Entre devoir de mémoire et ambition pour l’avenir
L’Algérie s’apprête à célébrer, demain vendredi, le 70e anniversaire du déclenchement de sa Révolution de libération nationale, une page glorieuse de son histoire qui continue d’inspirer sa marche vers l’avenir. Cette commémoration intervient dans un contexte particulier où le pays, fort de ses acquis historiques, s’engage résolument sur la voie de la modernisation et du renouveau national.
Le 1er novembre 1954 demeure gravé dans la mémoire collective comme le peuple algérien a osé défier l’une des plus grandes puissances coloniales de l’époque. La déclaration du 1er novembre 1954 a ainsi marqué l’histoire contemporaine et a été le point de départ du plus grand mouvement de libération de l’histoire contemporaine. Les architectes de cette révolution avaient alors proclamé que « l’intérêt national » devait primer sur toute considération personnelle, pressentant déjà que « la lutte serait longue mais l’issue certaine ». Cette révolution ne surgit pas du néant. Elle s’inscrit dans la continuité d’une résistance acharnée qui remonte à 1830, date du début de la colonisation française. Les massacres du 8 mai 1945, perpétrés par les forces coloniales, ont cristallisé la conscience nationale et précipité l’émergence de l’idée de lutte armée. La création de l’Organisation spéciale (OS), suivie de la réunion historique des 22 en juin 1954, a posé les jalons organisationnels de ce qui allait devenir une révolution totale. Sept années et demie de lutte acharnée ont été nécessaires pour arracher l’indépendance. Une guerre qui a démontré au monde entier qu’il ne s’agissait pas d’une simple guérilla, comme le prétendait l’administration coloniale, mais bien d’une révolution structurée portant un projet de société clair : l’édification d’un État algérien démocratique et social, ancré dans les principes de l’Islam tout en étant résolument tourné vers la modernité.
L’ambition du renouveau
Soixante-dix ans plus tard, l’Algérie contemporaine reste profondément attachée aux valeurs fondatrices de la Proclamation du 1er novembre, document fondateur qui continue d’inspirer sa Constitution et son action politique. Sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, le pays s’est engagé depuis cinq ans dans une dynamique de renouveau national, cherchant à concrétiser l’ambition d’une « Algérie altière », fidèle aux idéaux de nationalisme et de dignité portés par les martyrs de la révolution. Ce processus de modernisation se manifeste à travers des réalisations importantes sur les plans économique, social et diplomatique. Le pays mise particulièrement sur sa jeunesse et ses compétences nationales pour relever les défis contemporains. Un dialogue national ouvert a été initié pour « baliser ensemble le chemin » vers une démocratie plus aboutie, témoignant de la volonté de perpétuer l’esprit de concertation et d’unité nationale hérité de la révolution. La question mémorielle demeure au cœur des préoccupations nationales. Face aux tentatives de certains cercles coloniaux extrémistes de déformer ou d’occulter cette histoire, l’Algérie maintient une position ferme, exigeant que le traitement du dossier de la mémoire soit guidé par les principes de justice et d’équité. Cette approche vise à dépasser le complexe du passé colonial tout en préservant la vérité historique. Cette célébration du 70e anniversaire revêt ainsi une double dimension : celle du devoir de mémoire envers les sacrifices des générations passées, et celle de l’engagement pour l’avenir. Elle illustre la continuité d’un combat, non plus armé mais développemental, pour une Algérie moderne et prospère, fidèle à ses valeurs fondatrices tout en étant résolument tournée vers l’avenir. Les célébrations prévues à travers le pays témoigneront de cette double temporalité, honorant le passé tout en projetant la nation vers ses ambitions futures. Elles rappelleront que la force de l’Algérie réside dans sa capacité à puiser dans son histoire la détermination nécessaire pour affronter les défis contemporains, tout en restant fidèle aux principes de souveraineté et de justice sociale qui ont guidé sa révolution libératrice.
Salim Amokrane