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Les ambitions économiques de Tebboune

En inaugurant la 32e édition de la Foire de la production algérienne jeudi, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a dévoilé une vision ambitieuse pour l’économie algérienne, articulée autour de la production nationale et de l’innovation. Cette manifestation, qui se tient du 19 au 28 décembre sous le slogan « Notre production, pilier de notre souveraineté », réunit 603 exposants, dont 84 exportateurs, témoignant du dynamisme croissant du secteur productif algérien.

Les chiffres présentés par le ministre du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national, Tayeb Zitouni, illustrent l’ampleur de la transformation économique en cours : l’Algérie compte désormais plus de 1,65 million d’entreprises de production et de services immatriculées au registre de commerce, ainsi que 186.725 opérateurs économiques à l’échelle nationale, parmi lesquels plus de 1.800 exportateurs permanents. Au cours de sa visite, le Président Tebboune a souligné les avancées réalisées source de fierté nationale, mais insisté sur la nécessité de voire plus grand. Il a particulièrement mis en avant l’excellence de l’industrie militaire, qu’il a qualifiée de « modèle à suivre et de locomotive de l’industrie nationale ». Cette reconnaissance s’accompagne d’une vision inclusive du tissu industriel national, le président de la République soulignant qu’il ne fallait « pas faire de distinction entre les entreprises militaires, publiques et privées », car elles « contribuent toutes à la production nationale ». Cette approche unifiée semble porter ses fruits, comme en témoigne la réduction de 40% de la facture des importations, résultat direct de la politique étatique d’encouragement de la production locale.

Dans le secteur automobile, les ambitions sont tout aussi marquées. Au stand de Fiat, le Président Tebboune a exposé sa vision d’une industrie automobile intégrée, incluant le développement de la sous-traitance pour la fabrication des pièces détachées. L’objectif affiché est ambitieux : porter le taux d’intégration à 50%, une cible qui nécessitera des investissements conséquents et une collaboration étroite avec des opérateurs économiques.

La protection de la production nationale constitue également un axe majeur de la stratégie présidentielle. En témoigne la décision de réduire progressivement les importations de plaquettes de frein à partir de 2025, suite au succès d’une entreprise algérienne privée dans ce domaine. Cette mesure illustre la volonté de privilégier les producteurs locaux capables de répondre aux besoins du marché national. L’attention particulière portée au secteur sidérurgique révèle une approche pragmatique du développement industriel. Au stand de la Société nationale de sidérurgie (SNS), le président a insisté sur l’importance « d’adapter la production aux besoins du marché national, plutôt que de se concentrer uniquement sur l’exportation », une orientation justifiée par l’enregistrement de 11.000 nouveaux projets auprès de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI). Les infrastructures n’ont pas été oubliées, avec des directives présidentielles claires concernant la synchronisation des projets miniers avec le développement des infrastructures ferroviaires et portuaires, notamment le quai minéralier du port d’Annaba. Dans le domaine hydraulique, le président a fixé des échéances précises pour « le lancement progressif de la distribution d’eau à partir des cinq stations de dessalement en cours de réalisation à compter de fin février 2025 ». L’engagement environnemental se manifeste à travers la directive présidentielle de généraliser progressivement l’éclairage public à l’énergie solaire à partir de 2025, particulièrement dans les grandes villes, une mesure visant à alléger la charge financière des communes tout en promouvant les énergies renouvelables.

L’exportation après la satisfaction des besoins du marché national

Le secteur agroalimentaire n’échappe pas à cette vision protectrice du marché intérieur. Au stand du groupe « La Belle », le président a réitéré sa position : l’exportation ne doit intervenir qu’après la satisfaction des besoins du marché national. Le succès international de la pâte à tartiner El Mordjene de la société « CEBON » a suscité la fierté présidentielle, accompagnée d’encouragements à poursuivre le développement avec la production locale de noisettes. L’innovation et la jeunesse occupent une place centrale dans cette vision économique. « Je crois en les start-up, car elles représentent l’avenir du pays. Nous avons atteint 9.000 start-up et je m’engage à porter ce nombre à 20.000. L’Algérien est créatif et s’impose partout où il va », a déclaré le président Tebboune, soulignant que « grâce aux jeunes, il est possible de créer une économie forte, intègre et fondée sur la connaissance ». Cette confiance s’accompagne d’actions concrètes, avec des instructions pour faciliter la collaboration internationale des startups et l’invitation aux grandes entreprises algériennes à financer leurs projets et leurs recherches. Dans le secteur pharmaceutique, la stratégie présidentielle vise à redynamiser l’entreprise publique Saidal, appelée à augmenter sa part de production sur le marché « sans impacter le secteur privé ». Cette approche s’accompagne d’une demande aux médecins de privilégier la prescription de médicaments disponibles sur le marché national. Enfin, la simplification administrative n’est pas en reste, avec l’objectif d’une mise en service du guichet unique avant janvier 2025, une mesure destinée à faciliter les démarches des investisseurs, comme l’a souligné le président lors de sa visite au stand du Conseil du renouveau économique algérien (CREA). Cette visite présidentielle à la Foire de la production algérienne dessine ainsi les contours d’une stratégie économique ambitieuse, alliant protection du marché intérieur, développement industriel, transition énergétique et innovation technologique, le tout orchestré autour d’un objectif central : renforcer la souveraineté économique de l’Algérie tout en stimulant sa croissance et sa modernisation.

Sabrina Aziouez

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