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La sécurité alimentaire, un pari stratégique

Le président de la République a insisté sur la dimension stratégique que revêt l’orientation vers la modernisation et l’exploitation des techniques modernes pour la relance de l’agriculture et du monde rural, le développement des énormes potentialités agricoles du pays et l’augmentation des niveaux de production.

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a affirmé, hier au Centre international de conférences (CIC) Abdelatif-Rahal (Alger), que notre pays a fait de la sécurité alimentaire un pari stratégique que nous devons relever dans un monde où l’alimentation constitue désormais une arme redoutable et hautement influente, saluant les efforts des paysans qui ont fait preuve, lors de la conjoncture exceptionnelle résultant de la crise sanitaire (pandémie de Covid-19), d’un sens aigu du patriotisme et d’une conscience élevée de la nature du défi.

Et pour cause, le premier magistrat du pays a indiqué que les paysans ont veillé à assurer la disponibilité des produits agricoles, à un moment où le monde entier était en proie à une paralysie sans précédent qui a entraîné une grave pénurie de denrées alimentaires de base, ajoutant au passage qu’ils ont relevé le défi avec l’aide de l’État qui les a accompagnés dans leurs efforts de production mais aussi des investisseurs et des acteurs du secteur qui croient en les capacités du pays et en la nécessité d’atteindre les objectifs nationaux que nous avons fixés ensemble pour assurer la sécurité de notre pays et consacrer le concept de sécurité alimentaire durable en tant que pilier de notre sécurité nationale.

Continuant dans le même sens , il a insisté notamment sur la dimension stratégique que revêt l’orientation vers la modernisation et l’exploitation des techniques modernes pour la relance de l’agriculture et du monde rural, le développement des énormes potentialités agricoles du pays et l’augmentation des niveaux de production, « car nous croyons fermement à la nécessité de la mise en place progressive d’alternatives durables et sûres à même de réduire la dépendance de l’Algérie à la rente pétrolière », a-t-il souligné.

Et d’ajouter : « cette occasion me permet aujourd’hui de rappeler les décisions et mesures que nous avons prises, et dont nous suivons la mise en œuvre sur le terrain, dont à titre d’exemples, l’augmentation du niveau de subvention de certains produits de base », à l’instar du relèvement du prix d’achat des céréales et des légumineuses auprès des agriculteurs, le relèvement du taux de subvention des engrais à 50% de leur prix de référence, afin d’atténuer l’impact de l’augmentation de leurs prix sur les marchés internationaux, le raccordement de dizaines de milliers d’exploitations agricoles et de périmètres agricoles au réseau électrique.

L’objectif de ces décisions et mesures, selon Abdelmadjid Tebboune, était d’accompagner et de soutenir les paysans, tout en ouvrant la voie à la jeune génération d’ingénieurs agronomes à travers les petites entreprises et les start-ups, sur lesquels le pays compte pour opérer la transition vers la modernisation du monde agricole et atteindre l’autosuffisance dans les récoltes stratégiques à court terme, notamment le blé dur, le maïs et l’orge. Tout en exprimant sa satisfaction quant à la prise de conscience généralisée face à ces défis, au sein du secteur et parmi les différents acteurs, il a souligné, encore une fois, l’importance de la filière des céréales dans notre stratégie agricole, compte tenu de notre grande consommation de cette matière et de l’instabilité du marché mondial, réitérant, dans ce cadre, les orientations pour relever les capacités de stockage et mettre en œuvre le programme tracé à cet effet.

Le champ est ouvert aux investisseurs

Le Président de la République a rappelé, également, son engagement pour la mise en valeur d’un million d’hectares par irrigation, en particulier dans notre Sud, d’ici à 2027, l’objectif étant d’élargir les superficies des cultures stratégiques telles que le blé dur, le maïs jaune et les oléagineux. Réitérant son engagement à « étendre les terres irriguées d’un million d’hectares supplémentaires », le Président a ordonné l’utilisation des eaux usées. Il a indiqué qu’un « programme spécial a été élaboré cette année entre les ministères des Ressources en eau et de l’Agriculture pour récupérer le maximum d’eau traitée et la réutiliser dans l’agriculture ». Il a précisé que dans un premier temps, il est possible de récupérer « entre 30 et 40 % des eaux traitées, ce qui permettra d’irriguer des surfaces considérables ».

« Le champ est ouvert aux investisseurs nationaux et étrangers pour adhérer à cette démarche et profiter des facilitations pour concrétiser leurs projets », a indiqué le président qui a annoncé avoir ordonné aujourd’hui, mardi à Alger, l’ouverture des banques à tous ceux qui souhaitent investir dans les chambres froides et les infrastructures de stockage, dans le but de stabiliser le marché et de lutter contre la spéculation. « Cette occasion nous rappelle les souffrances de nos campagnes et de nos zones rurales, les sacrifices de leurs honorables habitants et l’attachement inébranlable des hommes à la terre et à l’honneur de l’Algérie », soutient-il, précisant que c’est un attachement authentique et enraciné dans le pays de la gloire, de la générosité et de la résistance.

Par ailleurs, il a insisté sur la numérisation et l’importance des données et des statistiques précises en tant que « principes de base pour l’élaboration des politiques de développement, rappelant la réalisation du recensement général de l’agriculture, le troisième dans l’histoire du secteur, dont les premiers résultats nous aideront à économiser du temps et des efforts, pour concrétiser notre vision visant à promouvoir le secteur agricole et à mobiliser les ressources afin d’atteindre le maximum en termes d’indépendance ». 

Le dossier du foncier réglé en 2025

Le président de la République a d’ailleurs indiqué que « le foncier agricole est un problème hérité depuis l’indépendance, mais nous nous attèlerons à clore définitivement ce dossier en 2025 ». Il a, à cette occasion, appelé le Premier ministre, le ministre des Finances et tous les membres du Gouvernement à travailler avec les agriculteurs pour trouver une solution à ce dossier ainsi que « les cadres juridiques devant définir et protéger la propriété foncière ». Le président de la République a souligné la nécessité « de fournir des données réelles » dans le secteur de l’agriculture, de poursuivre la modernisation de ce secteur vital, en « assurant une production nationale dans les industries de transformation qui honore le pays, et en évitant d’exporter les produits agricoles bruts ». Le président Tebboune a d’ailleurs insisté sur la nécessité de trouver des solutions pour consolider l’autosuffisance du pays notamment certaines filières stratégiques. Il a ainsi annoncé avoir donné des instructions au gouvernement pour garantir les conditions qui permettront de cesser les importations de blé dur en 2025. Il a également souligné la nécessité de trouver des solutions aux prix élevés de la viande. « Il faut que nous soyons francs les uns avec les autres. Plutôt que d’importer des moutons pour l’Aïd, nous devons résoudre le problème du coût élevé de la viande rouge », afin d’assurer « la stabilité du marché du bétail ». Il a ajouté : « Je n’accuse pas les éleveurs de spéculation, mais nous devons trouver des solutions, en commençant par l’alimentation animale. »

Aussi, il a estimé que les agriculteurs sont en mesure de réaliser, dans un avenir proche, les résultats souhaités en matière d’autosuffisance et de sécurité alimentaire…et en ce 50e anniversaire de l’UNPA, les invitant ainsi que les éleveurs et tous les acteurs, à davantage de mobilisation sur le terrain, affirmant qu’il est convaincu de leur attachement à notre terre pure et généreuse et de leur pleine conscience des défis qui nous attendent.

Selon le Président Tebboune, l’Algérie compte aussi « sur l’engagement de ces jeunes, sur leurs compétences et leur spécialisation en sciences et techniques agricoles pour opérer une véritable relance du secteur, reflétant les capacités et les potentialités de l’Algérie, un pays prometteur en plein essor ».

À cette occasion, le Président a révélé que le secteur agricole a réalisé cette année (2024) une valeur de 37 milliards de dollars, représentant 15 % du revenu national, tandis que l’industrie contribue encore à hauteur de 5 %. Il a insisté sur la nécessité d’un lien organique entre l’agriculture et l’industrie.

Hakim Aomar

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