire d’une jeune ogresse transformée en belle jeune fille par une sorcière, dans une quête de vengeance qui puise dans les racines mythologiques de la culture berbère.
Cette édition du Festival national du film amazigh témoigne de la vitalité de la création cinématographique amazighe contemporaine. Entre documentaires engagés pour la préservation du patrimoine et fictions ancrées dans les réalités sociales ou les traditions mythologiques, les réalisateurs démontrent leur capacité à conjuguer héritage culturel et modernité narrative. Le festival continue ainsi d’affirmer son rôle essentiel dans la promotion et la diffusion de la culture amazighe à travers le septième art.
Mohamed Seghir