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Raffinerie de Hassi Messaoud : Un des plus important au niveau du bassin méditerranéen relancé

Par Abderrahmane Mebtoul

Professeur des universités, expert international, ancien directeur des études au ministère de l’Énergie et à la Sonatrach et président de la commission transition énergétique de la société civile des 5+5 + Allemagne (2019/2020).

Le projet de raffinerie de Hassi Messaoud a été officiellement relancé, comme annoncé officiellement le 27 novembre dernier par Técnicas Reunidas.

Ce projet avait été attribué en 2019 à un consortium comprenant Técnicas Reunidas et Samsung Engineering, signé en 2020 avec la société sud-coréenne, ce projet devant être exécuté en EPC dans un délai de 52 mois et la livraison du projet était prévue en mars 2024, avec deux ans de garantie, soit mars 2026 pour la réception finale. Le projet de réalisation de la nouvelle raffinerie de Hassi Messaoud accuse un important retard avec une importante réévaluation expliquant que Samsung Engineering vient d’être remplacé par Sinopec, partenaire stratégique de Técnicas Reunidas. Et avec le nouvel accord de novembre 2024,les premières unités seront réceptionnées en 2027. En effet, dans le document adressé à la commission du marché des valeurs mobilières espagnole (CNMV), le groupe Técnicas Reunidas note que les travaux seront réalisés dans le cadre d’une co-entreprise formée par Técnicas Reunidas (51%) et le groupe chinois Sinopec (49%), qui remplace Samsung, ancien membre dans la joint-venture», le coût du projet ayant été évalué à quatre milliards de dollars , prévu initialement à 3,3 milliards de dollars dont plus de 2 milliards de dollars reviennent à Técnicas Reunidas. Selon les termes de l’accord, le projet sera être livré dans un délai de 65 mois, contre un délai initial de 52 mois prévu en 2020.

Répondre à une demande en carburants en hausse

Sonatrach dispose de cinq raffineries de pétrole brut d’une capacité de traitement de 25 millions tonnes par an et d’une raffinerie de condensat d’une capacité de traitement de 5 millions tonnes par an. Selon les données de Sonatrach, la nouvelle raffinerie aura spécifiquement vocation à produire sept produits à la norme Euro 5: propane (127 000 tonnes par an), butane (180 000 tonnes/an), essence NO 95 (352 000 tonnes/an), essence NO 91 (1 373 000 tonnes/an), kérosène (228 000 tonnes/an), gasoil (2 659 000 tonnes/an) et bitume (134 000 tonnes/an). En 2022, environ 52% des produits issus des raffineries sont destinés pour couvrir les besoins du marché national, notamment en GPL, Essence, Gasoil et Lubrifiants, le reste de la production des raffineries est destiné à l’export comme le Naphta, le Fuel-oil et les Aromatiques. La consommation nationale de carburant s’est élevée à près de 17,7 millions de tonnes en 2022, soit une hausse de 3% par rapport à l’année 2021, devant atteindre les 41 millions de tonnes en 2050, avec une hausse de 3 millions de tonnes par an. La consommation de diesel a atteint 10,1 millions de tonnes en 2022, soit une hausse de 4% par rapport à 2021 alors que la production de diesel est de 9 millions de tonnes par an, la production devant être portée à 12,5 millions de tonnes à l’horizon 2030. Avec l’entrée en production du projet de transformation du fioul en diesel à Skikda en 2028, la production devrait être de près de 4 millions de tonnes. Pour ce qui est de l’essence, la consommation a baissé de 2,26 % à 3,3 millions de tonnes en 2022, contre 3,4 millions de tonnes en 2021 du fait de l’accroissement de la consommation du GPLc qui devrait atteindre 6,8 millions de tonnes d’ici 2050, la capacité de production de ce carburant étant estimée en 2022 à 4 millions de tonnes par an, la consommation du GPL, selon le président de l’ARH étant de 1,5 million de tonnes en 2022, contre 1,2 million de tonnes en 2021. S’agissant de la consommation du kérosène, elle a atteint 468.000 tonnes en 2022 contre 297.000 tonnes en 2021, soit une hausse de 58%, la consommation du carburant marin étant de 219.000 tonnes. La consommation du butane et du propane a été de 1,34 million de tonnes en 2022 et la consommation du bitume 619.000 tonnes en 2022, en baisse de 20%. Cette forte consommation intérieure explique l’arrêté du 14 octobre 2024 publié dans le journal officiel numéro 74, concernant la nouvelle politique des subventions des prix du gaz applicables aux industriels qui précise que pour la période 2025-2026, les entreprises dont la consommation annuelle dépasse 200 millions de mètres cubes (m³) entreront dans ce cadre de négociation, ce seuil étant ensuite abaissé à 100 millions de mètres cubes pour la période 2027-2028, puis à 40 millions de m³ à partir de 2029, cette nouvelle ayant pour objectif de stimuler la compétitivité du secteur industriel en permettant aux entreprises de négocier directement avec les fournisseurs et en espérant attirer des investisseurs étrangers en leur offrant un environnement de marché plus flexible et transparent, les ménages et les petites entreprises continuant de bénéficier des subventions existantes. Car la généralisation de subventions ciblées suppose de bien cerner le poids de la sphère informelle plus de 34% de la masse monétaire en circulation en 2023, et donc d’avoir un système d’information en temps réel de la répartition du revenu par couches sociales car le revenu moyen de l’Algérien étant environ 20% de celui de l’européen.(Abderrahmane Mebtoul – Institut français des relations internationales (IFRI) Paris octobre 2013 – le poids de la sphère informelle au Maghreb Paris octobre 2013, réactualisé dans le revue Stratégie Ministère de la défense nationale – (MDN Algérie – (IMDEP Alger octobre 2019 et étude réalisée sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul assisté des cadres de Sonatrach et du bureau d’études américain Ernst & Young 8 volume 890 pages, MEM Alger, pour une nouvelle politique des carburants, dossier présenté aux députés APN axée sur une politique des subventions ciblées pour les carburants)

Capacités d’exportation

Sonatrach qui a exporté en 2023 environ 500.000 barils/j et 50 milliards de mètres cubes gazeux, GNL(35%) et transport par canalisation( 65%) dont les recettes globales sont passées de 60 milliards de dollars en 2022, 50 en 2023 et étant prévu 44/46 en 2024 entre 97/98% des recettes en devises du pays y compris les dérivés compris pour plus de 65% dans la rubrique hors hydrocarbures , fortement dépendante des fluctuations des cours au niveau du marché international, prévoit une autre politique énergétique. Pour pouvoir honorer ses engagements internationaux, cette politique des carburants implique donc à l’avenir tant aux opérateurs économiques, aux institutions de l’État central et local et aux citoyens de rationaliser leur consommation, en vue d’économiser et d’exporter ce carburant vers les marchés extérieurs pour générer des devises qui profitent à l’économie nationale. Dans le cadre du Mix énergétique, Sonatrach entend axer sa politique sur la diminution des gaz torchés, la réduction de l’empreinte carbone, être un acteur efficace au sein de la chaîne des valeurs internationales de l’ensemble des énergies. Les prévisions du ministre de l’Énergie en ce mois de mai 2024, et du PDG de Sonatrach, contrairement à certaines supputions de certains soi-disant experts annonçant 2026, sont réalistes selon lesquelles qu’entre 2028/2030, une production de 200 milliards de mètres cubes gazeux. C’est que les prévisions de Sonelgaz prévoient 80 milliards de mètres cubes gazeux pour la consommation intérieure du fait de la forte pression démographique à l’horizon 2030, plus de 50 millions d’habitants en 2030 et bon nombre de secteurs nouveaux consommateur d’énergie et 100 entre 2035/2040, mais devant injecter 20% soit 20 milliards de mètres cubes gazeux dans les puits pour éviter leur épuisement. Cela annonce des perspectives prometteuses pour l’économie gazière en Algérie, volume qui pourrait être supérieur si on réalise le gazoduc Nigeria -Algérie d’une capacité de 33 milliards de mètres cubes gazeux /an, et sous réserve d’un dialogue social et de la protection de l’environnement, l’exploitation du gaz de schiste dont l’Algérie est le troisième réservoir mondial avec une réserve de 19500 milliards de mètres cubes gazeux. A cela s’ajoute, outre les énergies traditionnelles dont le récent mémorandum avec le groupe Exxon Mobil, (mai 2024) et des mémorandums ou contrats avec des groupes de renom français, italiens, allemands, chinois, russes, des contrats pour le développement des énergies renouvelables et de d’hydrogène. Avec un ensoleillement de 3000 heures de soleil par an), l’objectif est d’atteindre 35 % de la couverture des besoins intérieurs 2030/2035 avec une partie exportable de 10.000/11.000 MW (source Ministère Energie) grâce aux interconnexions ainsi que le développement hydrogène vert, bleu, blanc souvent oublié pour couvrir les besoins de l’Europe.

En conclusion, selon la majorité des observateurs internationaux, l’Algérie peut devenir un acteur majeur d’approvisionnement en énergie de l’Europe, 2e fournisseur avec 19% en 2023, grâce à un partenariat gagnant – gagnant et couvrir facilement plus de 30% les besoins de l’énergie de l’Europe horizon 2030/2040.

ademmebtoul@gmail.com

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