L’Université au cœur de l’écosystème des startups
Dans le cadre de la stratégie nationale ambitieuse de développement des startups, portée par la vision du président de la République Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie engage une transformation profonde de son écosystème entrepreneurial, plaçant l’innovation et l’intelligence technologique au cœur de son développement économique. L’objectif présidentiel est clair et audacieux : créer 20.000 startups à l’horizon 2029, une feuille de route qui traduit une volonté politique de renouvellement radical des modèles économiques traditionnels. Dans ce contexte, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a souligné hier, lors d’une cérémonie de domiciliation de 5 start-ups à l’Université des Sciences et de la Technologie Houari-Boumediene (USTHB), que « l’université constitue désormais la mère nourricière de l’économie d’innovation ». Cette métaphore puissante illustre le rôle désormais central que les institutions académiques sont appelées à jouer dans le développement économique du pays. L’opération de domiciliation de cinq startups et la remise d’attestations à cinq micro-entreprises s’inscrivent d’ailleurs dans le cadre d’une stratégie globale de transformation des universités en véritables écosystèmes d’entrepreneuriat, créant un environnement propice à l’émergence de nouvelles entreprises innovantes. L’exemple de l’Université d’Alger 1 illustre parfaitement cette dynamique de transformation. Depuis le lancement des maisons de l’intelligence artificielle et des centres de développement de l’entrepreneuriat en 2022, les résultats sont déjà tangibles. Cinquante startups ont été créées par des étudiants, accompagnées de seize brevets d’invention, marquant ce que le recteur Fares Mokhtari qualifie d' »avancée considérable ». Le vivier de l’innovation est en pleine expansion, avec cent cinquante étudiants actuellement en préparation de leurs projets de startups et deux cents demandes d’adhésion au centre de développement de l’entrepreneuriat. L’intelligence artificielle occupe une place stratégique centrale dans cette vision de développement. Lors d’une rencontre dédiée à ses applications, des experts internationaux comme Riyad Baghdadi, enseignant à l’Université MIT de New York, ont appelé les étudiants à saisir cette opportunité technologique émergente. L’objectif est ambitieux : permettre à l’Algérie de se positionner comme un acteur international dans le domaine technologique, en développant des plateformes d’IA générative capables de générer des contenus innovants tout en évitant les écueils des contenus inappropriés. Des figures scientifiques emblématiques comme Belgacem Haba, détenteur de cinq cents brevets en microélectronique, jouent un rôle crucial dans cette dynamique de transmission et d’inspiration. Lors de sa conférence à l’Université Abbas-Laghrour de Khenchela, il a dispensé des conseils essentiels aux futurs entrepreneurs, fruit de décennies d’expérience internationale. Sa recommandation principale reste une leçon de méthode entrepreneuriale : « ne pas improviser et ne pas choisir au hasard les idées » à concrétiser dans le cadre d’une startup. Haba encourage une approche méthodique qui implique une préparation stratégique rigoureuse, la recherche systématique de financements et la patience nécessaire pour développer des projets véritablement innovants. Son expérience personnelle, notamment la création aux États-Unis dans les années 1990 d’une entreprise développant des puces intelligentes pour téléphones mobiles, offre un modèle concret de réussite technologique. Les universités algériennes se dotent progressivement de structures dédiées : incubateurs d’entreprises, maisons de l’intelligence artificielle, centres de développement de l’entrepreneuriat. Ces dispositifs ne sont pas de simples structures administratives mais de véritables outils dynamiques de transformation économique et technologique, conçus pour accompagner chaque étape de maturation des projets innovants. Le chercheur et médecin Yacine Abdeldjebbar apporte une dimension complémentaire et essentielle en soulignant l’importance cruciale de comprendre les besoins réels de la société. Pour lui, les applications algériennes basées sur l’IA doivent impérativement s’appuyer sur des expériences concrètes, garantissant ainsi leur pertinence et leur potentiel d’impact sociétal. Cette stratégie nationale représente plus qu’une politique de développement économique. Elle incarne une vision de transformation sociétale où l’innovation, portée par la jeunesse estudiantine, devient un moteur de développement. L’objectif est de créer un écosystème où les idées innovantes peuvent non seulement émerger mais aussi se concrétiser en projets économiquement viables et socialement bénéfiques. La feuille de route présidentielle pour 2029 ne se limite pas à un chiffre de 20.000 startups. Elle symbolise une ambition plus large : faire de l’Algérie un acteur majeur de l’innovation technologique mondiale, en s’appuyant sur le potentiel créatif de sa jeunesse et en transformant ses universités en véritables laboratoires de l’économie du futur, capables de générer des solutions innovantes aux défis contemporains.
Lyna Larbi