Xi et Biden : un dernier face-à-face avant l’ère Trump
Dans un contexte diplomatique tendu par la future transition présidentielle américaine, Xi Jinping et Joe Biden se sont rencontrés ce samedi à Lima, en marge du sommet de l’APEC (Forum de coopération économique Asie-Pacifique). Cette rencontre, la première depuis sept mois entre les deux dirigeants, pourrait être leur dernière avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.
Le président chinois n’a pas fait dans la demi-mesure, établissant d’emblée ses « lignes rouges » : Taïwan, la démocratie, les droits de l’homme et le droit au développement. Un message clair adressé non seulement à l’administration Biden sortante, mais aussi à la future équipe Trump. « L’objectif que s’est fixé la Chine de parvenir à une relation stable, saine et durable avec les États-Unis reste inchangé », a déclaré Xi Jinping, tout en reconnaissant « des hauts et des bas » dans les relations sino-américaines. Le dirigeant chinois s’est également engagé à « travailler avec la nouvelle administration américaine », dans une référence à peine voilée à l’arrivée prochaine de Donald Trump. À deux mois de l’investiture de Donald Trump, prévue le 20 janvier, les responsables américains ne cachent pas leur inquiétude quant aux risques de conflits durant la période de transition. Le président élu a déjà annoncé son intention d’imposer des droits de douane de 60% sur les importations chinoises, dans le cadre de sa politique « L’Amérique d’abord ».
Malgré ces tensions, la rencontre a permis quelques avancées notables. Les deux dirigeants sont tombés d’accord sur un point crucial : les décisions concernant l’utilisation des armes nucléaires doivent rester sous contrôle humain et ne pas être déléguées à l’intelligence artificielle. « Les deux dirigeants ont également souligné la nécessité d’évaluer soigneusement les risques potentiels et de développer l’IA dans le domaine militaire d’une façon prudente et responsable », précise la Maison Blanche.
Le dossier nord-coréen a occupé une place importante dans les discussions. Washington s’inquiète du rapprochement entre Pyongyang et Moscou. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale américain, a rapporté que Biden a appelé la Chine à user de son influence sur la Corée du Nord pour éviter toute escalade du conflit. La question de Taïwan reste un point de friction majeur. Biden a appelé à la fin des activités militaires « déstabilisantes » de Pékin autour de l’île, tandis que Xi a dénoncé les « activités séparatistes » du président taïwanais Lai Ching-te, dont une prochaine visite à Hawaï et possiblement à Guam pourrait encore tendre les relations.
Un appel à l’unité face au protectionnisme
Dans son discours au sommet de l’APEC, Xi Jinping a appelé les économies de la région à « s’unir et coopérer » face à la montée du « protectionnisme ». Un message qui fait écho aux préoccupations exprimées par d’autres dirigeants, notamment le président chilien Gabriel Boric, qui a exhorté à plus d’unité « face à la menace de l’isolationnisme ». « Lorsque les deux pays se traiteront comme des partenaires et des amis, qu’ils chercheront à trouver un terrain commun tout en mettant de côté les différences et en s’entraidant pour atteindre le succès, alors la relation aura fait des progrès considérables », a souligné Xi Jinping. Avant d’avertir : « Si nous nous considérons comme des rivaux ou des adversaires, que nous nous livrons une concurrence vicieuse et si nous cherchons à nous faire du mal, nous risquons d’envenimer la relation, voire de la faire régresser. » Cette rencontre, qui pourrait être la dernière entre Biden et Xi, intervient à un moment critique des relations sino-américaines. Alors que l’administration Biden s’efforce de maintenir un dialogue constructif malgré les différends, l’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison Blanche fait planer le spectre d’une nouvelle période de tensions entre les deux premières puissances mondiales.
R.I