L’Afrique face à des défis sécuritaires cruciaux sur fond de tensions géopolitiques
Le11ème Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique qui s’est ouvert hier à Oran, se déroule dans un contexte géopolitique international particulièrement tendu, marqué par de nombreux défis sécuritaires et géopolitiques auxquels le continent africain est confronté. Organisé dans le cadre du Processus d’Oran, cet événement de deux jours réunit des diplomates, des représentants de l’Union africaine, des membres du Conseil de sécurité de l’ONU et des partenaires internationaux, avec pour objectif principal de renforcer la coordination et la stratégie africaine sur les questions de paix et de sécurité. Dans son allocution d’ouverture, Bankole Adeoye, Commissaire de l’Union africaine aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité, a souligné que « l’actuel paysage sécuritaire mondial est préoccupant », pointant les conflits en cours à Ghaza, au Liban et sur le continent africain. Il a insisté sur le fait que ces tensions « entravent l’ambition de réaliser la Vision Afrique 2063 », projet continental visant à construire « une Afrique unifiée, prospère et pacifique ».
Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères de Djibouti, a pour sa part dressé un état des lieux des défis africains, mentionnant « les menaces en matière de paix et de sécurité, de terrorisme et d’extrémisme violent, ainsi que les changements anticonstitutionnels ». Il a également souligné l’impact des changements climatiques qui provoquent des déplacements de populations et aggravent les crises humanitaires, dans un contexte de « diminution du soutien humanitaire ». Le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, a quant à lui présenté le séminaire comme « une occasion précieuse pour valoriser et renforcer le dialogue et la coordination entre les pays africains et leurs institutions ». Il a mis l’accent sur les principaux défis, notamment « la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, la résolution des conflits armés, et le renforcement des solutions locales ». Pour face à ces défis dans un contexte géopolitique tendu, le diplomate suisse Pietro Mona a souligné qu' »il est impératif que le continent africain obtienne un siège au Conseil de sécurité des Nations unies pour corriger l’injustice historique qui lui a été imposée ». Cette intervention illustre la volonté croissante de réformer les institutions internationales pour mieux représenter les réalités géopolitiques contemporaines.
Les débats lors de ce séminaire ont principalement porté sur plusieurs axes stratégiques cruciaux. Le premier concernait le renforcement de la coordination entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et les membres africains du Conseil de sécurité de l’ONU, avec l’objectif de faire entendre la voix du continent dans les instances internationales. Un second axe était consacré à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, en mettant en lumière le rôle du Centre africain de lutte contre le terrorisme (AUCTC) qui célébrait ses 20 ans. Les participants ont également exploré les modalités de mise en œuvre du « Pacte pour l’avenir », adopté par l’Assemblée générale des Nations unies en septembre précédent. Les discussions ont particulièrement insisté sur la réforme du Conseil de sécurité et le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine. L’Algérie, pays hôte et initiateur du Processus d’Oran, joue un rôle central, symbolisant son engagement constant pour renforcer l’action africaine commune. À travers ce séminaire, le pays a réaffirmé sa volonté de « faire entendre la voix de l’Afrique sur la scène internationale et œuvrer pour renforcer la solidarité africaine face aux défis communs ».
R.N.