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Soudan: Manifestations à Port-Soudan contre l’émission de nouveaux billets de banque

La situation au Soudan continue de se dégrader en ce début d’année 2025, alors que le pays fait face simultanément à une guerre civile, une crise économique et une épidémie de choléra.

Des manifestations ont éclaté le 1er janvier à Port-Soudan, où le gouvernement s’est réfugié, contre sa décision de remplacer partiellement les billets de banque dans les zones qu’il contrôle. Face à cette contestation, les autorités ont dû prolonger d’une semaine la validité des coupures de 500 et 1.000 livres soudanaises initialement vouées au rappel. Selon le gouvernement, l’échange de billets dans les zones contrôlées par l’armée, dans le nord et l’est, vise à « protéger l’économie nationale et à combattre les agissements criminels ». Mais la mesure fait craindre une nouvelle fracture entre ces secteurs et les zones tenues par les FSR, soit la quasi-totalité de la région occidentale du Darfour et des pans entiers du sud et du centre. Les FSR ont déjà interdit l’utilisation de nouveaux billets dans les zones qu’elles contrôlent, et accusé l’armée de « complot visant à diviser le pays ». La capitale Khartoum, dans le centre du Soudan, est partagée entre les deux forces. Lundi, date limite fixée précédemment pour l’échange, le commerce et les transports à Port Soudan étaient paralysés. Cette tension s’ajoute à une situation humanitaire déjà catastrophique, comme en témoigne l’épidémie de choléra qui sévit dans le pays. Selon les derniers chiffres communiqués par le ministère soudanais de la Santé le 1er janvier, la maladie a déjà fait 1.316 morts sur 49.554 cas recensés depuis sa déclaration comme épidémie le 12 août 2024. Si les autorités notent une diminution récente du taux d’infection et des admissions dans les centres d’isolement, cette crise sanitaire s’ajoute aux souffrances d’une population déjà durement touchée par le conflit. La violence continue de faire rage, comme l’illustre la récente attaque attribuée aux FSR contre le camp de déplacés d’Abu Shouk à El Fasher, dans l’État du Darfour Nord, qui a fait quatre morts et neuf blessés le 31 décembre. Cette ville, centre névralgique des opérations humanitaires pour les cinq États du Darfour, est le théâtre d’affrontements entre l’armée soudanaise et les FSR depuis le 10 mai. Selon les dernières estimations des Nations Unies et des autorités locales, après plus de 20 mois de conflit, le bilan est désastreux : environ 20.000 morts, plus de 14 millions de personnes déplacées ou réfugiées, et plus de 24,6 millions d’habitants – soit plus de la moitié de la population – confrontés à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë.

R.I.

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