Soudan : Appel pressant a l’action internationale
Le Groupe A3+ du Conseil de Sécurité de l’ONU a fermement condamné « la spirale de violence contre les civils » et appelé les parties au conflit à s’engager dans un cessez-le-feu.
Le Groupe A3+ du Conseil de Sécurité a souligné la nécessité d’un cessez-le-feu et d’un processus politique significatif, tout en soulignant le rôle central que doivent jouer l’ONU et l’Union Africaine dans les efforts de médiation. Dans son communiqué, lu par le Représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, l’ambassadeur Amar Bendjama, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Soudan, le Groupe A3+ a indiqué que les civils continuent de faire face à un niveau inouï de destruction et d’affrontements au Soudan, condamnant avec force cette spirale de violence contre les civils. Déplorant l’absence d’un règlement pacifique au Soudan malgré l’adoption de plusieurs documents par le Conseil de sécurité et le lancement de nombreuses initiatives en dehors du conseil à cet effet, le Groupe A3+ a estimé que les récentes attaques contre El-Gezira étaient « un exemple criant du mépris pour le Conseil de sécurité et pour l’ensemble de la communauté internationale ». Après plus de 18 mois de conflit, « les parties doivent encore montrer leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu et s’inscrire dans un processus politique significatif », et ce, alors que la situation humanitaire se dégrade de plus en plus, avec la prolifération de maladies comme le choléra et le paludisme, sans parler des conséquences des dernières inondations sur plus de 100.000 personnes, a dit M. Bendjama. Le Groupe A3+ a, à cet égard, salué le rapport présenté par le Secrétaire général des Nations Unies concernant les recommandations relatives à la protection des civils. Tout en reconnaissant que « la responsabilité première dans la protection des civils incombe au Gouvernement du Soudan et à toutes les parties au conflit », le Groupe A3+ a estimé, dans son communiqué, que « le Conseil de sécurité, en coordination avec les parties prenantes nationales au Soudan, peut apporter le soutien nécessaire en faveur de tout accord de cessez-le-feu et veiller au respect des engagements ».
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit armé meurtrier opposant l’armée nationale aux Forces de Soutien Rapide (FSR). Ce conflit a engendré une catastrophe humanitaire d’une ampleur sans précédent, dont les conséquences désastreuses pour les populations civiles ont profondément choqué la communauté internationale.
Au cœur de cette crise, les civils font l’objet de violences systématiques, qualifiées d' »atroces » par les Nations Unies. Les enquêteurs onusiens ont dénoncé l' »ampleur stupéfiante » des violences sexuelles, notamment les viols collectifs, perpétrés à l’encontre des femmes et des enfants. Ces actes, attribués en majorité aux FSR, constituent de véritables crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les récentes attaques menées par les FSR dans l’État d’Al-Gezira en sont un sinistre exemple. Ces assauts ont fait plus de 120 morts, choquant la communauté internationale. Malheureusement, malgré l’adoption de nombreuses résolutions, la violence ne cesse de s’aggraver, avec le Secrétaire Général déplorant « un cauchemar de violences ethniques massives ». Les conséquences de ce conflit sont dévastatrices sur le plan humanitaire. Selon l’ONU, plus de 14 millions de personnes ont été déplacées, dont 11 millions à l’intérieur du pays et 3,1 millions ayant traversé les frontières. Une véritable hémorragie humaine qui témoigne de l’ampleur de la crise. À ces déplacements massifs s’ajoute une situation sanitaire catastrophique, avec la propagation de maladies telles que le choléra et le paludisme. Les infrastructures médicales ont été gravement endommagées, rendant l’accès aux soins extrêmement difficile pour les populations. La dégradation de la situation humanitaire est également aggravée par les récentes inondations qui ont touché plus de 100 000 personnes, s’ajoutant aux défis déjà immenses auxquels fait face le pays. Au total, ce sont près de 25 millions de Soudanais, soit plus de la moitié de la population, qui ont besoin d’une aide humanitaire urgente, selon les chiffres des Nations Unies. Le Secrétaire Général a d’ailleurs déploré que le peuple soudanais vive un « cauchemar » de faim, de maladies et de violences ethniques massives.
Les enquêteurs onusiens ont également réclamé le déploiement sans délai d’une force « indépendante et impartiale » afin de protéger les populations civiles. Ils ont également demandé que l’embargo sur les armes visant le Darfour soit étendu à l’ensemble du pays pour mettre fin à l’impunité. Au-delà des mesures de protection, une mobilisation humanitaire massive est requise pour répondre aux besoins criants des populations. Le Secrétaire Général de l’ONU a lancé un appel touchant, évoquant le « cauchemar » vécu par le peuple soudanais qui subit chaque jour des souffrances plus grandes.
Lyes Saïdi