Finances: 2025, année des paiements électroniques et mobiles
L’Algérie s’apprête à franchir une nouvelle étape majeure dans sa transition vers les paiements électroniques avec l’annonce, en cette fin décembre 2024, du lancement de plusieurs services innovants. Le Groupement d’Intérêt Économique (GIE) Monétique a dévoilé hier le déploiement imminent de DZ Mob Pay, un nouveau système de paiement électronique basé sur l’utilisation du téléphone mobile. Cette solution, qui sera opérationnelle dès janvier 2025 à travers le réseau des banques et d’Algérie Poste, marque une avancée significative dans la modernisation des services financiers du pays. Dans la foulée de cette annonce, le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) a présenté sa propre application de paiement mobile, « CPA wimpay », compatible avec le système DZ Mob Pay. Cette application, disponible sur les principales plateformes de téléchargement, offre un large éventail de services, du paiement en ligne aux transferts instantanés entre particuliers, en passant par les règlements chez les commerçants via scan de QR code.
Ces innovations s’inscrivent dans un contexte plus large de transformation numérique du secteur bancaire algérien, comme l’a souligné le ministre des Finances. Selon ses déclarations, 2025 sera véritablement l’année charnière pour la généralisation des outils de paiement électronique, accompagnée d’une intensification des efforts pour réintégrer les fonds thésaurisés dans le circuit bancaire officiel, conformément aux dispositions de la nouvelle loi de finances. La mise en place de ces services intervient à un moment crucial où le pays compte déjà plus de 19 millions de détenteurs de cartes de paiement, qu’elles soient interbancaires ou Eddhahabia. Cette base solide d’utilisateurs potentiels constitue un terreau fertile pour le développement des nouvelles solutions de paiement mobile. Les dernières semaines ont également vu l’émergence d’autres innovations significatives dans le secteur bancaire. La Banque Nationale d’Algérie et le Crédit Populaire d’Algérie ont notamment inauguré un service de paiement différé, permettant aux clients d’obtenir des prêts instantanés calculés sur leur salaire, avec un système de remboursement automatisé. En parallèle, le secteur bancaire prépare activement le déploiement d’un système de prêt à distance, tandis que les services bancaires islamiques étendent leur offre avec des cartes interbancaires conformes aux préceptes de la charia. La modernisation du secteur bancaire bénéficie d’un soutien institutionnel fort, matérialisé par la création d’un comité stratégique au niveau du Premier ministère. Ce comité, épaulé par une structure technique sous l’égide de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité, coordonne les efforts des différents acteurs pour assurer une transition efficace vers les paiements électroniques. Les chiffres témoignent déjà d’une progression significative de l’adoption des solutions de paiement électronique. Au 31 octobre 2024, le parc de cartes en circulation dépassait les 19 millions d’unités, dont 4 millions de cartes interbancaires et 14 millions de cartes Eddhabia. L’infrastructure technique suit cette évolution avec 3 896 distributeurs automatiques déployés et 58 197 terminaux de paiement électronique installés, contre 53 191 fin 2023. L’année 2024 a marqué une accélération notable dans l’utilisation des services de paiement mobile Cette progression s’explique en partie par le lancement en juin 2024 du commutateur d’interopérabilité des paiements mobiles « Switch mobile », qui a considérablement facilité les transactions interbancaires. Les statistiques de l’année 2023 montrent déjà une adoption significative avec près de 40 millions de transactions mobiles totalisant 28 milliards de dinars, auxquelles s’ajoutent 18 millions de transactions en Peer-to-Peer pour plus de 241 milliards de dinars. L’année 2024 a vu ces chiffres augmenter substantiellement, atteignant en novembre plus de 52 millions de transactions pour 36 milliards de dinars, complétées par 32 millions de transactions en Peer-to-Peer représentant près de 445 milliards de dinars. À partir de janvier 2025, et comme le stipule la Loi de Finances 2025 les commerçants seront tenus d’adopter des moyens de paiement multipartenaires et d’accepter les paiements via mobile, une obligation qui devrait encore accélérer la transition vers les paiements électroniques. Cette mesure s’accompagne d’une série d’initiatives visant à améliorer l’efficacité opérationnelle du secteur, notamment la numérisation des services bancaires, l’expansion des systèmes de paiement électronique, et la mise en place de solutions pour le remboursement des prêts à distance. Le commerce électronique n’est pas en reste, avec 510 commerçants électroniques ayant adopté le système de paiement par carte sur Internet depuis son lancement en 2016. Cette progression, bien que modeste, témoigne d’une évolution progressive des habitudes de consommation et de paiement dans le pays. L’ensemble de ces développements marque un tournant décisif dans la modernisation du système financier algérien, avec 2025 qui s’annonce comme une année charnière pour l’adoption massive des paiements électroniques et mobiles. Cette transformation numérique du secteur bancaire répond aux objectifs fixés par les autorités de réduire la dépendance à la monnaie physique et d’améliorer l’inclusion financière de la population.
Sabrina Aziouez