Rapport de la Banque mondiale sur le marché des produits de base : Les prix du pétrole en déclin en 2025 et 2026
Le déclin des prix du pétrole est lié essentiellement à la persistance des tensions géopolitiques et le changement climatique dans plusieurs régions du monde.
Les prix du pétrole enregistreront, selon le dernier rapport « Commodity Markets Outlook » de la Banque mondiale, une baisse respectivement de 6 et 2% en 2025 et 2026, précisant les prix de l’or noir s’établiront autour de 75 dollars/baril en 2024, à 73 dollars/baril en 2025 et à 72 dollars/baril en 2026. Selon la même source, le déclin des prix du pétrole est lié essentiellement à la persistance des tensions géopolitiques avec la guerre dans la région du Moyen-Orient notamment le conflit israélo-palestinien, la poursuite de la guerre en Russo-Ukrainienne et le changement climatique dans plusieurs régions du monde. Plus explicite, les experts de la Banque mondiale prévoient un prix moyen du pétrole de 80 dollars/baril d’ici la fin de l’année 2024 contre 83 dollars/baril en 2023, soit une baisse de 3 dollars, précisant que les prix affecteront principalement les pays membres de l’OPEP (organisation des pays exportateurs du pétrole) dont les économies demeurent dépendantes des fluctuations du marché pétrole international.
Globalement, les prix des produits de base devraient rester bien supérieurs à la moyenne des cinq dernières années et, en cas de guerre prolongée ou de nouvelles sanctions contre la Russie, ils pourraient devenir encore plus élevés et plus volatils que ce qui est actuellement prévu, soulignant que les marchés des produits de base sont soumis à une pression énorme, certains prix atteignant des niveaux inédits en termes nominaux alors que la forte hausse des prix des intrants tels que l’énergie et les engrais pourrait provoquer une baisse de la production alimentaire, notamment dans les économies en développement. L’utilisation réduite d’intrants pèsera sur la production et la qualité des aliments, ce qui affectera les disponibilités alimentaires, les revenus des populations rurales et les moyens de subsistance des pauvres.
Un impact durable de la guerre au Moyen-Orient
Ceci dit, ce rapport analyse de façon approfondie l’impact de la guerre au Moyen-Orient sur les marchés des produits de base et la manière dont ces marchés ont réagi à des chocs analogues par le passé, affirmant que les répercussions de la guerre pourraient être plus durables que celles des chocs précédents, et ce pour au moins deux raisons.
Premièrement, il est moins facile aujourd’hui de remplacer les produits énergétiques les plus affectés par d’autres sources fossiles, car les augmentations de prix ont été généralisées à tous les combustibles.
Deuxièmement, par un effet boule de neige, la hausse des cours de certains produits de base entraîne d’autres augmentations : les prix élevés du gaz naturel ont ainsi fait grimper ceux des engrais, ce qui a exercé une pression à la hausse sur les prix agricoles. En outre, les réponses politiques ont jusqu’à présent privilégié les réductions d’impôts et les subventions — qui aggravent souvent les insuffisances de l’offre et les pressions sur les prix —, au détriment de mesures à long terme visant à réduire la demande et à favoriser d’autres sources d’approvisionnement.
La guerre au Moyen-Orient et en Ukraine a induit, selon les experts de la Banque mondiale, des circuits commerciaux plus coûteux qui risquent d’entraîner une inflation plus durable et une réorientation majeure des échanges sur le marché de l’énergie.
Par exemple, certains pays cherchent désormais à s’approvisionner en charbon depuis des régions plus éloignées. Parallèlement, certains grands consommateurs de charbon pourraient accroître leurs importations en provenance de Russie tout en réduisant la demande envers d’autres exportateurs importants. Le rapport souligne qu’une telle réorientation sera probablement plus onéreuse, car elle implique de plus grandes distances de transport, or le charbon est encombrant et coûteux à transporter. Enfin, des évolutions de même ordre se produisent pour le gaz naturel et le pétrole.
Il préconise de recourir à des dispositifs de protection sociale ciblés, tels que les transferts en espèces, les programmes de repas scolaires et les chantiers de travaux publics, plutôt qu’à des subventions aux denrées alimentaires et aux carburants. Une priorité essentielle devrait être d’investir dans l’efficacité énergétique, y compris la modernisation des bâtiments. Enfin, les experts de la Banque mondiale invitent les pays à accélérer le développement de sources d’énergie neutres en carbone et moins polluantes, à l’image des énergies renouvelables.
Hakim Aomar