Annaba: Simulation du plan ORSEC
Agissant en application du décret exécutif n°19-59 du 2 février 2019 fixant les modalités d’élaboration et de gestion des plans d’organisation des secours en cas de catastrophes (Plans ORSEC), les services de la wilaya d’Annaba ont organisé une vaste opération de simulation du plan ORSEC, simulant des inondations provoquées par de fortes chutes de pluie dans la zone sensible de la wilaya. Cette imposante manœuvre traduit notamment l’article 47 de ce décret qui établit la nécessité de tester sur le terrain chaque plan ORSEC selon un programme établi par le wali, le président de l’APC et l’exploitant du site sensible, selon les cas, en concertation avec les services de la protection civile, et s’est déroulée dans le stade du 19 mai 1954 d’Annaba avant la mise en œuvre du plan de la wilaya. Simulant d’importantes inondations sur le contournement de l’oued Seybouse en plus des zones de Boukhadra, situées au sud-est de la ville d’Annaba sur le chemin de wilaya reliant la ville à plusieurs autres localités, dont Chabi, Kharazza entre autres. Les manœuvres étaient supposées toucher des victimes issues de familles encerclées par les eaux, dont des morts et des personnes disparues emportées par des cours d’eau suite aux pluies torrentielles. Des infiltrations d’eau dévastatrices au niveau des habitations et locaux avec des effets aussi importants au niveau des étables ainsi que des infrastructures de base ont été portés sur le bilan des simulations. Des moyens humains et logistiques importants ont été mobilisés pour cette opération de simulation, dont des agents de la protection civile, tous grades et toutes spécialités confondus, qui ont agi sous la conduite du directeur de wilaya de la protection civile mobilisés pour ces manœuvres d’envergure avec des dizaines de camions d’intervention, des ambulances, des véhicules de transport de troupes et de commandement et des embarcations ainsi que des moyens importants relevant des secteurs composant tous les modules d’intervention. La vaste opération de simulation a été supervisée par le wali, en présence des autorités locales et a nécessité la coordination de tous secteurs confondus, dont entre autres, la santé, les services de sécurité, la direction des affaires sociales (DAS), la Sonelgaz, l’Algérienne des eaux (ADE) et l’hydraulique. Pour ne citer que ces secteurs qui ont été instruit par le wali d’Annaba, lors de la réunion tenue lundi et mardi, au siège de la wilaya. Une réunion, au cours de laquelle, le chef de l’exécutif local a ordonné aux différents responsables de travailler en coordination en cas de catastrophe pour optimiser les temps d’interventions et sauver des vies. D’où la pertinence de la première proposition du plan de gestion des inondations. Par ailleurs, dans le cadre de la préparation de cet exercice de simulation, le wali a demandé à toutes les parties de dresser un bilan exhaustif des moyens humains et matériels dont dispose la wilaya. Par ailleurs, l’accent a été mis sur le processus de communication avec les citoyens, premiers concernés en cas de catastrophe. Au-delà, des campagnes de sensibilisation ont été programmées, pour vulgariser notamment la préservation des systèmes d’évacuation des eaux pluviales. Des systèmes dont 80 % des cas sont inefficaces en raison de l’entassement des ordures ménagères et des actes de vandalisme. À la fin de l’exercice, bien que le wali ait manifesté de la satisfaction, il n’a pas omis de rappeler l’importance du maintien du niveau de vigilance élevé, surtout que la wilaya d’Annaba est sujette aux inondations. Des inondations qui, convient-il de le souligner, constituent un réel défi pour les pouvoirs publics notamment après les inondations de 2020/2023, dont les dégâts sont estimés à 68,6 milliards de dinars. Il en est de même pour les inondations de 2004 et 2023 qui ont affecté plusieurs régions du pays, dont Annaba, occasionnant des pertes estimées à 442,95 milliards de centimes rappelle-t-on encore. À l’origine des inondations, se trouve l’anarchique expansion urbaine, notamment dans les terres intérieures comme les communes d’El-Hadjar, d’El Bouni et au-delà, s’étend jusque dans des zones marécageuses et inondables. De plus, un nombre important de zones urbaines se trouvent à proximité de canaux et de cours d’eau naturels inondables. S’ajoute à cela l’état défectueux du système de drainage des eaux pluviales. Lors des huit dernières années, la wilaya d’Annaba a enregistré trois grandes inondations qui ont occasionné des pertes humaines et matérielles. Au-delà, les pertes ont affecté le secteur de l’agriculture, dont les indemnisations ont incombé aux pouvoirs publics. Ces derniers ont, au titre de la mise en place du plan national de lutte contre les inondations, doté la wilaya d’Annaba, d’un important investissement pour la réalisation d’un barrage écrêteur, dans la zone nord-ouest de la ville d’Annaba. Cet ouvrage de grande envergure était supposé entrer en service en juin 2024. Or, l’année touche à sa fin et le barrage de Bouhdid, destiné à protéger la ville d’Annaba des inondations, est encore en chantier. La wilaya d’Annaba a bénéficié de cet important projet structurant en 2019, dans le cadre du programme d’urgence de protection de la ville des inondations. D’une capacité de 750.000 m3, le barrage écrêteur de crues de Bouhdid, une fois mis en service, recevra les eaux de pluie s’écoulant des monts de l’Edough et des cours d’eau de la région occidentale d’Annaba. Les volumes ainsi recueillis seront collectés puis acheminés lentement vers l’oued Boudjemaâ, dans la commune d’El Bouni, pour se jeter dans la mer. L’ouvrage vise à empêcher la formation et le dévalement de torrents impétueux et permettra de collecter l’eau qui arrivera avec un débit de 160 m3/S pour être rejetée avec un débit de 10 m3/S, supprimant ainsi les risques d’inondations. Pour rappel, la réalisation de cet ouvrage a nécessité la mobilisation d’une enveloppe financière de plus de six milliards de dinars.
Sofia Chahine
