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De l’exigence de la reconnaissance des crimes coloniaux

Dans son discours, Tebboune a dressé un inventaire détaillé des atrocités coloniales. Dans un message direct, Tebboune « invite » la France à reconnaître ses torts et demander pardon balayant hautainement du revers de la main toute question d’ordre pécuniaire.

Comme pressenti, le discours du président de la République Abdelmadjid Tebboune prononcé dimanche à Alger devant le Parlement n’a pas laissé indifférents les médias français dont l’hostilité envers l’Algérie n’est plus à prouver. D’ailleurs, c’est d’une seule voix et vraisemblablement sous la même plume que les Une des différents journaux ont affiché leur courroux. Cependant, le subjectivisme et le parti pris dont s’est illustrée la presse de l’Hexagone lui a imposé de zapper la plus importante partie du discours présidentiel où il est question de Mémoire et de reconnaissance des crimes abjects commis durant un siècle et trente-deux ans d’occupation de notre pays contre les populations pour ne focaliser que sur le passage où il est fait allusion à Boualem Sansal que le Président Tebboune a qualifié d’« imposteur » aux origines adultérines. Un sujet « cheval de Troie » qui motive les plus gros titres et les plus importantes chaines de télévision françaises pour déverser leur fiel en reprenant ce passage pourtant anodin mais combien sibyllin en termes de réponse indirecte à la France officielle qui est invitée à faire amende honorable eu égard à son passé colonial, ses tueries, son aliénation du peuple algérien et ses essais nucléaires qui continuent d’irradier une partie du Sahara algérien. Le Président Tebboune ne s’est certes pas retenu de dire certaines vérités aux Français que la 5e République tente de taire pour justifier son passé colonisateur sous le couvert d’un slogan avéré creux de nation libératrice des peuples et émancipatrice des nations. 

Alors que la presse française s’est principalement focalisée sur les propos concernant l’écrivain révisionniste aux thèses farfelues, le discours présidentiel abordait des questions bien plus fondamentales concernant l’histoire coloniale française en Algérie. Au cœur de son intervention, le Président Tebboune a réaffirmé son engagement envers la mémoire nationale, se déclarant « fils de Chahid, le fils de Boubaghla, de Cheikh Amoud, du colonel Amirouche, de Mostefa Ben Boulaïd, du colonel Lotfi et de tous les Chouhada de l’Algérie ». Il a souligné avec force ne jamais renoncer « (…) à notre dignité et à celle de nos aïeux, Chouhada et Moudjahidine, et nous la préserverons. Nous préservons notre Mémoire nationale et nous y attachons une grande importance. »

Le Président Tebboune a notamment contesté le narratif colonial français, rappelant que « lorsque le colonisateur a foulé le sol de l’Algérie, le peuple algérien était instruit et l’Algérie était un grenier de blé, mais la colonisation a commis massacre après massacre à travers tout le territoire de notre pays, n’apportant que destruction, ruine et extermination du peuple ».  Dans son discours, Tebboune a dressé un inventaire détaillé des atrocités coloniales, évoquant « le génocide commis contre le peuple algérien durant la période coloniale dans plusieurs régions telles que Zaatcha et Laghouat, les 45.000 martyrs des manifestations du 8 mai 1945, les autres massacres perpétrés, les enfumades, ainsi que les 500 crânes détenus par la France dont nous n’avons récupéré que 24 ».

Sur la question des réparations, le président de la République a adopté une position claire : « La valeur de nos martyrs tombés durant la résistance et la glorieuse Révolution de libération est bien plus précieuse que des milliards de dollars. Je ne demande pas à l’ancien colonisateur de réparations matérielles mais bien la reconnaissance de ses crimes. »

Le Chef de l’Etat a également abordé la question des essais nucléaires français au Sahara, soulignant que « l’ancien colonisateur est devenu par la suite une puissance nucléaire, mais il a laissé en Algérie des maladies résultant de ses essais nucléaires dont souffrent encore aujourd’hui nos compatriotes dans le Sud ». Dans un message direct à la France, Tebboune « invite » la France à reconnaître ses torts et demander pardon balayant hautainement du revers de la main toute question d’ordre pécuniaire, « (…) venez nettoyer les sites que vous avez contaminés. » dira-t-il. Tebboune a insisté sur le fait que « le différend avec le colonisateur d’hier autour de la mémoire est sans arrière-pensée » et que « les Algériens ont un droit imprescriptible et ils exigent la reconnaissance des massacres commis par le colonisateur ». Il a également affirmé avec conviction ne pas faire « (…) confiance à ceux qui renient le message des Chouhada et des Moudjahidine. »

Azzedine Belferag

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