Culture

L’Opéra d’Alger abrite une soirée dédiée à Warda el Djazaïria: Hommage à une diva éternelle

L’Opéra d’Alger Boualem Bessaih s’est mu dimanche soir en musée de la mémoire musicale, vibrant des échos de Warda el Djazaïria. Un concert exceptionnel, orchestré dans le cadre du 70e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération, a ressuscité l’âme d’une artiste qui a fait de sa voix un monument national.

La salle, archicomble, résonnait des mélodies qui ont bercé plusieurs générations d’Algériens. Sur scène, six artistes – Hassiba Amrouche, Amel Wahbi, Nada Al-Rayhane, Rehab Al-Djazairia, Khaled Mahboub et Fouad Wamane – ont fait revivre l’héritage musical de Warda, sous la direction du Maestro Kamel Maati. Chaque interprétation était un voyage dans l’histoire. Nada Al-Rayhane a ouvert la soirée avec «Ad’ouka ya amali min ba’id», un poème patriotique émouvant. Rehab Al-Djazairia a rendu hommage à la dernière œuvre de Warda, «Eyyam», tandis que Fouad Ouamane ressuscitait «Laoula El Malama» de 1973.

Amal Wahbi a, quant à elle, enchanté le public avec «Fi youm oua lila» et «Betwenes Bik». Pour sa part, Hassiba Amrouche a interprété «Aid El Karama» suscitant un vive interaction du public plongé dans le souvenir de la célébration du 20e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.

Le point d’orgue de la soirée ? L’interprétation collective de «Biladi Ouhibouki», hymne qui a soulevé une émotion indicible dans l’assistance. Six voix unies, un seul amour pour la patrie.

Moment de grâce intense, le fils de Warda, Riad Kasri, présent dans la salle, n’a pu contenir son émotion. « Ce soir confirme que les chansons de ma mère sont éternelles, reprises de génération en génération », a-t-il déclaré, la voix tremblante de fierté. Le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, a salué « une artiste qui a transcendé les frontières musicales pour devenir un symbole national ». Un documentaire retraçant le parcours artistique et militant de Warda a complété cette soirée de commémoration. Dans la salle, le public, mêlant jeunes et anciens, semblait communier dans un même élan de reconnaissance. Des larmes, des applaudissements, des chants: Warda était là, plus vivante que jamais. Artiste aux multiples facettes, Warda El Djazaïria fut bien plus qu’une chanteuse : un symbole vivant de la mémoire nationale, une messagère dont les mélodies ont transcendé les frontières et les générations.

Dès son plus jeune âge, Warda a choisi le chant comme langage de la liberté. Ses premières notes, à peine adolescente, s’élevaient déjà contre l’oppression, portant haut les espoirs d’une Algérie en lutte. Sa chanson « Koulouna Jamila », en hommage à l’héroïne Djamila Bouhired, marquait les prémices d’un destin artistique profondément engagé. Sa voix, veloutée et puissante, devenait un instrument de transmission mémorielle. Chaque mélodie était un récit, chaque phrase un fragment d’histoire. Elle chantait la terre, la dignité, la résistance, transformant ses chansons en hymnes populaires qui traverseraient les décennies. Elle a également participé à des opéras tels que «El Watan el Akbar» au début des années 1960. Avec sa voix suave et mélodieuse, la Diva de la chanson arabe a chanté la lutte et la résilience du peuple algérien face au colonisateur français. Elle a présenté le chef-d’œuvre «Aid El Karama» à l’occasion du 20e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et interprété à la perfection «Ilyadat Al Djazair», un poème du regretté poète de la Révolution Moufdi Zakaria intitulé «Biladi Ouhibouki», un hymne chanté à toutes les occasions et fêtes nationales. Les grands compositeurs arabes – Baligh Hamdi, Mohamed Abdel Wahab – ont reconnu en elle un talent exceptionnel. Sa capacité à insuffler une émotion profonde à chaque interprétation la distinguait, faisant d’elle bien plus qu’une interprète : une véritable poète du son.

Son parcours artistique fut aussi un pont entre l’Algérie et le monde arabe. Elle a représenté son pays sur les plus grandes scènes internationales, portant la culture algérienne avec grâce et fierté. Ses performances transcendaient les simples prestations musicales pour devenir de véritables actes diplomatiques culturels. Cette soirée à l’Opéra n’était pas qu’un concert. C’était un acte de mémoire, un geste politique, un hommage national à celle qui a fait de sa voix un symbole de la résilience algérienne.

Mohand Seghir

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