El-Bayadh: Le site des gravures rupestres « Khalouet Sidi Cheikh » classé
Le site qui abrite ces vestiges présente pas moins de 19 gravures réparties sur quatre faces verticales, offrant un témoignage précieux de la vie préhistorique dans la région.
L’Algérie poursuit activement sa politique de préservation du patrimoine historique avec le récent classement du site des gravures rupestres « Khalouet Sidi Cheikh », situé dans la commune d’Arbaouet, wilaya d’El-Bayadh, parmi les biens culturels nationaux. Cette décision, prise lors de la dernière réunion de la Commission nationale des biens culturels du ministère de la Culture et des Arts, s’inscrit dans une démarche plus large de protection et de valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel national. Selon Fadhlaoui Ghrissi, chargé de la communication à la direction de la Culture et des Arts, ce site remarquable, localisé à environ 10 kilomètres d’Arbaouet, constitue un véritable musée à ciel ouvert du Néolithique. La colline qui abrite ces vestiges présente pas moins de 19 gravures réparties sur quatre faces verticales, offrant un témoignage précieux de la vie préhistorique dans la région. Ces œuvres rupestres dépeignent aussi bien des figures humaines que diverses espèces animales ayant peuplé ces terres il y a des millénaires, notamment des buffles, des hyènes et des ovidés à cornes circulaires. Ce classement revêt une importance capitale pour la communauté scientifique, offrant aux chercheurs et aux passionnés d’histoire un terrain d’étude exceptionnel pour comprendre le mode de vie et les pratiques des populations néolithiques qui ont habité cette région. Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large de préservation du patrimoine rupestre algérien, comme en témoigne le classement récent d’un autre site majeur dans le sud du pays. En effet, l’été dernier, la station de gravures rupestres d’El Hajra, située près de la localité de Zaouia Tahtania, au sud de la commune de Taghit dans la wilaya de Béchar, a également été inscrite au registre du patrimoine culturel matériel national. Ce site, qui s’étend sur plus de 181.000 mètres carrés avec un périmètre de protection de 200 mètres carrés, représente l’un des plus anciens ensembles de gravures rupestres du sud-ouest algérien. Selon Abdelhamid Nougal, coordinateur du patrimoine culturel, la valeur historique et culturelle de ce site est inestimable, tant pour l’Algérie que pour l’humanité tout entière. Les gravures qu’on y trouve, finement piquetées, représentent un bestiaire varié comprenant des antilopes, des éléphants, des autruches, des gazelles, des camélidés et des girafes, ainsi que des représentations humaines, témoignant de la richesse de la faune qui peuplait autrefois ces régions aujourd’hui désertiques. La protection de ces sites s’accompagne de mesures concrètes pour assurer leur conservation et leur mise en valeur. Dans le cas d’El Hajra, plusieurs aménagements ont déjà été réalisés, notamment l’ouverture d’une piste d’accès de 20 kilomètres, l’installation d’un réseau d’éclairage public alimenté par l’énergie solaire, et la mise en place d’un service de gardiennage. Des projets ambitieux sont également en cours, avec la construction prévue d’un centre d’information et d’un musée dédiés aux gravures rupestres. La wilaya de Béchar, qui abrite ces trésors archéologiques, compte d’ailleurs plusieurs autres sites similaires répartis sur une surface totale de 500 hectares, soulignant l’importance de cette région dans la compréhension de notre histoire commune. Ces classements successifs démontrent la volonté des autorités algériennes de préserver et de valoriser un patrimoine historique d’une valeur inestimable, tout en le rendant accessible aux chercheurs et au public. Cette politique de conservation s’avère cruciale pour transmettre aux générations futures ces témoignages uniques de l’histoire humaine et de l’évolution des sociétés préhistoriques dans cette partie du Sahara. Elle contribue également à enrichir notre compréhension des changements climatiques et environnementaux qu’a connus cette région au fil des millénaires, tout en renforçant l’attrait touristique et culturel de ces territoires riches en histoire.
Mohand Seghir