Culture

Atelier sur « La Révolution dans le théâtre » au SILA 2024: Retracer le rôle du théâtre dans l’éveil des consciences

Le 27e Salon international du livre d’Alger (SILA) a été l’occasion de revenir sur le rôle crucial joué par le théâtre dans la promotion de la Cause nationale pendant la Guerre de libération. Une conférence intitulée « La Révolution dans le théâtre » a ainsi été organisée, rendant hommage à la mémoire de l’artiste et moudjahid Taha El Amiri.

Animée par des universitaires et des professionnels du théâtre, cette rencontre a permis de retracer la genèse et l’évolution de l’action théâtrale en Algérie sous la colonisation. Comme l’a souligné le professeur Ahmed Cheniki, « toutes les formes de représentations, inspirées ou non, au départ, du théâtre européen s’inscrivaient dans l’élan d’un théâtre militant qui servait de moyen de proximité avec le peuple pour sensibiliser et éveiller les consciences ». Dès le début du 20e siècle, des pièces comme celles produites en 1907 ou en 1926 avec Allalou ont ainsi contribué à cette prise de conscience collective. Mais c’est surtout à partir de 1958, avec la création de la Troupe artistique du FLN en Tunisie, que le théâtre a pleinement joué son rôle de vecteur de la Révolution.  « Nahw Ennour » (Vers la lumière) de Mustapha Kateb, « Les enfants de la Casbah » (1959), « Le sang des libres » et « Les éternels » (1961) : ces pièces, écrites et mises en scène par Abdelhamid Raïs, ont glorifié la Révolution et rappelé les grands sacrifices consentis par le peuple algérien. Comme l’a souligné le professeur Ahcène Tlilani, le théâtre francophone avec des œuvres comme « Le cadavre encerclé » et « Le cercle des représailles » de Kateb Yacine a également « contribué à porter la voix de l’Algérie à travers le monde ».

Au-delà de cette période charnière de la Guerre de libération nationale, l’engagement militant du théâtre algérien s’est poursuivi. Selon Mohamed Yahiaoui, directeur du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), son établissement « s’inscrit dans la continuité de cette action théâtrale historique », avec un répertoire de pièces « qui sensibilisent le public autour de son patrimoine historique et culturel, sa cité, sa société et sur l’environnement, avec une ouverture sur l’universalité ». C’est dans cet esprit que le TNA a organisé cette conférence dédiée à la mémoire de Taha El Amiri, « un acteur accompli et engagé, qui aura voué sa vie au service de l’Algérie ». Comme l’a souligné le professeur Sidi Mohamed Lakhdar Barka, l’oralité a joué un rôle prépondérant « dans la sauvegarde et la préservation du patrimoine culturel algérien et la sensibilisation des populations ». Au-delà de son rôle dans l’éveil des consciences pendant la lutte pour l’indépendance, le théâtre algérien s’est également imposé comme un vecteur essentiel de la mémoire et de l’identité nationales. Comme l’a rappelé Mohamed Yahiaoui, le TNA programme chaque année des activités et des pièces « qui sensibilisent le public autour de son patrimoine historique et culturel ». Cette mission de transmission et de valorisation du patrimoine culturel national constitue l’un des piliers de l’action théâtrale dans le pays. Elle permet de perpétuer la mémoire des événements fondateurs de l’histoire nationale, tout en favorisant un ancrage identitaire fort auprès des populations. Au-delà des frontières algériennes, le théâtre a également joué un rôle majeur dans la promotion de la Cause nationale à travers le monde. Comme l’a souligné Ahcène Tlilani, des pièces comme « Le cadavre encerclé » et « Le cercle des représailles » de Kateb Yacine ont « contribué à porter la voix de l’Algérie à travers le monde ».

Si le théâtre algérien s’est d’abord affirmé comme un outil de résistance et de mobilisation pendant la Guerre de libération, il s’est par la suite ouvert à d’autres thématiques et préoccupations sociétales. Comme l’a indiqué Mohamed Yahiaoui, le répertoire du TNA comprend désormais des pièces qui « sensibilisent le public autour de son environnement » et sur des enjeux universels. Cette ouverture sur l’universalité témoigne de la capacité du théâtre algérien à se réinventer et à s’adapter aux évolutions de la société. Tout en restant fidèle à son rôle de vecteur de la mémoire et de l’identité nationales, il s’emploie également à être un outil de réflexion et de prise de conscience sur les défis contemporains. À l’heure où le monde fait face à de multiples crises, cette dimension universelle du théâtre algérien prend tout son sens. Loin de se cantonner à un rôle purement commémoratif, il peut contribuer à éclairer les consciences et à mobiliser les énergies autour de causes communes à l’humanité tout entière. Ainsi, le théâtre algérien apparaît comme un véritable patrimoine vivant, témoin des luttes passées mais aussi acteur engagé des combats d’aujourd’hui. Une voie de résistance et d’ouverture qui permet de perpétuer la mémoire de la Révolution tout en l’adaptant aux enjeux du monde contemporain.

Mohamed Seghir

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