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Les assureurs au cœur de la dynamisation de la Bourse d’Alger

Le secteur des assurances en Algérie affiche une santé robuste et s’apprête à jouer un rôle majeur dans la modernisation du système financier national, notamment à travers son implication prochaine dans la Bourse d’Alger. Les dernières données communiquées par l’Union algérienne des sociétés d’assurances et de réassurances (UAR) témoignent d’une dynamique positive, avec un chiffre d’affaires qui a atteint 131,7 milliards de dinars sur les neuf premiers mois de 2024, soit une progression de 4,9% par rapport à la même période de l’année précédente.

Dans un entretien accordé à l’APS, Abdelhakim Berrah, Délégué général de l’UAR, a d’ailleurs souligné la résilience remarquable du secteur, portée notamment par une forte croissance des activités de réassurance internationale. « Les acceptations internationales issues de l’activité Réassurances ont connu une hausse significative de 51,4%, cumulant un chiffre d’affaires de 8,7 milliards de dinars entre janvier et septembre », précise-t-il, soulignant que « ces résultats témoignent de la résilience du marché et de son rôle stratégique dans l’économie nationale ». L’une des évolutions les plus marquantes concerne l’assurance Takaful, qui confirme son potentiel avec des performances exceptionnelles. Ce segment a généré un chiffre d’affaires total de 390,1 millions de dinars à fin septembre, soit une progression spectaculaire de 319,8%. Cette croissance concerne aussi bien le Takaful général (220 millions de dinars) que le Takaful familial (170 millions de dinars), démontrant l’appétit croissant du marché algérien pour les produits d’assurance conformes aux préceptes de la finance islamique. Mais c’est surtout le rôle futur des compagnies d’assurances dans le marché financier qui retient l’attention. En perspective de la nouvelle loi devant encadrer ce marché, les assureurs sont appelés à devenir des acteurs incontournables de la Bourse d’Alger. Comme l’explique M. Berrah, « les compagnies d’assurances jouent un rôle essentiel dans la promotion du marché financier national. En tant qu’investisseurs institutionnels, elles détiennent des ressources financières substantielles, constituées principalement des primes collectées auprès des assurés ». Cette évolution s’inscrit dans le cadre d’une réforme plus large du marché financier algérien. Le projet de nouvelle loi, actuellement à l’étude au ministère des Finances, prévoit notamment l’introduction des compagnies d’assurances comme intermédiaires en opérations de Bourse (IOB), aux côtés d’autres innovations majeures comme les Sukuks islamiques et la finance verte. Pour le Délégué général de l’UAR, cette intégration « permettrait aussi de créer un marché plus structuré, avec une plus grande diversité de titres à échanger ». Il souligne que « l’expertise des assureurs en gestion d’actifs et leur capacité à investir à long terme pourraient favoriser la diversification des instruments financiers », ajoutant que « les compagnies d’assurances sont capables de concevoir et de proposer des produits financiers adaptés à la réalité du marché local, comme les obligations vertes ou les fonds d’investissements ».

L’enjeu des insurTechs

Parallèlement, le secteur poursuit sa modernisation technologique. L’émergence des insurTechs, ces startups innovantes spécialisées dans l’assurance, représente un enjeu majeur. M. Berrah souligne leur capacité à « créer des produits novateurs, comme les assurances à la demande ou basées sur l’usage, tout en optimisant les processus internes des compagnies grâce à des outils comme l’intelligence artificielle, le big data ou encore la blockchain ». Dans cette optique, l’UAR a rejoint le GIE Algérie FinLab pour accompagner sa relance et participer activement à ses initiatives. Toutefois, le Délégué général insiste sur la nécessité « d’instaurer un cadre réglementaire adapté et de soutenir les investissements dans les technologies et de sensibiliser les différents acteurs du marché » pour maximiser l’impact de ces insurTechs, qui contribuent à renforcer l’inclusion financière en permettant à des populations peu ou pas assurées d’accéder à des services adaptés à leurs besoins.

L’année 2025 s’annonce donc cruciale pour le secteur, avec la poursuite active de sa stratégie de transformation numérique. L’objectif affiché est d’améliorer l’efficacité des services, renforcer la compétitivité des compagnies et répondre aux attentes croissantes des assurés en termes de rapidité et de qualité de service. Cette modernisation s’accompagne d’une solidité financière confirmée par les chiffres : si les règlements effectués par les sociétés de dommages affichent une baisse de 9% à 43,46 milliards de dinars sur un an, les indemnisations versées par les sociétés d’assurance de personnes ont atteint 5,6 milliards de dinars entre janvier et septembre 2024, en hausse de 15,4% par rapport à la même période de 2023. Cette transformation globale du secteur des assurances, tant dans ses aspects technologiques que dans son rôle sur les marchés financiers, illustre la modernisation en cours du système financier algérien, avec pour objectif une meilleure inclusion financière et une diversification accrue des instruments disponibles pour les investisseurs.

Sabrina Aziouez

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